jeudi 28 juillet 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand : les accords Rex-VNV de 1936


I. Rex et le « Vlaamsch Nationaal Verbond »
Premier jalon du front antimarxiste


Le pays vient d’apprendre avec une joie immense le prodigieux événement qui vient de s’accomplir dans notre vie nationale.
Il fallait l’audace de REX, il fallait la prodigieuse volonté de Léon Degrelle pour provoquer cet événement qui est certainement le plus considérable depuis 1830.
Ce que jamais aucun politicien n’a pu réaliser au cours d’un siècle : la réconciliation de tous les Belges, Flamands et Wallons, dans un même idéal, Léon Degrelle l’a réalisée.
Il a fallu l’âme rexiste, la discipline rexiste, l’immense bonne volonté rexiste pour arriver avec une aussi foudroyant rapidité, à ce résultat dont on ne pourrait exagérer l’importance.

Tous les vrais patriotes exulteront de joie en apprenant que, dès aujourd’hui, la patrie commune est sauvée.
Tous les vrais patriotes sentiront au fond d’eux-mêmes l’intense, l’immense soulagement de cette lourde inquiétude qui, depuis des années et des années, assombrissait l’avenir du pays.
Ces malentendus étaient bien plus profonds que ne le laissait paraître la presse officielle. Aujourd’hui, brusquement, tout est dissipé. Aujourd’hui, nous assistons à la fervent réconciliation de deux communautés qui, se connaissant mieux et se respectant davantage, pourront davantage s’aimer.
Dorénavant, l’Etat belge ne sera plus une fiction internationale, mais une réalité bien vivante et bien populaire où, dans les communes frontières, Flamands et Wallons pourront construire un avenir plus pur, fait de fierté, de conquête et de grandeur.

REX a déjà fait des miracles.

Voilà le dernier miracle de REX, le plus grand, le plus beau.
Jailli des profondeurs de l’âme populaire, le mouvement rexiste portait en lui de telles promesses.
L’idéal national qu’il a proposé aux foules de chez nous – flamandes et wallonnes – était si noble, si pur, que chacun a senti, comme l’écrivait très bien le Schelde du 8 octobre, que « la politique de partis a été notre malheur. La politicaille a troublé tout ce qui était clair et simple. Pourquoi ne pourrait-il pas arriver, tandis que les partis s’embourbent dans le marécage de leurs intrigues que, sous l’impulsion d’un homme comme Degrelle, surgisse, tant au point de vue social que politique, une patrie nouvelle ? »
Rendons hommage aux hommes, leaders du mouvement national flamand, qui, en dehors des vieux partis, n’agissaient ni par intérêt, ni par haine, mais simplement par amour pour leur peuple et qui ont compris les magnifiques perspectives qu’ouvrait pour la grandeur de la patrie commune l’idéal rexiste. Ils ont ainsi donné une leçon à beaucoup…
Léon Degrelle avait tenu à faire sanctionner par avance par le peuple wallon les bases sur lesquelles devait se bâtir la réconciliation de la Flandre et de la Wallonie.
À Liège, devant 25.000 hommes, 25.000 Wallons liégeois qui l’acclamèrent, Paul de Mont proclama la nouvelle charte de nos deux grandes communautés populaires.
Dans son article « L’Unité nationale », Léon Degrelle a fixé lui-même ces bases fondamentales du régime nouveau. Cet article gardera l’importance d’un événement historique.


REX
(Le Pays réel, 10 octobre 1936)

mercredi 27 juillet 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand.



III. La question flamande
Pour en finir avec la politique de l'autruche


Tandis que dans le pays la question flamande reste un sphinx, sur lequel sont tenus les propos les plus incohérents et les plus véhéments, Louvain a repris son aspect paisible. On ne se bat plus. On ne s'injurie plus. Au contraire: des brochures paraissent coup sur coup, venant des groupes extrêmes; des discussions s'amorcent, des réunions se prolongent... A prendre contact on s'aperçoit, comme tant de Belges auraient pu le faire plus tôt, qu'il existe bien des points communs, qu'un chambardement n'est pas nécessaire, qu'une compréhension cordiale peut arranger bien des choses.
Déjà, des points de rapprochement s'établissent et laissent entrevoir un accord. Ce sera la fierté de L'Avant-Garde d'avoir favorisé un débat aussi nécessaire.


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Les Flamands d'expression française avaient déjà précisé leurs positions.
Il nous restait à connaître les revendications, et même les menaces des étudiants flamingants.
– « Ils ne répondront rien », nous disaient les uns...
– « Ils vous casseront la gueule », précisaient les autres.
Nos gueules se portent bien, et les Flamands ont répondu.
Ils ont compris que si nous écrivions certaines bêtises, du moins nous avions le désir absolu d'examiner le bien-fondé de leurs griefs et, le cas échéant, d'unir nos forces aux leurs, pour obtenir la reconnaissance de leurs droits, collaborer à l'épanouissement de leur culture et à la renaissance de leur race.
Au débat engagé par nos soins, nous voulions donner le plus de largeur possible. C'est pour cela que nous avons publié La Confession d'un Flamingant, d'Alphonse Vranckx.
Le malaise provient de l'ignorance où nous sommes des griefs de nos prétendus adversaires, de leurs aspirations et des théories qui sont à leur base. Laissons les Flamands vider leur sac. C'est le seul moyen de savoir quelles sont les bombes qu'il contient.

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Bien souvent, on a parlé du vague des revendications flamandes. Dernièrement encore, M. Charles d'Ydewalle écrivait à ce propos dans la Nation Belge un excellent article qui contraste singulièrement avec les fanfaronnades antérieures de ce journal.
Il y a certainement une forte dose de romantisme dans les déclarations des flamingants. Ils s'imaginent trop vite qu'ils sont des martyrs. Ils ont, quand ils parlent ou écrivent, des attitudes d'opprimés perpétuels.
Il ne faut point cependant s'imaginer que tout chez eux est romantisme. Les grandes lignes de leurs revendications sont nettes. Ils savent ce qu'ils veulent. La brochure de Vranckx en fait foi.
Ils veulent avant tout, comme ils le disent, vivre selon leur personnalité, selon leur culture. Le peuple hollandais, à côté d'eux, est parvenu à s'épanouir avec les mêmes éléments de civilisation. Comme l'explique notre ami Luc Scholler dans la Cité Chrétienne:
« La culture flamande a toutes les qualités qu'il faut pour élever un peuple à une vie plus noble et plus belle, pour le civiliser.
Il ne serait pas raisonnable de tirer prétexte de l'état actuel des choses pour mettre en doute la valeur, les ressources de la culture flamande. Il faudrait établir au préalable que rien n'empêche ses progrès, que rien ne s'oppose à son épanouissement. La question flamande n'existerait pas, en effet, si la culture flamande avait toujours disposé des moyens qui lui sont indispensables pour remplir avec quelque chance de succès sa mission civilisatrice.
Il ne s'agit pas de savoir non plus si la valeur absolue d'une autre culture passe celle de la culture flamande. La question est de savoir quelle est la culture qui puisse contribuer le plus efficacement à une ascension, à un développement rapides, aisés, harmonieux du peuple flamand. »

A
joutez aux préoccupations culturelles les préoccupations sociales: confinée dans sa culture française, l'élite flamande a trop souvent approfondi le fossé qui la séparait du peuple.

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Nous en arrivons ainsi au nœud du problème, de tout le problème: la question de l'enseignement.
Car tout découle de là.
Tous les domaines: la vie publique, administrative, judiciaire, économique, commerciale et culturelle, échappaient à l'ambiance proprement flamande.
L'élite ainsi séparée du peuple, par une langue qui lui est étrangère n'est pas à même de remplir sa mission sociale: contribuer à l'élévation de la masse au milieu de laquelle elle vit. Certes les rapports personnels entre cette élite et le peuple différent peu de ce qu'ils sont en Wallonie. Le mal réside plutôt dans ce fait que l'accession du peuple flamand à une vie supérieure n'est possible que par le truchement d'une langue qui ne correspond pas à son génie et à son originalité.
Le but est donc clair: obtenir un enseignement flamand qui assure une culture intégralement flamande, du haut en bas de l'échelle sociale, en pays flamand.
Mais le moyen ?
Vranckx prône les solutions radicales: l'intervention de la loi afin que tout l'enseignement officiel et libre subsidié par les pouvoirs publics soit donné en flamand.
En principe, pareille revendication est soutenable. Faisons remarquer cependant que dans le domaine des réalisations, si elle n'est pas adroitement et progressivement engagée, de violentes résistances, tant de la part des éléments wallons et bruxellois que de la part d'une minorité respectable de Flamands d'expression française risqueront d’en compromettre l'aboutissement.

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Un grand apaisement est nécessaire pour régler une question aussi irritante. Cet apaisement, ce n'est pas au Parlement qu'il est possible de l'obtenir, mais bien dans la sphère plus restreinte, plus proche des réalités des Conseils Provinciaux et Communaux. Là, les frictions entre Flamands et Wallons seraient totalement écartées au plus grand bénéfice de la concorde nationale. Les Flamands pourraient donc ainsi, décider librement, entre eux et pour eux, du régime linguistique des populations de leur ressort.
Une loi constitutionnelle si possible, ou du moins organique:
1) confierait aux Conseils communaux le soin de décider du régime linguistique applicable dans les écoles primaires, officielles ou libres subsidiées par les pouvoirs publics;
2) Les Conseils Provinciaux auraient la même compétence en ce qui concerne les écoles moyennes, collèges et athénées.
3) Un régime particulier devrait être élaboré pour l'agglomération bruxelloise.
4) Quant aux université, Gand serait totalement flamandisé. Louvain, poursuivant la voie où Mgr Ladeuze s'est engagé serait dédoublé intégralement et progressivement.
Ces réformes en matière scolaire sont les seules possibles actuellement. Quand elles auront été édictées, puis réalisées pendant un certain nombre d'années, et qu'une nombreuse élite flamande d’expression flamande se sera constituée, alors, mais alors seulement, on pourra envisager des réformes plus profondes dans tous les domaines de la vie publique, et notamment en matière judiciaire. Alors seulement, une évolution dans le sens de la flamandisation pourra se faire dans les domaines économiques, culturels et sociaux.

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Il est ridicule de prétendre que la langue française soit le ciment de la nationalité belge, qu'elle supprimée, le bâtiment s'écroule.
Historiquement cet argument est faux, car le bloc des neuf provinces des Pays-Bas du Sud a su vivre pendant quatre siècles sans que la vie publique et sociale en Flandre fût francisée, autant qu'elle l'était au siècle passé.
Sur le terrain économique, l'enchevêtrement des intérêts est tel qu'une barrière douanière est inimaginable et ridicule entre Flandre et Wallonie, entre Anvers, Bruxelles, Liège et Charleroi.
En réalité, ce sont des raisons d'ordre économique, politique, diplomatique, religieux, historique et traditionnel, qui sont le fondement de notre unité nationale.
Toutefois, dans l'intérêt même des Flamands, certains correctifs à une flamandisation complète de l'enseignement sont d'une nécessité absolue: notamment le renforcement de l'étude du français comme langue secondaire.
Constamment en rapport dans leurs relations commerciales avec les Wallons, les Flamands seraient handicapés s'ils ignoraient la langue qui peut le plus efficacement favoriser leurs propres intérêts. Inversement d'ailleurs, une connaissance plus approfondie de la langue flamande viendrait bien à point aux Wallons.
En outre la langue française est d'intérêt mondial: les flamingants intelligents sont les premiers à le reconnaître.

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Dans un remarquable article paru dans la Revue Catholique des Idées et des Faits, M. Rubbens affirmait récemment qu'en Flandre, « L'homme dans la rue ne se sent pas opprimé ».
Le mouvement flamand a pour fondement le désir d'une élite d'élever le peuple flamand dans sa voie propre. Le souci de ces responsabilités devrait interdire aux jeunes flamingants qui ont la louable ambition d'être des chefs, à recourir à certains arguments, de mettre sans cesse en épingle des petits faits qui, sans importance réelle, n'ont d'autres fruits que d'exciter maladroitement des passions dangereuses.


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Elevons plutôt le débat. Mettons-y beaucoup de loyauté et de noblesse.
Camarades Flamands ! devant l'effort que nous avons fait pour comprendre les aspirations de votre peuple qui est aussi le nôtre, et pour édifier un programme qui n'est pas une concession ni une aumône, mais au contraire le fruit de méditations sereines, cessez désormais de renier votre nom belge, de huer notre chant national, de défier une Patrie qui vous est nécessaire et dans laquelle peuvent si bien se réaliser vos aspirations et les nôtres.
Et quant à vous, Camarades Wallons, ne vous contentez pas de commenter ces déclarations au coin d'une table de café... Pour certains d'entre vous, ces propos pourront paraître étranges. Nous avons cru pouvoir parler clairement, parce que dans un débat aussi important, toute équivoque doit être bannie. Avant de nous attaquer, pensez que pour assurer l'unité, la grandeur de notre Pays, il faut avoir le courage d'envisager avec une audacieuse prudence des solutions nouvelles.
Elles éviteront peut-être au Pays, des convulsions fatales.

Léon DEGRELLE.
(L’Avant-Garde, 1928)

dimanche 17 juillet 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand.



II. L'Avant-Garde: Confession d'un Flamingant.

Les éditions de L’Avant-Garde étant une tribune libre, nous nous faisons un plaisir tout particulier de publier ce travail d’un camarade flamand. Bien que les théories qui y sont exposées diffèrent en plusieurs point de celles qu’on nous connaît.

Les lecteurs y verront le témoignage de notre sincère désir d’entente.





L’AVANT-GARDE
Confession d’un Flamingant



AVANT-PROPOS

Le jeune député Alfons Vranckx (31 ans) s’adresse aux syndiqués 
socialistes de la Centrale générale des Travailleurs du Bâtiment, 
de l’Ameublement et des Industries diverses (1938).

J’admire la sereine impartialité d’« outsider » que respire la petite brochure de Léon Degrelle. Car entre camarade, ce n’est pas tellement l’infaillibilité de la pensée qui importe, mais le ton sur lequel elle a été exposée.

Je suis persuadé, en outre, que Degrelle est animé du sincère désir de voir une conciliation entre Flamands et Wallons. Malgré tout, cela ne saurait nous être indifférent. Une défaillance exagérée à l’égard de ce désir serait de la faiblesse.

Je comprends aussi qu’un silence obstiné de notre part nous fait considérer comme rébarbatif à toute réconciliation. Il n’en est rien cependant. Le fait que je vous écris en français suffit pour prouver le contraire. Mais ce que nous repoussons, c'est tout compromis.

Car permettre qu'on touche à notre programme, équivaut à l'abandonner.

Léon Degrelle –comme presque tous les Wallons d'ailleurs– n'a pas très bien compris le mouvement flamand. Ses illusions dominent ses doutes; son esprit est emprisonné dans des opinions erronées. Mais je comprends qu'il lui serait impossible de se débarrasser de la « tyrannie » de ses journaux, qui souvent débitent des mensonges - par ignorance, aveuglément ou mauvaise foi ? - des mensonges qui flattent les passions... Et les hommes conviennent facilement de désigner ces mensonges sous le nom de « Vérité » car toujours, on considère volontiers comme juste et beau ce qui caresse le cœur, et... « le cœur a des raisons, que la raison ne connaît pas… »

Je ne m'indigne donc point, que Léon Degrelle s'étonne de ce que les Flamands « font toujours la grosse voix et se fâchent… C'est cependant bien simple, Degrelle. Vous êtes comme ces gens qui voudraient laisser se consumer une maison par l'incendie, et qui s'étonnent de ce qu'il en sorte de la fumée !

C'est une mauvaise tactique, qui doit finir au détriment de la Belgique. Employez plutôt vos forces à éteindre directement l'incendie; la fumée disparaîtra en même temps...

C'est pour vous faire rendre enfin un peu plus de justice à notre cause, que je vous écris cette dissertation en une langue, qui gêne la liberté de mon esprit et l'expression exacte de ma pensée.



NOTRE BUT

« Claes est ton courage, noble peuple de Flandre, Soetkin est ta mère vaillante, Uylenspiegel est ton esprit, une mignonne et gente fillette, compagne d'Uylenspiegel et comme lui, immortelle, sera ton cœur… »
Charles De Coster



LUTTE

Il y a dans l'homme quelque chose d'incompréhensible, d'indéfini, qui, souvent, la pousse à agir à l'encontre de ses principes les plus chers.

Ce quelque chose d'inexprimable, je le rencontre partout. Il plane au-dessus des foules qui se pressent derrière le symbole d'un idéal, sans en comprendre la vraie signification, sans se rendre compte de la portée de leurs manifestations; je le trouve plus encore dans les colonnes des journaux, où souvent l'on ne sent qu'un instinct de lutte et de passion; je le lis surtout sur les visages arrogants et obstinés de gens, qui se targuent de pouvoir parler avec un « sans-gêne » déconcertant de choses, qu'ils ne comprennent pas, ou dont ils n'ont que des notions superficielles.

C'est là l'élément décisif d'une lutte: mélange de passion, d’égoïsme déguisé, de préjugés et d'ignorance.

Non seulement on perd souvent de vue son propre but final, mais on confond chez l'adversaire les principes et les abus.

Forcément on devient incapable de juger les choses avec équité... Il est de notre devoir de faire un effort sur nous-mêmes, d’imposer silence à notre esprit trop individualiste, de combattre nos propres préjugés, pour rompre enfin avec la tradition de gens médiocres, qui vivent de leur petitesse...



INFLUENCE FRANCAISE

Léon Degrelle s'étonne de ce que nous voulions boycotter la culture française, de ce que nous voulions en « effacer » toute trace de Flandre… Il s'indigne que nous voulions « à tout prix tuer, à l'école et à l'Université, tout vestige de l'influence intellectuelle de Paris »...

Il s'étonne bien en vain. Car il nous prête des intentions, que nous n'avons nullement.

Boycotter la culture française ! Qui donc y songe ? Nous sommes fervents admirateurs, autant des grands hommes français et de leurs œuvres, que des grands hommes anglais, allemands, italiens, russes !

Mais point ne suffit d'admirer... Nous voulons VIVRE !

Nous voulons, nous aussi, participer aux mouvements intellectuels, qui font vibrer l'humanité; quand le spectacle de la vie aux formes multiples et amples éveille dans notre âme les sensations les plus diverses, nous éprouvons le besoin de traduire notre émotion, non seulement à nous-mêmes, mais aussi aux autres. Et nous savons que cet élan vers l'art, nous savons que cette lueur de beauté, qui s'élèvent dans l'âme, s'éteindront comme des flammes, qui ne trouveraient pas d'atmosphère où elles puissent brûler, si nous n'avions pas à notre disposition un moyen d'expression approprié.

Ce moyen d'expression, c'est la langue. Il faut la posséder dans toutes ses nuances, pour exprimer une pensée dans toute sa puissance, pour traduire une sensation dans toute sa richesse et dans toute sa beauté.

Cette langue riche et correcte, nous la voulons donner à nos frères et à nos sœurs; nous voulons qu'ils sachent l’« employer » qu'ils sachent la manier, parce qu'elle est la première condition, non seulement pour créer ou perfectionner une culture, mais même pour en jouir.

Léon Degrelle a confondu le but et le moyen. Le moyen que nous exigeons, c'est la langue; notre but est d'assurer le développement d'une culture flamande, qui ne serait qu'une partie de la grande culture européenne, mais « qui se développerait sur terre natale ». Et puisque nous voulons participer à la culture européenne, il serait idiot de vouloir bannir de notre contrée tout vestige de la culture française, qui continue à jouer un grand rôle clans la civilisation. Quand nous avons exigé –et nous l'exigeons encore– l'enseignement flamand, depuis l'école primaire jusqu'à 1'université, c'était pour permettre aux Flamands de se développer librement selon les besoins de leur caractère, selon les nécessités de leur « être » afin de donner à leur culture une base plus forte, qui permettrait d'absorber les éléments des cultures étrangères, de façon utile et fructueuse. Mais cela ne veut nullement dire que nous bannirions le français de notre enseignement. Ce que nous voulons, c'est que d'abord l'enfant sache écrire et parler correctement sa langue maternelle, ensuite –et alors seulement– il pourra commencer l'étude de la seconde langue. Les pédagogues les plus qualifiés sont d'accord pour déclarer que, dans ces conditions, l'étude de la seconde langue sera pour l'enfant plus facile et qu'il en aura une connaissance plus correcte.


Avez-vous compris, Dautricourt
(1), pourquoi nous ne voulons pas du programme que vous voulez –à tort !– nous attribuer ? Selon vous, notre raisonnement serait celui-ci:

« Il faut une résurrection de la culture flamande d'expression flamande. Or, à cette résurrection la Belgique une est un obstacle et la culture française en Flandre une pierre d'achoppement ».

Il faut donc toutes deux les balayer... Cela parait bien simple, mais c'est inexact. Nous ne haïssons pas la culture française, et ce n'est pas elle que nous visons. Voici plutôt le raisonnement flamingant:

« Il faut à la Flandre une culture saine et forte. »

Or, pour qu'une vraie culture soit possible, il faut que TOUT le peuple puisse se développer suivant les besoins de son caractère, suivant la nécessité de sa nature, dont la langue est la base et l'image la plus complète.

Ce développement du peuple selon ses besoins est impossible, aussi longtemps qu'on ne respecte pas sa personnalité, aussi longtemps que l'emploi de sa langue maternelle est pour lui une cause d'infériorité dans les rapports publics, dans un Etat où il cohabite avec une autre nation, qui parle une autre langue.

Cette infériorité existe, et c'est elle qui empêche l'épanouissement de la culture flamande.

Donc, nous devons combattre tout régime qui maintient cette infériorité…

Tant que cette situation d'infériorité sera maintenue par un régime d’Etat, on commettra une criante injustice au préjudice de tout un peuple, en attentant à sa personnalité.

Dans ces conditions, toute vraie culture est impossible. Or nous ne voulons pas que la culture flamande soit comme une fleur artificielle, qui sent la poussière; nous voulons, au contraire, qu'elle croisse comme une fleur vivante et forte, qui a ses racines dans ce que la nature et la réalité ont de meilleur et de plus merveilleux.

J'ai voulu –et je crois l'avoir fait– écarter une de ces erreurs funestes par lesquelles nos adversaires multiplient les chances de réaction. Je veux maintenant, aussi objectivement que possible, montrer quels sont nos adversaires et les mobiles qui les font agir, ensuite quelle est notre force.


NOS ADVERSAIRES

S'il y a un obstacle, ce n’est donc nullement la culture française, à moins qu'on ne la confonde avec la culture bruxelloise à la Beulemans, qui fait qu'on perd les qualités d'une nation sans acquérir celles de l'autre, et qui expose aux moqueries du Parisien espiègle et au dédain de tout homme civilisé. Celle-là tue notre culture, sans pouvoir la remplacer.

Quels sont alors nos adversaires ?

D'abord, les journalistes bruxellois, qui continuent à empester l'opinion publique avec une satisfaction qui approche de l'inconscience.

En second lieu, la majorité des Wallons: la plupart ignorent tout du mouvement flamand; d'autres le connaissent, mais le craignent, parce qu'ils n'ont pas le courage de renoncer ou de faire renoncer leur peuple à des privilèges, qui sont autant d'injustices.

Enfin, une partie de la bourgeoisie en Flandre.

Une partie de la bourgeoisie –qui est surtout celle des « affaires »– attache toujours une grande considération à ce qui a grandi (le moyen qui a fait grandir ne l’intéresse guère), à ce qui est devenu un fait. Elle est routinière, ne fait pas d'effort pour discerner la vérité. Elle est surtout pratique. Elle nourrit une haine implacable contre tout ce qui pourrait déranger l'ordre établi, aussi longtemps que celui-ci ne s'oppose pas à ses intérêts matériels.

D'autres bourgeois croient que l'emploi du français est plus distingué, leur donne un certain vernis que le « Vulgus profanum » n'a pas encore. Pour eux, il s'agit d'apprendre à leurs enfants le français aussitôt que possible (surtout beaucoup de français et peu de flamand), condamnant ainsi, par vanité, leurs enfants à la médiocrité.

Si donc une partie de la bourgeoisie s'oppose au mouvement flamand, c'est par un sens pratique mal compris, par ignorance, par routine, par vanité.



NOTRE FORCE

Néanmoins, nous avons la conviction que nous devons triompher dans un bref délai. Rien n'est moins douteux pour un observateur clairvoyant.

Une grande commotion d'intelligence et de vie secoue le peuple flamand depuis la guerre. Les améliorations sociales –journée de huit heures, sécurité de soutien en cas de crise, etc.– ont donné aux jeunes ouvriers et aux petits employés plus de loisir, et aussi plus de sécurité pour réfléchir, pour penser, pour participer à une émancipation culturelle. Le suffrage universel leur a donné la force.

Le temps n'est plus, où quelques rares fervents s'intéressaient à la culture flamande. Autour de nous, nous sentons la vie de l'intelligence qui s'éveille.

L'élite continue son œuvre de vaste rénovation. Elle fait goûter au peuple et aussi à une partie de la bourgeoisie les fruits de la vie intellectuelle, et toutes ces délicatesses merveilleuses du cerveau et du cœur font dans leur esprit comme un bruit d'abeilles, réveillées par le matin. Par un élan prodigieux, par une activité infiniment diverse et ample, ils veulent satisfaire leur nouveau besoin d'idéal. Que de cercles dramatiques, que de cercles de conférences, d'étude et de voyage ! Et nos congrès d'intellectuels ! Et nos théâtres dramatiques et lyriques ! Et tous ces cercles qui sont animés du même désir d'émancipation, proclamant hautement que toutes les langues se valent et que l'emploi du flamand ne peut pas être une cause d'infériorité dans un pays où les Flamands sont la majorité !

Voilà les fruits du mouvement flamand. A cause de lui, l'âme flamande est redevenue libre ! Elle sent de nouveau qu'elle a droit à la justice, à la vérité et à la beauté.


« Est-ce qu'on enterre Uylenspiegel, l'esprit, Nele, le cœur de la mère Flandre ? Elle aussi peut dormir, mais mourir, non !… »

Alfons Vranckx





(1) Joseph-Yves Dautricourt (1907-1987) est un étudiant louvaniste en droit qui répondit également à la brochure de Léon Degrelle : Flandre et Flamands – Aux Wallons (éditions L’Avant-Garde, 1928). Professeur à l’Université Catholique de Louvain, il se signala, à la Libération, par son zèle épurateur en publiant des ouvrages juridiques, tels que La trahison par collaboration avec l'ennemi occupant le territoire national. Etude préparatoire et pratique de la répression, dans le cadre des lois pénales belges, complétées par les arrêtés-lois des 17 décembre 1942 et 6 mai 1944 (Larcier, 1945), L'article 115 du Code pénal et la répression de la collaboration économique (Larcier, 1945), La jurisprudence militaire (Larcier, 1946),…

vendredi 8 juillet 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand.


I. Les Flamingants.

Pour les nationalistes flamands, l’affaire est
entendue : Léon Degrelle n’est qu’un « Wallon unilingue, […] en réalité toujours resté insensible aux problèmes flamands » (Encyclopedie van de Vlaamse Beweging, Lannoo, 1973). Comme cette antienne est régulièrement reprise aujourd’hui encore par la presse nationaliste flamande (voir le blog « Dernier Carré – Léon Degrelle » sur http://lederniercarre.hautetfort à la date du 10 juin 2016), nous donnerons ici toutes les pièces du dossier permettant de suivre l’évolution de la pensée de Léon Degrelle face à la question flamande.

Car il est vrai que, dès son adolescence, son patriotisme afficha un inconditionnel attachement à tous les symboles de la Belgique, n’hésitant pas à faire le coup de poing contre les flamingants qui les conspuaient à l’université. C’est ainsi qu’il rend compte, dans L’Avant-Garde du 24 novembre 1927 des incidents ayant émaillé un meeting patriotique organisé par la Fédération Belge des Etudiants Catholiques et perturbé par « la canaille moscoutaire […] envoyée par les salonnards rouges de Bruxelles ». Et Léon Degrelle d’observer que « le malheur est que des flamingants ont eu le triste courage de se mêler à ces individus nauséabonds : cette alliance ne leur fait pas honneur », avant de conclure : « Qu'importent, après tout, les coups les insultes, les blessures, puisque le but principal fut atteint: montrer que la jeunesse catholique universitaire veut servir la Patrie envers et contre tous. Et qu'elle est prête à tous les sacrifices que peut réclamer la défense du Pays qu'elle aime et qu'elle veut libre, puissant et fier ! »


C
e patriotisme intransigeant saura rapidement se nuancer de l’indispensable respect des aspirations culturelles et politiques des Flamands que Léon Degrelle ne manqua pas de fréquenter et de vouloir comprendre. C’est ainsi qu’en 1929, toujours étudiant, il publia, aux éditions de sa revue louvaniste, "Les Flamingants" qui, malgré la conviction réaffirmée que la question linguistique pouvait et devait se résoudre dans le cadre d’une Belgique unie, résonna déjà comme un coup de tonnerre dans le ciel politique belgicain.



La recherche honnête d’une véritable solution à la question flamande s’est également manifestée par la publication dans L’Avant-Garde de la Confession d’un Flamingant, par un jeune Flamand, étudiant en droit… Alfons Vranckx !

Alfons Vranckx (1907-1979) connaîtra son heure de gloire après la guerre en tant que ministre de l’Intérieur, ministre de la Justice et ministre d’Etat. Car ce « flamingant » allait rapidement virer sa cuti nationaliste pour aller brouter une herbe autrement roborative, celle du parti socialiste. Sa figure de proue, à l’époque, était certes Henri De Man, le théoricien prophétique du Plan du Travail
mais Vranckx, député depuis 1936, nommé bourgmestre de sa commune de la banlieue louvaniste après la capitulation de 1940, eut le sage opportunisme de ne pas trop manifester alors de soutien à son chef de file qui avait osé constater : « Pour les classes laborieuses et pour le socialisme, cet effondrement d’un monde décrépit, loin d’être un désastre, est une délivrance »…

Rien à voir avec l’évolution du sentiment national de Léon Degrelle, qui le poussa, en pleine ascension victorieuse de Rex, à signer, le 5 octobre 1936, un premier et historique accord politique avec les nationalistes flamands du Vlaams Nationaal Verbond (VNV), puis, le 10 mai 1941, à signer un nouvel accord, toujours avec le VNV, afin d’organiser le pays en temps de guerre.

Ces accords –visionnaires puisqu’ils préfiguraient, en mieux, l’organisation fédérale de la Belgique des années 70, cadenassée par des « lois linguistiques » exacerbant les rancœurs– eussent pu empêcher la lente déliquescence de l’Etat belge, en ce qu’ils ne réduisaient pas le nationalisme à sa seule dimension linguistique, mais l’appuyaient sur l’histoire commune des populations thioises et romanes, héritières des Dix-Sept Provinces que Joris Van Severen rêva de ressusciter en Dietschland et que, sous le nom de Bourgogne, Léon Degrelle parvint à faire admettre au sein du Troisième Reich.


***

Les Flamingants.



A la mémoire d’Yves De Haene, étudiant de notre université catholique, abattu, à coups de matraque, en pleine ville de Louvain, décédé à la suite de ses blessures le 30 novembre 1927. Innocente victimes de nos luttes fratricides.
- Léon Degrelle


Lettre-préface de Mgr. Picard

Mon cher ami,

Vous avez bien raison, en écrivant votre dissertation sur la question flamande, de craindre les critiques et les invectives. Je les ai vues, en vous lisant, venir de toutes parts, comme une grêle de traits.

Et ce sera la preuve, une fois de plus, que la question flamande n'est pas abordée généralement avec la sérénité et l'impartialité qu’il conviendrait d'y apporter. Car enfin, vous ne proposez pas de solutions précises et concrètes. Vous avez parfaitement compris que ces solutions doivent s'appuyer sur une documentation très riche et sur une étude approfondie, que vous n'avez pas la prétention d'inscrire déjà à votre actif.

Vous vous êtes contenté de décrire, et avec quelle chaleur communicative, l'esprit dans lequel nous devrions tous, Flamands et Wallons, étudier, discuter et enfin trancher les problèmes dont la solution est devenue plus difficile à mesure qu'on l'esquivait et la renvoyait aux calendes... néerlandaises.

Si vous réussissez, comme je le souhaite et comme je l'espère, à orienter vers ces problèmes, avec la sympathie et la générosité que respire votre étude, quelques jeunes esprits de Flandre et de Wallonie, vous aurez bien servi les intérêts supérieurs du pays et pourrez vous tenir largement dédommagé des avanies auxquelles vous vous exposez et que, peut-être, je risque de partager pour vous avoir écrit ces lignes d'amitié et de sincérité.

Louis PICARD.




Ma main tremble bien un peu en inscrivant ce titre...

C'est une de ces questions qu'on peut traiter avec autant de bonne volonté et d'objectivité que l'on veut: infailliblement on se fait houspiller par les uns et par les autres ! Je sais ce que je risque en abordant ce problème en public. Cela me vaudra sans doute des antipathies. Je m'en console... Quel réconfort peut donner l'affection basée sur l'hypocrisie et sur la couardise... ? Je préfère les amitiés et les inimitiés du combat.

Et surtout je me dis que le silence aggrave chaque jour le malentendu et le mal.

Il en est de la question flamande comme de la question ouvrière. La mèche est tout près de la bombe, elle fume déjà: nous ne faisons rien pour la couper ou pour décider celui qui la tient à l'éteindre...

Le socialisme a failli nous faire sauter: allons-nous risquer une fois de plus l'aventure ?

De notre côté comme du côté flamand, on ne se connaît pas: si nous lancions dans le fossé qui nous sépare tous les préjugés que nous portons, le terrain serait bien plus vite aplani que ne le croient certains pessimistes.

Un mouvement profond fait battre à grands coups le cœur d'une race.

Un peuple sort d'un long sommeil et se dresse, rajeuni, sur le sol qu'il vénère.

Il crée, avec sa foi et avec sa fierté, un visage nouveau à Nele, la Mère Flandre.

Il lui donne un cœur et un esprit pour admirer les incomparables chefs-d'œuvre que la plume, le pinceau, la truelle et le burin ont fait jaillir sur le sol des aïeux, pour aimer chaque coin du pays où saigna l'orgueil de la race, dans les combats pour la liberté !

T
erre où la richesse s'en va mais renaît sans cesse, d'Ostende à Anvers, d'Anvers à la Campine, tu ne pouvais croupir dans l'indolence des impuissants et des timides...


Les exclamations de tes jours victorieux, les soupirs des soirs de tristesse et de carnage, devaient réveiller tes enfants: les voilà qui se lèvent aujourd'hui, beaux et féroces, tellement ardents qu'à certains jours ils confondent l'intolérance et la fierté et effraient ceux qui les regardent par les prétentions et les excès que leur dicte ce jeune amour.

Il en est pour nier l'importance de ce renouveau.

Ils parlent de Gand... Ils parlent du peuple... Qu'ils viennent, ceux-là, faire un tour à Louvain : ils verront qu'une fameuse armée d'étudiants portent le large béret roux. Demain ces centaines d'universitaires, formant un faisceau ordonné à côté de la masse amorphe, seront autant de chefs répandus à travers la Flandre.

Ces jeunes gens, on ignore tout, ou à peu près, de leurs convictions.

Jadis le flamingant était un type qui cognait et que l'on cognait. Maintenant le bâton a perdu sa primauté et l'étudiant à « flatte » passe pour un doctrinaire entêté qui méprise sa Patrie et qui a des traîtres pour héros.

Il y a sans doute quelque chose de vrai dans cette accusation simpliste. Mais voir dans le flamingantisme un mouvement uniquement politique est une erreur grossière. Il s'agit, avant tout, de la langue, des mœurs, de la civilisation d'une race qui a dû frapper avec énergie sur la table parce que nos politiciens se collaient des matelas sur les oreilles et refusaient d'entendre les revendications, justes et modérées, du début.




C'est assez bien, dans son principe, un régionalisme à la Mistral ou à la Barrès.

Etre fier de sa maison natale, aimer les champs qui voisinent la route où passe une charrette lourde sous la protection de grands peupliers, l'étang où les canards glissent entre les roseaux aigus et le miroitement du ciel...

On s'attache au parler, aux habitants, à leurs habitudes, à leurs morts... L'horizon s'agrandit et s'élève; c'est bientôt toute une culture qu'on veut servir, une histoire dont on veut être digne, c'est tout un passé et tout un avenir.

Le peuple flamand, voici quelques dizaines d'années, vivait dans une sorte de torpeur morale et spirituelle; les énormes racines n'amenaient plus le suc des siècles et des génies. Un jour est venu où quelques intellectuels, des poètes et des hommes jeunes, se sont rendu compte de cet engourdissement et sont grimpés sur la cime des arbres pour sonner le réveil dans les plaines et dans les cœurs !

Qu'y avait-il en cela de répréhensible ? C'est ce sens, cette compréhension du Terroir qui fait la noblesse d’un peuple. Pour nous, Wallons passionnés, il est très doux d'apprendre que sur cette partie du territoire à laquelle nous tenons tous, non par le sang ou par la langue, mais par le cœur, par des souffrances communes et par des nécessités inéluctables, fleurit une très belle Renaissance.

Après avoir contemplé ce spectacle, au lieu de récriminer comme font certains des nôtres, jetons les yeux plutôt vers nos fleuves, nos rivières, nos clochers et demandons-nous: aimons-nous assez notre Wallonie et l'aimons-nous bien ?

N
ous osons à peine prononcer ce mot.

Seuls des philologues grotesques et des archéologues plus vieux que leurs dalles funéraires, leurs quinquets, leurs peignes, leurs ossements d'aurochs et leurs poignards en corne, s'occupent parfois du pays natal.

P
ourquoi, Liégeois, Namurois et Borains, gens des Fagnes humides, des terres grasses du Condroz ou des landes moroses d'Ardenne, pourquoi gardez- vous ce silence humiliant et vain ?

Avez-vous oublié vos martyrs, vos héros, vos artistes, vos grands hommes ?

L
a terre que vous foulez n'est-elle pas la vôtre et pourquoi donc n'en seriez- vous pas fiers ?

O
ù sont les souvenirs fameux ? Qui nous rappellera la vaillance et l'opulence de nos villes, depuis des siècles, les sièges subis, les coups donnés pour la défense du pays et de la Foi par nos glorieuses bandes wallonnes, nos industries si pittoresques et parfois si pénibles, la dinanderie sur la Meuse, les forges en Gaume, les porcelaines du Tournaisis, la boissellerie liégeoise, les ardoisières en Ardenne, les charbonnages du Pays noir... ?

Qui chantera l'élan de nos clochers perdus dans les campagnes, les mots savoureux et neufs de nos patois locaux, nos fleuves légers, pimpants, lumineux, faisant glisser le long des berges toute la douceur et la mesure de l'âme latine… ?

***
Rien ne bouge... Pas le moindre bruit dans nos vallées... Tout dort.

N
ous portons bien, nous, les gars du Luxembourg, le sanglier à notre toque; les nôtres ont un respect et un amour mystiques de leurs forêts et de leurs montagnes: mais c'est tout.

Pas d'ardeur chez nos intellectuels. Des peintres, des poètes, des sculpteurs, des musiciens, il y en a dans toutes nos villes et nos bourgades mais nul ne sonne le rassemblement. Le Coq de Wallonie est-il donc empaillé ? A quand son cri victorieux et fier dans une aube nouvelle ?...

R
enaissance ne veut pas dire uniquement retour aux vieilles choses.

Il faut se rattacher au passé mais non point se mettre dans sa peau tannée. Ranimer une race ne signifie pas réintégrer les vieux bahuts, les lampes à pétrole, les plats de cuivre ou d'étain et les in-folio poussiéreux. Ce qu'il faut c'est produire à son tour de l'utile et du beau avec les instruments propres au temps où l'on vit.

Le cas flamand est instructif ce sujet.

Au point de vue industriel et commercial, il s'agit maintenant d'avoir des organismes complets, rapides, hardis, puissants, disposant de millions, d'édifices, de machines, de chefs. C'est ce que savaient les Flamands en lançant le Boerenbond, association gigantesque, magnifiquement réglé malgré la multiplicité de ses rouages; c'est un bloc; il est maître en sa terre; le paysan flamand peut, grâce à lui, cultiver en paix: il aura sécurité, respect, débouchés et richesse.

Même tactique à propos des Lettres et des Arts.

Admirer les Maîtres Anciens, c'est bien mais cela fatigue. Les imiter, c'est sans mérite: c'est du mécanisme et non de l'art. L'art c'est la création. Pour marquer une époque, il faut du beau qui soit du nouveau.

L
es Flamands serrent dans leurs poings solides le drapeau de l'Art moderne, simple, sobre, préférant la ligne aux fioritures, le symbole aux photographies, premier stade d'une grande époque classique en fermentation.

Au théâtre, leur Vlaamsch Volks-tooneel, troupe admirable, la meilleure du monde affirme-t-on, est d'une audace qui même parfois déconcerte. Mais au moins ces gens-là vous transportent ! C'en est fini, après les avoir vus, des vieux procédés désuets, sans spontanéité ni sincérité, du théâtre de nos pères.

I
l reste un terrain où notre siècle a changé bien des choses: c'est la politique.

Les Flamingants n’ont point manqué de lancer leur Lion sur elle.

Ils le devaient bien d'ailleurs puisqu'en nos temps de suffrage universel, c'est à la propagande à travers le pays qu'il faut avoir recours si l’on veut imposer son programme et faire respecter ses droits.

Cela nous montre une fois de plus la nuisance de notre régime de démocratie politique où tout résultat réclame, au préalable, une agitation générale et prolongée. Un Roi fort eût pu résoudre la question flamande sans exciter les passions populaires: cela n'est plus possible à notre époque où chacun prétend s'installer à l'œil de bœuf du Palais de la Nation.

Aussi les diverses lois arrachées par les Flamands furent-elles précédées et suivies de polémiques, de disputes et de batailles au cours desquelles un tas d'ignorants jouaient du museau et du poing sans savoir bien exactement pourquoi. Il était très amusant de se promener en Luxembourg après le débat Gand-flamand; le boucher, le cordonnier, le maréchal-ferrant, le bedeau et leurs épouses respectives geignaient intarissablement à propos de la fameuse loi; il n'y avait qu'un moyen pour couper court à la discussion: leur demander de quoi il s'agissait !

Maintenant encore on considère trop les Flamands comme une peuplade sauvage et sans intérêt, parlant un charabia qui ne mérite aucune attention.

L
eur langue ne vaut pas comme portée, comme influence, le français, soit, mais elle est cependant un bel instrument littéraire et peut traduire les émotions graves beaucoup mieux que les langues légères du midi. D'ailleurs nous sommes citoyens belges et non citoyens du monde. Pour quatre millions d'habitants le flamand est, en Belgique, la langue véhiculaire; par conséquent, il s'impose chez nous. Ce qui n'est pas permis aux Provençaux, contingent minime du peuple français, l'est à nos concitoyens du Nord qui constituent plus de la moitié de notre population.

Les Flamands peuvent donc employer leur parler et le réclamer dans leurs rapports avec l'Etat.

Ils ont le droit de savoir pour quel motif un juge les poursuit ou les condamne, sans devoir recourir à un interprète. Allant en Flandre, nous exigeons des fonctionnaires qu'ils sachent le français: pourquoi l'indigène des Polders ou de la Campine ne pourrait-il pas obtenir au Namurois ou au Luxembourg quelques mots en sa langue maternelle ? Est-ce si difficile ? On a proclamé à la tribune du Parlement qu'il est impossible à un jeune wallon de s'assimiler la langue flamande ! Vraiment ! Nos politiciens s'y entendent pour décocher à leurs électeurs des brevets de stérilité cérébrale !

Nos aïeux étaient moins paresseux à la peine. Mon cher ami Fasbender me disait que jadis les échevins de Liège écrivaient à leurs collègues gantois en vieux flamand (thiois) et que ceux-ci leur répondaient en français: voilà qui est charmant ! Sachons imiter la courtoisie et la bienveillance de nos pères.

C
ependant tous les Flamands sincères doivent reconnaître que, parmi leurs concitoyens de langue française, il en est un bon nombre qui, ayant saisi le bien-fondé de ces revendications, essayent, très sérieusement et sans rancœur, de contenter ceux qui les formulent.

D'abord ils ont voté une série de lois qui leur donnent gain de cause sur bien des chapitres, notamment aux points de vue judiciaire, administratif et instruction publique: Gand-flamand ne parvint à triompher que grâce aux voix de députés wallons !

En outre, que n'a-t-on pas fait, en dehors des limites légales, pour satisfaire leurs désirs ? A Louvain notamment où la plupart des cours ont été dédoublés, malgré les énormes dépenses que réclamaient ces améliorations.

Cependant les flamingants bougonnent, fulminent contre les autorités universitaires ! Ils ne peuvent tout de même pas exiger la révolution du jour au lendemain. On va le plus vite possible, mais il faut de l'argent (et ils font tout pour arrêter les dons), des bâtiments, des professeurs et... des élèves.

En criant trop fort ils commettent des injustices.

Ils bousculent des gens pleins de bonne volonté.

Ils mécontentent ceux qui leur étaient sympathiques.

Ce sont leurs excès –et nulle autre cause– qui provoquent l'hostilité pénible qu'ils rencontrent parfois à présent.

Considérez un peu, mes chers amis flamands, la situation d'avant-guerre et celle de ce jour: n'est-elle pas pour vous beaucoup meilleure ? n'a-t-on pas fait chez nous des efforts très sincères ?.... même ne sommes-nous pas, à cette heure privés souvent, à votre profit, de bienfaits qui nous revenaient justement ?…

Alors pourquoi faire la grosse voix et toujours vous fâcher ?

A celui qui mettrait en doute l'affirmation que j'avançais au début de ce travail, à savoir que la politique n'est pas la raison supérieure du mouvement flamingant, je répondrai en établissant sous quelles formes se manifeste leur irritation.

Si, sur le terrain culturel, ils sont tous d'accord, une fois sur le terrain politique, c'est une série de propositions contradictoires: or, c'est le but commun qui fait toute unité.

La plupart se désintéressent de la Belgique; une espèce de mysticisme romantique tient place en eux d'amour de la Patrie: Borms, personnalité assez floue, qui, une fois libéré, perdra bien vite son auréole, est à belle place dans leur affection.

Chose assez bizarre, cet homme est défendu par l'unanimité des étudiants flamingants.

Il est, disent-ils, plein d'idéal et de courage; une seule concession de sa part lui vaudrait la liberté et le retour auprès de son vieux père, de sa femme et de ses enfants; malgré cela, il tient bon, martyr de son dévouement à la Flandre.

Il y a dans ce stoïcisme de quoi attendrir. Mais si au foyer de Borms, on se désole, si les années d'emprisonnement pèsent lourdement sur les épaules du forçat, n'oublions pas que d'abord il ne l'a pas volé, ensuite que bien des mères –des mères flamandes autant que des mères wallonnes– pleurent elles aussi, pleurent les enfants ou l'époux tombés sous les balles de ceux que Borms encourageait par son défaitisme. Sans lui, la lassitude allemande fût venue plus tôt et il est des tombes qui ne jalonneraient-pas la triste rivière de Flandre...

Des flamingants plus décidés veulent la séparation.

Les uns se contenteraient d'une séparation administrative.

Que pourrait bien gagner la Flandre à ce régime ? La culture wallonne n'y perdrait rien, car la langue française s'imposera toujours à tout homme cultivé du continent. Par contre, la culture flamande perdrait bien vite toute influence en Wallonie où fonctionnaires, commerçants, hôteliers et surtout intellectuels se sont mis à étudier, sans grand enthousiasme, il est vrai, le néerlandais.

D'autres, pour n'avoir que des Flamands chez eux, préfèrent la séparation tout court.

Ceux-là restent vraiment les fils des hommes de Gand, de Bruges, de Furnes, de tous ces communiers libertaires et intraitables qui ont payé bien cher toutes leurs tentatives d'émiettement.

Nous sommes entourés de voisins aux aguets ! Tous nous convoitent, au Sud comme au Nord ! Nous sommes peu nombreux pour défendre la porte d'entrée... et ils voudraient la dédoubler !

Voyez-vous la prochaine guerre où nous opposerions deux armées, l'une flamande, l'autre wallonne, sans communauté nationale et sans lien ? Nul ne voudrait marcher avant l'autre, défendre une part qui n'est pas la sienne: on les croquerait séparément en un clin d’œil.

Cette passion de la division fit la ruine de la Grèce; la Flandre lui doit ses plus cruels désastres; veut-elle les rééditer demain en se privant volontairement de l'appui de millions d'hommes qui ont à son égard une sympathie fraternelle, avec la perspective d'un morcellement progressif qu'amèneraient inévitablement les éternelles divisions entre villes flamandes ?…

***

S
i un certain fédéralisme est possible et même désirable chez nous, ne nous laissons pas cependant aveugler par l'exemple de la Suisse: là il y a une multiplicité de cantons qui, sur le terrain économique, ne dépendent pas intimement les uns des autres; ici nos deux contrées, pourvues déjà d'institutions fort décentralisées, provinciales et communales, sont étroitement solidaires; au point de vue intérieur, nous sommes faits les uns pour les autres; les mêmes fleuves descendent à travers nos terres; le commerce wallon et l'industrie wallonne enrichissent la Flandre qui leur fournit un débouché rapide; oublie-t-on que 55% du commerce d'Anvers est wallon ? Un formidable réseau de routes, de canaux, de chemins de fer nous ficelle les uns aux autres : ce sont les artères du corps-Belgique. Un budget commun et une administration commune sont nécessaires pour régler l'organisation de ce trafic et réaliser les grands travaux utiles aux premiers comme aux seconds.

Quel flamingant voudrait amoindrir sa terre natale ? Il le ferait en la privant des ressources de Wallonie...

A quoi servent les grands bâtiments de la ferme s'il n'est plus de froment ni de foin à engranger ?

La dernière solution c'est... le rattachement à la Hollande.

F
landre et Hollande participent à une même communauté linguistique et intellectuelle, c'est entendu. Mais où serions-nous si tous ceux qui se ressemblent devaient s'assembler ! La carte du monde subirait un monumental chambardement.

Nous autres, Wallons, nous jouissons bien de la splendeur de la civilisation française; ce fruit merveilleux, mûri par des siècles de labeur et de gloire, nous le portons à nos dents chaque jour; il nourrit en nous ce qu'il y a de plus humain. Est-ce à dire que nous envisageons une union politique avec la France ? Pas le moins du monde ! Nous aimons sa civilisation mais nous redoutons sa politique. Nous savons participer à sa culture sans, pour cela, devoir nous plier sous son joug.

