dimanche 19 mars 2017

Léon Degrelle et le nationalisme flamand Les accords Rex-VNV de 1941


V. Le point de vue de Jean Denis
De l’accord Rex-VNV de 1936 au Parti Unique de 1941




Les signatures au bas de l'accord entre le VNV, le
Verdinaso et Rex.
La résolution, d’importance historique, qui s’accomplit aujourd’hui est la phase finale d’un mouvement d’intégration dont le fameux accord « Rex-VNV » de 1936 fut une des étapes les plus glorieuses. J’ai eu l’honneur d’être un des artisans de ce premier accord et je crois l’heure venue d’en dire aujourd’hui des choses que l’époque passée ne méritait pas qu’on dise.

Cet accord « Rex-VNV » avait plusieurs aspects. Par certains côtés, il constituait une manœuvre politique se développant sur le terrain démocratique et parlementaire, et ayant pour but de constituer un premier noyau de concentration prérévolutionnaire. Ce premier noyau parlementaire dont les éléments équilibraient leurs forces déjà respectables sur les deux parties du pays pouvait normalement prétendre à catalyser d’autres forces éparses d’opposition et arriver peut-être à donner, par la voie légale et parlementaire, une solution révolutionnaire à la crise profonde où s’enfonçait, alors déjà, le régime. Cette tentative échoua. Après coup, l’on pouvait faire à ce sujet toutes sortes de réflexions, parler d’erreurs commises, d’inhabiletés, d’imprudences, de fautes même. Après coup, c’est facile…

Mais ce qui reste, et c’est l’essentiel, c’est que cet accord « Rex-V.N.V. » fut une tentative opportune, généreuse et procédant d’une vision très lointaine et très réaliste de l’avenir.

Historiquement, l’on en peut, en effet, envisager cet accord sous son seul aspect de manœuvre politique à portée immédiate. Quand nous nous trouvions réunis dans cette maison charmante qu’occupait Gérard Romsée, à la rue des Palais, il régnait parmi nous une atmosphère bien plus noble et plus élevée que celle des compromis parlementaires et démocratiques. Déjà nous parlions de tout autre chose que du contrat que nous venions de signer. Ce contrat tirait plus de valeur à nos yeux de son existence que des termes dans lesquels il était rédigé. Ses termes, c’était du provisoire, de l’immédiat, l’union qu’il symbolisait, c’était déjà du définitif, c’était une voie d’âme tracée, une fois pour toutes, à travers tout ce qu’il y avait encore autour de nous et devant nous, de mystérieux et d’indéterminé. Nous savions bien que nous n’étions pas au bout de notre route, au bout de nos épreuves ; plusieurs parmi nous n’étaient pas sans deviner que les vicissitudes quotidiennes et les embarras d’une lutte désespérée, nous éloigneraient encore les uns des autres. Mais ceux-là qui pressentaient alors les difficultés à venir avaient précisément la plus ferme conviction qu’un jour viendrait, Dieu seul savait quand, où nous nous retrouverions au seuil immédiat d’un avenir dont nous serions les maîtres.

A cette réunion de la rue des Palais étaient présents : Léon Degrelle, Staf Declercq, Gérard Romsée, Vandenbergh, Tollenaere, Paul de Mont et moi-même.

Dans la suite, toujours après coup, Paul de Mont fut l’objet de vives critiques de la part de certains milieux, même rexistes. On lui reprocha surtout d’avoir imposé au rexisme wallon une épreuve trop lourde quand, à la suite de cet accord, nous dûmes subir les assauts dévergondés d’un patriotardisme à la mode de 1830. Nous, Wallons, savions d’avance quels assauts nous devrions subir, quels sacrifices nous devrions consentir en nous liant au V.N.V. et les dirigeants de celui-ci eurent la délicatesse de nous faire entendre qu’ils s’enrendaient eux-mêmes parfaitement compte.

A vrai dire, Paul de Mont, qui n’était pas dénué de flair politique et qui avait le sens parlementaire, fut l’initiateur et le grand artisan de cet accord. De méchants esprits ont prétendu qu’il n’avait eu pour mobile que de se rendre personnellement ministrable en se réservant une position parlementaire de premier choix ; d’autres, au contraire, ont affirmé passionnément que seul l’animait le fervent désir de servir son peuple. Pour ma part, je me refuse à rechercher les intentions secrètes auxquelles obéissent les hommes, surtout quand il s’agit d’un Paul de Mont qui sut disparaître de la scène politique avec tant d’élégance.

Mais ce que je puis dire parce que j’en eus les preuves, c’est que Paul de Mont fut un homme loyal et que si le caractère « manœuvrier », l’esprit tactique de l’accord souriait davantage à son esprit de madré parlementaire, jamais il ne ramena cette affaire au simple degré d’une machination.

En fait, en préparant cette rencontre, en articulant cette première liaison des deux grandes forces révolutionnaires qui se manifestaient dans le pays, Paul de Mont ne faisait qu’aller plus avant dans une direction que Léon Degrelle avait tracée dès avant la fondation du mouvement rexiste.

