Cette citation de Léon Degrelle, au mois de juin du calendrier de 1939 qui nous servira de guide en 2017, est tirée de l’éditorial du Pays réel du 23 juillet 1937.
Cet éditorial a été écrit à l’occasion du scandale inouï entachant le tour de France de 1937 qui vit l’abandon du maillot jaune Sylvère Maes et de tous les coureurs belges face aux attaques physiques du public français, encouragé par une certaine presse sportive au chauvinisme exacerbé. On peut ainsi lire dans les pages sportives du même journal : « Les informations les plus ahurissantes nous sont parvenues très tard dans la nuit de mercredi à jeudi : “Sylvère Maes aurait été lapidé” ; - “On aurait semé des clous sur la route, au passage des coureurs belges” ; - “des fanions belges auraient été arrachés de certaines voitures suiveuses”, etc. etc. Nous n’avons pas voulu ajouter foi à ces informations, avant d’en obtenir la confirmation. Hélas, jeudi matin, télégrammes et coups de téléphone nous enlevaient nos illusions : l’équipe belge, au complet, ne s’était pas présentée au départ. […] Tout au long des routes, ce ne furent que grappes d’exaltés qui hurlaient leur haine, insultaient Sylvère Maes, voulaient lui arracher son maillot jaune. Le commissaire belge, M. Fernand Adam, fut contraint de quitter la caravane et de prendre le train pour rallier Bordeaux, ville étape. […] Le leader du tour de France cycliste, le Belge S. Maes a déclaré notamment : “Je ne repartirai pas de Bordeaux demain matin avec le maillot jaune. Je n’ai nullement l’intention de me faire écharper sur la route, ni même de risquer le moindre accident. Ma résolution est bien prise. […] Je sens trop d’hostilité autour de moi.” »
Voici le texte intégral de cet éditorial exaltant la finalité épanouissante du sport au service du corps et de l’esprit.
Les sports et le peuple
ou la morale du Tour de France
Les sports et le peuple
ou la morale du Tour de France
Voilà tout le pays en ébullition, à cause de cet abandon des coureurs belges à Bordeaux. Si on buvait du vin rouge dans nos cafés, nous y aurions la grève générale depuis hier soir.
Il faut dire que les chers « petits Belges » n’ont pas été traités avec une exquise correction. En fait de vin d’honneur au pays des vignobles girondins, on leur a servi des cailloux, des clous, des paquets de suie et des bâtons dans les roues.
Les acclamations à l’arrivée avaient subi une dévaluation plus dure encore que celle du franc français : habitués à la gloire, au micro et aux autographes, nos défenseurs n’ont reçu que des huées, des horions et des quolibets.
Il faudra beaucoup de discours de M. Lebrun [Albert Lebrun, président de la République française], la main sur le sein gauche, pour raccommoder cette vaisselle-là. D’autant plus que nos chers amis pyrénéens et bordelais ont eu la délicate attention de siffler le drapeau belge que hissaient pour leur fête nationale, les autos de nos officiels…
Nous ne pensons pas, toutefois, qu’une guerre doive s’en suivre et que notre flotte ira, par représailles, bombarder Calais ou Dunkerque, demain matin.
Mais ces incidents sont révélateurs, non seulement de l’agressivité que prennent les nationalisme – même sous le poing fermé du Front Populaire – mais surtout de la faillite des sports populaires aujourd’hui.
Comme il y va de la santé physique du pays, et plus spécialement de la classe ouvrière, l’occasion vaut qu’on examine le problème.
Système à l’envers
Le sport est devenu – c’est le nœud de la question – pour l’immense majorité des citoyens un spectacle au lieu d’une action.
On voit des centaines de milliers de personnes se passionner pour les championnats de football, traverser la Belgique d’un bout à l’autre, marcher –eux qui sont si peu militaristes !– par rang de quatre derrière des fanfares, les femmes se tordant les pieds et s’écorchant les cors.
Tout ce monde crie, s’indigne, exulte, se fâche, est prêt à jouer au football avec la tête de l’arbitre, s’il donne un coup de sifflet de trop. On quitte enfin les gradins, morts de froid ou trempés comme des canards pour s’écraser dans les estaminets, s’enfiler des demis en cascades et rentrer au bout du soir, le sang à la tête, rauque, les enfants assommés de sommeil sur les bras.