La Flandre peut parfaitement faire de même; c'est tout à son avantage; chez nous, elle tranche par son originalité et sa majesté; en Hollande elle serait une simple molécule jouissant d'une considération bien moindre qu'en Belgique: le même sort nous échoirait si nous devenions province française.

D'ailleurs pourquoi de tels projets ?

A
supposer que la Hollande s'y prête –et elle n'y paraît pas le moins disposée– jamais l'Europe ne tolérerait pareil changement. L'Angleterre redouterait l'accroissement de la puissance maritime hollandaise; France comme Allemagne craindraient de voir ce gros bloc s'allier un jour à leur ennemi; la paix de l'Occident en serait compromise.

Il est une autre raison qui, à elle seule, doit suffire pour écarter cette idée de l'esprit de tout catholique flamand: c'est le problème religieux.

L
e fait que certains flamingants n'y prennent point garde est typique et montre bien que chez eux la Foi n'a plus la place qui lui revient.

Ce peuple profondément croyant, fasciné qu'il est par un amour, juste en son principe, de sa terre et de sa civilisation, en viendrait-il à concevoir pour elles une forme politique où la religion serait amoindrie ? Car il est incontestable qu'en régime hollandais, pétri de protestantisme, la foi flamande perdrait –brusquement ou insensiblement– cet éclat qui aujourd'hui émeut nos cœurs de chrétiens. Les Hollandais seraient les premiers à refuser l'union si leurs croyances pouvaient s'affaiblir au contact du peuple flamand.

L
e point de vue culturel et politique domine chez nos pan-néerlandais le point de vue religieux. On se préoccupe exclusivement du premier, sans souci du second. On fait de grands congrès avec des incroyants hollandais mais on refuse d'assister à nos assemblées religieuses. Cet excès de nationalisme rejoint la ligne de L'Action française et de Mussolini: s'il persévère, il subira tôt ou tard les foudres pontificales.

Allons donc, amis flamands, souvenez-vous que vos frères wallons sont des catholiques romains et que le Christ est honoré sur leurs montagnes. Souvenez- vous que jadis, en des jours sombres où les Hollandais, à qui vous tendez les bras, voulaient écraser les croyances de la Mère Flandre, ce sont les fils de Wallonie qui vous ont conservé, au prix de leur sang et des larmes de leurs mères, la foi simple et vivace de vos aïeux.

La base catholique est éternelle: elle doit compter avant toute autre chose pour un peuple croyant comme le vôtre.

J
e plains les Flamands si la politique, hier leur servante, devient tout-à-coup leur maîtresse.

I
ls en oublieront leur idéal. Ils seront le jouet de politiciens plus au moins reluisants et Nele sera reléguée à la cuisine.

L
es meneurs, pour le plaisir de semer la discorde et la haine, de se hisser sur un pavois, leur feront déserter les régions sereines où ils travaillaient à faire mieux comprendre, mieux respecter et mieux aimer leur terre, leur race et leur culture.

Et l'inévitable répression confondra les meneurs sans scrupules et le bel idéal primitif des bons Flamands.

Qu'à l'occasion, ils fassent prévaloir leurs volontés dans nos assemblées nationales, c'est très bien. La situation est loin d'être parfaite; qu'ils proposent des modifications: si elles sont heureuses, on se fera chez nous un devoir de les soutenir.

Mais qu'ils cessent donc de voir partout des ennemis alors que tous les Belges éclairés leur veulent seulement du bien. Qu'ils mettent fin au flot d'injures qu'ils déversent à chaque instant sur leur Patrie. Seule la communauté belge peut leur assurer la richesse, la paix et le libre développement de leur civilisation. Et puis, il est tant de souvenirs pour les attacher à cette Patrie: depuis des siècles, depuis César, Belges du Nord et Belges du Sud ont mêlé leur sang pour défendre la liberté de leur terre et de leurs consciences; nos deux races, à travers les discordes, les guerres, les révolutions, les malheurs et les ruines, se sont toujours retrouvées pour rebâtir les cités et les défendre.

Peut-on renier ses aïeux, mépriser ainsi tout un passé de peine et de travail ? Non n'est-ce pas, mes chers amis flamands.

V
os aînés du Boerenbond n'ont jamais eu l'idée de le faire: ils s'intitulent, non Vlaamsche Boerenbond, ni Nederlandsche Boerenbond mais Belgische Boerenbond et, au début de leurs assises, retentit la Brabançonne...

N
ous n'avons pas la même langue et la même culture que vous... Qu'est-ce à dire ? Devez-vous les boycotter et en effacer toute trace de Flandre ?

U
n homme élevé, qui a de l'idéal dans les yeux, ne méprise et ne repousse jamais ce qui est beau. Au contraire, il fait tout pour s'en approcher. Le Flamand, jusqu'à présent, ne manquait pas de prendre chez nous le meilleur de notre mentalité: l'en empêcher serait un crime contre l'esprit.

La Hollande se défend bien d'un tel exclusivisme. La langue et la civilisation françaises y jouissent d'une diffusion remarquable. Au lieu de s'opposer à l'esprit qui souffle de France, on se fait un honneur en Hollande de connaître la littérature française, même les auteurs les plus modernes.

P
ourquoi vouloir à tout prix tuer, à l'école et à l'Université, tout vestige de l'influence intellectuelle de Paris alors que tant de Flamands désirent ne point arrêter leur appétit intellectuel à leur frontière linguistique... Cela n'a jamais fait de tort à personne d'être au courant de la langue et des mœurs de ses voisins. L'homme doit saisir le vrai, le bien, le beau, partout: son âme est une antenne de T. S. F. dont la raison est de capter les ondes de l'univers.

L
a question des langues est ainsi le seul point qui nous sépare, à côté de tant de choses qui nous rapprochent ou qui devraient nous rapprocher. Et même, nous séparer, c'est trop dire. Les foyers les plus unis sont ceux où les tempéraments diffèrent: cela leur permet de doubler leurs chances de bonheur.

Au confluent de deux civilisations, nous avons le privilège de pouvoir jouir de l'une et de l’autre. Pourquoi donc ne pas nous accouder gentiment à ce festin que tous les peuples du monde nous envient ?

Gardons notre personnalité. Sans chercher à réaliser un mélange culturel impossible, genre marécage bruxellois, vivons côte à côte, en nous passant, le sourire aux lèvres, tous nos plats régionaux ! Mais, de grâce, plus d'assiettes à la tête ! Inutile de nous manger: nous avons assez de mets au double banquet national !

M
ettre en contact l'âme flamande et l'âme wallonne au sein de la Patrie Belge doit déchaîner, au lieu d'un combat fratricide, une magnifique émulation. Elle ne peut –si on la comprend bien– que grandir les uns et les autres et multiplier sur le sol sacré de la Belgique, les foyers où brillent, non seulement la richesse dorée, mais aussi les Lettres, les Arts, les Vertus du Pays et son dévouement absolu à l’Eglise Catholique et Romaine.




Cet exemplaire de la brochure Les Flamingants a été dédicacé par Léon Degrelle au soir de sa vie. Elle est sans appel sur les sentiments qu’il a toujours nourris pour les Flamands.
« Cette petite brochure, quand même, signifiait beaucoup : le geste de fraternité qui voulait défendre une cause juste, celle des Flamands. Il fut le premier, et les Flamands ne l’oublièrent point ! Et moi, toujours, je resterai un Flamand de cœur,
Léon Degrelle »