Wallon, venu du fin fond de la Wallonie, Léon Degrelle sut comprendre et éprouver lui-même, dès son entrée à l’Université, l’inquiétude flamande. Dans un temps où il y avait quelque audace à le faire, Léon Degrelle fut le premier de tous à rompre avec fracas les murs de préjugés et d’incompréhensions qui séparaient encore les jeunes Wallons des jeunes Flamands. Il fut le premier Wallon à aimer la Flandre, passionnément, comme on aime une femme. L’action que, dès ses premières activités de journaliste, il développa pour faire comprendre la Flandre, son existence, ses drames, sa personnalité ethnique fut vraiment incalculable.

Et dans l’heure présente qui a quelque chose de vraiment solennel, nous, Rexistes wallons, nous pouvons regarder la Flandre avec fierté, car nous savons que dans toute notre conduite envers elle, rien ne peut nous être reproché de disgracieux.

Nous avons servi la Flandre et, maintes fois, nous nous sommes sacrifiés pour elle.

Parce qu’elle en avait besoin.

Et ceci nous amène à montrer la vraie substance, le moelle inaltérés du premier accord Rex-V.N.V.

Quel était le but suprême à atteindre ? Quel est-il toujours ? Réaliser l’unité du peuple, hausser jusqu’à l’unité la conscience populaire.

Surgeon vivace de l’ancien extrémisme frontiste, le V.N.V., surtout à cause de cette origine, voyait son action ralentie et même combattue par certaines couchesn, par ailleurs fort intéressantes, du peuple flamand.

Or c’est précisément parmi ces couches ethniques des régions flamandes que, sans l’avoir cherché, Rex recueillit, dès le début de son action de très ferventes sympathies. C’est que par ses origines mêmes, Rex tenait encore apparemment aux vieilles idées belgicistes et mettait son point de lutte sur quelques idées révolutionnaires à caractère universel.

On pourrait dire schématiquement que le V.N.V. voulait acheminer le peuple flamand vers les concepts révolutionnaires en cherchant d’abord à créer une conscience unitaire flamande, tandis que Rex s’attachait d’emblée à répandre les concepts révolutionnaires, ceux-ci devant entraîner nécessairement la naissance d’une conscience populaire intégraliste.

Il serait vain de prétendre que tout cela fut calculé, prémédité.

L’important, c’est qu’il en fut ainsi. Et le certain, c’est que les dirigeants rexistes, et Léon Degrelle, en tout premier lieu, eurent immédiatement conscience de tous les devoirs qu’imposait à l’égard de la communauté populaire flamande le phénomène par lequel certaines couches non négligeables de la population flamande se rattachaient à Rex.

Jamais, à aucun moment, l’idée ne vint aux dirigeants rexistes de se servir des effectifs dont ils disposaient en Flandre comme d’un levier pour rétablir un certain impérialisme belgiciste en Flandre.

Au contraire, Rex commença immédiatement à mettre en œuvre un plan méthodique de réintégration à la communauté flamande de tous les éléments plus ou moins dénationalisés sur lesquels il pouvait exercer son influence.

Ce fut une œuvre ingrate et lente qui imposait une grande prudence de langage et une grande discrétion d’attitude à l’égard de tous les problèmes politiques autour desquels se maintenait encore quelque irritation.

Cependant jamais Rex n’usa de procédés retors à l’égard de ceux qu’il voulait convertir à l’idée unitaire flamande et, dès le début, l’accord Rex-V.N.V. en fut la preuve péremptoire, l’attitude rexiste fut nette, dépourvue d’ambiguïté et absolument catégorique dans ses principes.

Le long maintien de nos unités rexistes en Flandre n’avait donc pas pour but, ni pour résultat, de maintenir une pluralité parmi les organisations nationales flamandes mais au contraire d’aider la Flandre à s’acheminer vers son unité populaire et révolutionnaire.

Nous avons accompli envers le peuple flamand un devoir inéluctable, qu’aucun autre parti, qu’aucun homme politique autre que Léon Degrelle n’avait la possibilité d’accomplir.

Dans cette heure historique où notre tâche est terminée par la réussite complète du but que nous voulions atteindre, à savoir l’unité populaire flamande, nous sommes fiers que le Destin nous ait marqués pour cette tâche.

À cette tâche, nous avons mis toute notre âme et je suis persuadé que nous l’avons accomplie avec honneur et que nous laissons en Flandre des affections qui ne périront jamais.

Et voici que jaillit déjà sous nos yeux la récompense d’un tel effort pour lequel tous les rexistes wallons nous ont toujours appuyés de toute leur âme, même quand ils ne comprenaient pas très bien pourquoi nous agissions ainsi.

Voici que la Flandre, forte et puissante, rayonnante de tout son orgueil retrouvé, triomphale en son unité définitivement reconquise, se tourne vers le peuple wallon qui a su se faire aimer d’elle dans ses fils les plus authentiquement révolutionnaires.

Par-delà des frontières ethniques désormais marquées avec sagesse et clarté, Wallonie et Flandre trouvent une fraternité souriante et digne.

Elles retrouvent une unité d’âme qui n’a plus rien de commun avec l’unitarisme froid et artificiel de l’ancien Etat belgiciste confectionné en 1830, mais qui ranime à la chaleur d’un souffle révolutionnaire les traditions les plus authentiques et les plus profondes fixées par les époques glorieuses de nos Provinces-Unies.

Désormais, la porte de l’avenir est largement ouverte…


Jean DENIS, président de l’Institut Culturel de Rex
(Pays réel, 11 mai 1941)