Vingt-deux hommes ont vraiment fait de l’exercice, dix mille se sont abrutis à hurler pendant le match, puis à fêter ou noyer le résultat : c’est ça le sport ?
Si on mettait les 22 joueurs sur les gradins et les dix mille spectateurs sur la piste, peut-être alors le sport commencerait-il…
Mais ces incidents sont révélateurs, non seulement de l’agressivité que prennent les nationalisme – même sous le poing fermé du Front Populaire – mais surtout de la faillite des sports populaires aujourd’hui.
Comme il y va de la santé physique du pays, et plus spécialement de la classe ouvrière, l’occasion vaut qu’on examine le problème.
Système à l’envers
Le sport est devenu – c’est le nœud de la question – pour l’immense majorité des citoyens un spectacle au lieu d’une action.
On voit des centaines de milliers de personnes se passionner pour les championnats de football, traverser la Belgique d’un bout à l’autre, marcher –eux qui sont si peu militaristes !– par rang de quatre derrière des fanfares, les femmes se tordant les pieds et s’écorchant les cors.
Tout ce monde crie, s’indigne, exulte, se fâche, est prêt à jouer au football avec la tête de l’arbitre, s’il donne un coup de sifflet de trop. On quitte enfin les gradins, morts de froid ou trempés comme des canards pour s’écraser dans les estaminets, s’enfiler des demis en cascades et rentrer au bout du soir, le sang à la tête, rauque, les enfants assommés de sommeil sur les bras.
Vingt-deux hommes ont vraiment fait de l’exercice, dix mille se sont abrutis à hurler pendant le match, puis à fêter ou noyer le résultat : c’est ça le sport ?
Si on mettait les 22 joueurs sur les gradins et les dix mille spectateurs sur la piste, peut-être alors le sport commencerait-il…
En attendant, le sport populaire est un formidable zéro.
Le Tour de France vient de le montrer à son tour.
Folie du Tour
Qu’y a-t-il bien de sportif dans cette course publicitaire de quatre-vingt-dix forçats courant derrière une formidable caravane qui, une heure avant eux, porte aux nues la Vache qui rit et les autres animaux du commerce contemporain.
Un million de braves types se passionnent pour cette galopade, ne ratent pas une émission de T.S.F., achètent cinq journaux et accourent, par milliers, s’ils sont Français, le long du parcours, au sommet du Ballon d’Alsace ou du Tourmalet !
Personne n’échappe à l’épidémie : le brave curé fuit son confessionnal, la religieuse accourt avec ses écolières, le Régiment s’installe avec sa clique et les vaches des Pyrénées ou des Alpes se font houspiller quand elles ne mugissent pas au passage de Lapébie [Roger Lapébie, rival français du maillot jaune belge Sylvère Maes, emportera ce Tour 1937 rocambolesque par ses multiples rebondissements, après l’abandon général de l’équipe belge] !
Au bout de trois semaines de ce bourrage de crâne, le public est fin-fou et se met à canarder avec du poivre ou du gazon les malheureux pédaleurs dont la gazette –toujours soucieuse du rendement– a dit pis que pendre.
Et un beau soir, c’est à peine si les coureurs n’arrivent pas à leur hôtel avec un œil au beurre noir et tout nus d’avoir eu leurs maillots enlevés par la « furia » bordelaise !
C’est cela, le sport ?Le Tour de France vient de le montrer à son tour.
Folie du Tour
Qu’y a-t-il bien de sportif dans cette course publicitaire de quatre-vingt-dix forçats courant derrière une formidable caravane qui, une heure avant eux, porte aux nues la Vache qui rit et les autres animaux du commerce contemporain.
Un million de braves types se passionnent pour cette galopade, ne ratent pas une émission de T.S.F., achètent cinq journaux et accourent, par milliers, s’ils sont Français, le long du parcours, au sommet du Ballon d’Alsace ou du Tourmalet !
Personne n’échappe à l’épidémie : le brave curé fuit son confessionnal, la religieuse accourt avec ses écolières, le Régiment s’installe avec sa clique et les vaches des Pyrénées ou des Alpes se font houspiller quand elles ne mugissent pas au passage de Lapébie [Roger Lapébie, rival français du maillot jaune belge Sylvère Maes, emportera ce Tour 1937 rocambolesque par ses multiples rebondissements, après l’abandon général de l’équipe belge] !
Au bout de trois semaines de ce bourrage de crâne, le public est fin-fou et se met à canarder avec du poivre ou du gazon les malheureux pédaleurs dont la gazette –toujours soucieuse du rendement– a dit pis que pendre.
Et un beau soir, c’est à peine si les coureurs n’arrivent pas à leur hôtel avec un œil au beurre noir et tout nus d’avoir eu leurs maillots enlevés par la « furia » bordelaise !
De la lutte à main plate ? Bon !
Du lancement du javelot ? Bon !
Mais le cyclisme : jamais de la vie !
Le tour de France est une gigantesque farce sportive qui tue le sport au lieu de le servir.
Il faut tout créer.
Il faudra bien qu’on finisse par comprendre que le sport populaire est indispensable mais qu’il doit être tout autre chose qu’un spectacle transposé du cinéma.
Le sport, pour le peuple, n’existe pas encore.
Trouvez-vous, en Belgique, dix bassins de natation convenables ?
Se baigner à Bruxelles est une opération plus compliquée qu’un partage de traitement à la Banque Nationale !
Du lancement du javelot ? Bon !
Mais le cyclisme : jamais de la vie !
Le tour de France est une gigantesque farce sportive qui tue le sport au lieu de le servir.
Il faut tout créer.
Il faudra bien qu’on finisse par comprendre que le sport populaire est indispensable mais qu’il doit être tout autre chose qu’un spectacle transposé du cinéma.
Le sport, pour le peuple, n’existe pas encore.
Trouvez-vous, en Belgique, dix bassins de natation convenables ?
Se baigner à Bruxelles est une opération plus compliquée qu’un partage de traitement à la Banque Nationale !
Vous trouverez –après bien des recherches– une piscine grande comme une carte de visite avec dix demi-mondaines qui montrent tout ce qu’elles devraient cacher pour qu’on se fasse encore sur elles des illusions. C’est tout ou à peu près.
Et pourtant, le Brabant est rempli d’étangs adorables !
Et à quelques kilomètres de Bruxelles, nous avons, à Hofstade, une véritable petite mer intérieure !
Parlons-en ! Ce n’est pas un lac, c’est un bourbier, dont personne ne s’occupe, sans communications rapides avec Bruxelles, alors qu’il pourrait être le lac magnifique où une foule énorme se rend tous les jours, comme à midi le peuple romain gagne les bains d’Ostie, en jouissant de la gratuité sur les autobus et les trams !
Et pourtant, le Brabant est rempli d’étangs adorables !
Et à quelques kilomètres de Bruxelles, nous avons, à Hofstade, une véritable petite mer intérieure !
Parlons-en ! Ce n’est pas un lac, c’est un bourbier, dont personne ne s’occupe, sans communications rapides avec Bruxelles, alors qu’il pourrait être le lac magnifique où une foule énorme se rend tous les jours, comme à midi le peuple romain gagne les bains d’Ostie, en jouissant de la gratuité sur les autobus et les trams !
Prenez le bassin ouvrier de Liège, de Verviers, de Mons, de Charleroi : ce sont les mêmes eaux boueuses.
Le bain est, en Belgique, un sport de luxe, alors qu’il devrait être un sport élémentaire dans le pays de fleuves, de rivières, de canaux et d’étangs comme la Belgique.
Le cyclisme est presque aussi mal traité.
Il y a chez nous des centaines de milliers de bicyclettes, instruments de locomotion.
On ne fait pas assez pour qu’elles deviennent, aux heures des loisirs, des instruments de sport et de tourisme.
Le bain est, en Belgique, un sport de luxe, alors qu’il devrait être un sport élémentaire dans le pays de fleuves, de rivières, de canaux et d’étangs comme la Belgique.
Le cyclisme est presque aussi mal traité.
Il y a chez nous des centaines de milliers de bicyclettes, instruments de locomotion.
On ne fait pas assez pour qu’elles deviennent, aux heures des loisirs, des instruments de sport et de tourisme.
Parcourez les alentours de Bruxelles, ces forêts merveilleuses, ces chemins délicieux dans des vallons pleins d’eau et dites-nous si l’on trouve partout des pistes praticables ?
Trop souvent, ce sont encore de gros pavés ou des ruissellements de poussières, dès qu’on s’éloigne de quelques kilomètres.
Et voilà un sport magnifique, tout à fait familial !
Il est gâché partout à Bruxelles comme tout autour des grands centres industriels ou commerciaux du pays.
Incurie complète
Il en est de même pour les autres sports : l’athlétisme, l’aviron, la lutte, etc.
On peut courir avant de trouver des Parcs de sports.
On en découvre de misérables, ou montés vaille que vaille, avec une touchant bonne volonté, mais on voit qu’il n’y a pas chez nous une politique du sport, du sport multiple surtout, qui permette l’épanouissement complet du corps.
Ni effort de l’Etat.
Ni effort suffisant des villes.
Ni effort suffisant des chefs d’industrie.
Ni propagande efficace pour mettre à l’honneur le souci du corps, de sa force et de sa beauté.
Les conséquences
Nous sommes bien avancés !
Nous avons, à cause de cette incurie, une classe ouvrière où la proportion de rachitiques est effrayante à cause des logis malsains, à cause des conditions de travail insalubres, à cause surtout du manque quasi absolu de formation sportive, dès la jeunesse.
On ne peut même pas parler en Belgique d’un Ministère des Sports ! Une folie, s’écriera-t-on !
Alors qu’il est maintenant aussi essentiel au pays – disons-le nettement – que le Ministère de l’Instruction publique.
À quoi nous serti-il de sortir des milliers de diplômés si le peuple qu’ils devront guider est malingre, mal fichu ou tuberculeux ?...
Il en est de même pour les autres sports : l’athlétisme, l’aviron, la lutte, etc.
On peut courir avant de trouver des Parcs de sports.
On en découvre de misérables, ou montés vaille que vaille, avec une touchant bonne volonté, mais on voit qu’il n’y a pas chez nous une politique du sport, du sport multiple surtout, qui permette l’épanouissement complet du corps.
Ni effort de l’Etat.
Ni effort suffisant des villes.
Ni effort suffisant des chefs d’industrie.
Ni propagande efficace pour mettre à l’honneur le souci du corps, de sa force et de sa beauté.
Les conséquences
Nous sommes bien avancés !
Nous avons, à cause de cette incurie, une classe ouvrière où la proportion de rachitiques est effrayante à cause des logis malsains, à cause des conditions de travail insalubres, à cause surtout du manque quasi absolu de formation sportive, dès la jeunesse.
On ne peut même pas parler en Belgique d’un Ministère des Sports ! Une folie, s’écriera-t-on !
Alors qu’il est maintenant aussi essentiel au pays – disons-le nettement – que le Ministère de l’Instruction publique.
À quoi nous serti-il de sortir des milliers de diplômés si le peuple qu’ils devront guider est malingre, mal fichu ou tuberculeux ?...
Une politique des Sports
Nous voulons un peuple fort. Pas de santé morale sans la robustesse, le plein équilibre des corps.
Le sport n’est pas plus une aberration que le manger ou le travail de l’esprit. Il faut le discipliner et l’organiser comme eux : même périls, mêmes bienfaits.
Une Politique des Sports est nécessaire, qui nous donnera la race solide, capable alors du grand effort moral et spirituel que le salut du pays réclame.
Léon Degrelle.
Le Pays réel, vendredi 23 juillet 1937
Calendrier 2017
Le calendrier 2017 du « Dernier Carré » reproduit le calendrier historique restauré de REX de 1939.
Nous vous le proposons au prix de 21 euros (franco de port), à verser au compte IBAN: BE 04 2100 4559 7631 (BIC : GEBABEBB), en spécifiant en communication «Calendrier 2017» et le nombre d’exemplaires souhaités.