samedi 5 mars 2016

La Politique Sociale et de Santé du Troisième Reich.

La collection « Documents pour l’Histoire » dirigée par Philippe Randa aux éditions Déterna ont réédité le livre La politique sociale du IIIe Reich d’Heinrich Schulz (23€, à commander sur www.francephi.com). 
Ce livre présente les mesures prises par l’Etat national-socialiste pour développer les « forces vitales » du peuple dans le cadre de la Volksgemeinschaft, c’est-à-dire la communauté nationale où peut s’épanouir organiquement l’individu. 
« Par le terme "politique sociale", le national-socialisme entend l'ensemble des mesures prises par l'Etat et par le mouvement en vue de soutenir, d’assurer et de développer la totalité des forces vitales du peuple. Pour cette raison il ne peut plus être question en Allemagne de considérer la "politique sociale" autrement que comme une mesure d'ensemble visant à la régénération du peuple entier. C'est ainsi que le point de vue de la politique sociale trouve son expression dans les mesures législatives les plus variées. Citons en exemple :"la législation fiscale" qui tient largement compte du nombre des enfants, la surveillance des devises qui assure l'approvisionnement en matières premières, l’interdiction de créer de nouvelles entreprises dans une large série de branches industrielles ou commerciales qui évite la "surcharge" malsaine de certains organismes économiques, le contrôle du prix des marchandises de première nécessité, l’utilisation des matières premières dans le cadre du "plan quadriennal". Toutes ces règlementations constituent non seulement des mesures économiques, mais aussi et surtout des mesures de "politique sociale", parce que toutes ont pour but de "rehausser" le "bien-être" de la Nation et, par conséquent, de chacun des individus qui la composent. » 
A l’appui de cette « politique sociale », vient naturellement aussi la « politique de la santé ». Nous ne pourrions mieux la présenter qu’à travers ces extraits d’un article que le Prof. Jean-Luc Demeulemeester (ULB) a publié dans La Libre Belgique le 17 février 2012, concernant les dangers de l’amiante.
« La recherche sur les causes du cancer et le développement de politiques publiques de prévention se développèrent de façon étonnante sous le 3e Reich. […] Dans la perspective de maximiser la "qualité" physique du peuple allemand, le gouvernement nazi s'est senti une responsabilité particulière dans la lutte contre des habitudes nuisibles pour la santé (alcoolisme mais surtout tabagisme). La recherche scientifique allemande de cette époque a ainsi établi le caractère cancérigène du fait de fumer. Elle s'est aussi intéressée au lien entre amiante et cancer. Il faut noter que dès la fin du XIXe siècle, on a été intrigué par le lien entre présence de particules d'amiante dans l'environnement de travail et santé des travailleurs. Ce fut le cas en Angleterre (Lucy Deane, 1898, inspectrice du travail pour le gouvernement; Murray, 1899, docteur) et en France (une étude de 1906 par Denis Auribault, inspecteur départemental du travail à Caen). Dès 1931, une réglementation du travail est mise en place en Angleterre pour protéger les travailleurs. C'est en Allemagne cependant que les travaux seront les plus novateurs. Comme tout cancer, le mésothéliome (cancer de la plèvre) présente une longue période d'incubation. C'est dans les années 30 qu'on commence à voir des nombres significatifs de travailleurs atteints (par exemple, parmi les ouvriers des chantiers navals qui utilisaient la fibre). Les recherches allemandes furent selon Proctor [ndlr : Robert N. Proctor, professeur d’histoire des sciences à l’université de Stanford, Etats-Unis, auteur de "La guerre des nazis contre le cancer", Belles Lettres, 2001] "les plus complètes, les plus convaincantes et les plus précises dans leurs conclusions".Une série d'études publiées en 1938 concluent à l'idée que "l'asbestose est un facteur de prédisposition au cancer du poumon". Les autorités allemandes prirent cependant la mesure du risque plus tôt encore. Dès 1936, une "campagne anti-poussière" fut lancée, prenant l'amiante comme cible principale. Un sous-comité pour l'amiante fut créé en 1937 au ministère du Travail, et des études scientifiques furent menées en recourant à la technologie de pointe de l'époque comme le microscope électronique de Siemens.Ce comité, de plus en plus conscient du risque, renforça les normes d'exposition à la poussière dès 1940. Les recherches sur les mécanismes de la carcinogenèse furent fortement soutenues, menant en 1942 à plusieurs publications montrant notamment que ''les travailleurs de l'amiante étaient enclins à souffrir d'une forme rare de cancer connue sous le nom de mésothéliome, un cancer des tissus garnissant l'extérieur du poumon", observe Proctor. Plus fort encore: toujours selon le professeur, en 1943, ''le gouvernement nazi fut le premier à reconnaître le mésothéliome et le cancer du poumon provoqués par l'amiante comme maladies professionnelles indemnisables". […] Néanmoins il reste interpellant qu'en 2012 encore, 70 ans après ces recherches fondatrices, l'évidence du caractère cancérigène de l’usage de l’amiante fasse encore objet de débats et de procès. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire