samedi 19 décembre 2015

Paul Colin (1890-1943), "Léon Degrelle, L'Héroïsme Tranquille" in " Le Nouveau Journal", 30 juin 1942, page 1.

S’engager au Front de l’Est a demandé, de la part des milliers de jeunes volontaires de l’Europe entière, un courage et une abnégation sans pareils. En plus de l’atrocité des combats sans merci contre les bolcheviques, il fallait compter encore avec le terrorisme s’exerçant contre leurs familles, mais aussi avec le mépris affiché par les autorités religieuses et la condamnation des petits-bourgeois saluant plutôt les bombardements anglo-américains que la victoire de l’Ordre nouveau.Nous avons retrouvé cet article écrit par Paul Colin, moins d’un an avant d’être assassiné: il témoigne bien de l’éternelle mesquinerie des « petits esprits » belges diagnostiquée en son temps déjà par Léopold II.



Ceux qui se battent pour nous à Berlin avec Léon Degrelle


On a lu cela dans les télégrammes de Paris et de Vichy : à la demande du maréchal Pétain et du président Laval, M. Benoist-Méchin, secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, vient de prendre en mains le sort de cette Légion Française antibolchevique, dont des rivalités politiques avaient en partie paralysé l’effort et de l’incorporer dans la série des grandes initiatives de l’Etat français. Désormais ce corps d’élite représentera, ouvertement, aux yeux du monde, la nation dont il est issu. M. Benoist-Méchin, prononçant un discours qui ne laisse place à aucune équivoque, a ajouté que « dans certaines circonstances, la Légion Tricolore pourrait être mise en ligne sur d’autres théâtres de la guerre, c’est-à-dire partout où l’intérêt du pays serait en jeu ». Et pour renforcer le caractère de concentration nationale du mouvement légionnaire, d’éminentes personnalités du monde intellectuel, depuis le chanoine Tricot jusqu’à l’illustre Georges Claude, et jusqu’à M. Abel Bonnard, se sont spontanément groupées dans le Comité de patronage de la Légion, tandis que le secrétaire général de celle-ci était reçu en audience par le Chef de l’Etat, au départ de son voyage d’inspection dans les régions de l’Est.

Ces jours derniers, à Berlin, je pensais à ces transformations profondes, à ce ralliement solennel de la France à la croisade antibolchevique, en écoutant Léon Degrelle parler, avec une orgueilleuse ferveur, de cet admirable Wallonische Infanterie Bataillon, dont les exploits sur les champs de bataille du Donetz, ne sont plus, en Allemagne, ignorés de personne. Sanglé dans son uniforme d’officier, sur lequel s’étalent les témoignages répétés de sa haute bravoure, amaigri, mûri, les traits durcis par les fatigues et les souffrances d’une campagne d’hiver dont on sait à présent qu’elle fut une longue et magnifique tragédie, mais ayant gardé toute sa flamme et toute sa foi, celui en qui nous avions vu longtemps – parfois même (pourquoi ne pas l’avouer ?) avec inquiétude – un jeune et fougueux tribun, à l’ensorcelante éloquence, n’a pas cessé, pendant toutes les conversations et conférences auxquelles participèrent d’éminentes personnalités allemandes des milieux politiques et militaires, de célébrer l’héroïsme tranquille et quotidien de ses camarades et la grandeur spirituelle de leur sacrifice. Sans lyrisme, sans adjectifs ni adverbes, avec des mots dignes et graves, avec l’émouvante simplicité du combattant de première ligne qui mesure et connaît l’étendue de chaque effort.

Il parlait des vieux militants de son parti et des jeunes gens qui s’étaient présentés, d’un seul élan, avides de servir et de racheter les fautes des politiciens, dont les bandes rivales s’étaient si longtemps partagé la patrie. Et il opposait la pureté de leur attitude et de leurs intentions aux remous que les attardés de l’Ancien Régime organisent autour de leur dépouille et de leur mémoire. La chose pourra paraître paradoxale, mais Léon Degrelle bridait, même pour évoquer ces gens-là, sa verve légendaire.


On a refusé aux légionnaires morts pour le salut de la civilisation chrétienne les prières d’un prêtre ? Qu’importe, puisque, la semaine dernière, un aumônier (allemand, hélas !) a en rampant sur la berge d’une rivière dont les Bolcheviks tenaient encore tous les passages, porté l’hostie dans leurs postes avancés à ces hommes de vingt ou trente ans, qui rachètent, à eux seuls, dans la balance morale de la Belgique, toute la nauséabonde hideur des swings et des zazous. On ne veut pas que le drapeau tricolore recouvre le catafalque, dressé en leur honneur dans une église de faubourg ou de village pendant que leur pauvre corps déchiqueté flotte, à travers la steppe, dans la fange du dégel ? Qu’importe encore, puisque ce drapeau-là a claqué tout ce printemps sur le poste de commandement de la Légion et sur
 
ses abris ? Des prélats dédaigneux et des robins anonymes rédigent des notes, des lettres, des circulaires et des mandements pour dire que le pays légal ne considère pas l’U.R.S.S. comme son ennemie et que, par conséquent, « il n’est pas légitime de le compromettre dans l’équipée de quelques francs-tireurs » ? Que pèsent, je vous le demande, ces laborieuses basileries, en face du cri spontané, du cri absurde et sublime d’un gamin de chez nous, qui surgissant, les yeux en feu, de son cratère de boue, saluait la victoire d’un Messerschmidt sur un Rata en hurlant : « Vive la Belgique ! ».

T
outes ces vilenies, toutes ces rancunes de vaincus qui, parce que leur heure à eux a sonné au cadran du destin, verraient avec joie leur pays et l’Europe s’abîmer dans une crise de barbarie dont l’ampleur et la violence défient l’imagination, valent exactement les calomnies et les injures dont ils ont couvert, en août dernier, les soldats de la Légion. Elles valent exactement les perfidies cyclostylées qu’on se passait, d’avocat à épicier et de fille publique à douairière, au temps où nos soldats montaient, dans la neige, la garde épuisante qui, le 28 février, allait les mettre aux prises avec la marée bolchevique. Comme de bien entendu, les traits les plus grossiers, les plus haineux, les plus stupides étaient lancés contre Léon Degrelle. Souvenez-vous ! Il n’avait pas quitté la Belgique ; dès la gare du Nord, il était descendu à contre-voie ; il se cachait à Bouillon, à Paris, à Uccle, à Clervaux, à Munich, à Berlin ; toute cette aventure était une immense galéjade, un « coup de publicité », une imposture !


D
eux cent cinquante jours de front, sans une heure d’interruption, une blessure soignée sur place avec stoïcisme, une présence incessante aux endroits les plus menacés, une abnégation au plus fort de la mêlée, que soulignent non seulement ses rubans et ses croix mais aussi le respect dont on entoura partout, à Berlin, ce simple lieutenant, qui, arrivé en mission militaire du fond de l’Ukraine par avion, y repartit quatre jours plus tard, si pressé de retrouver ses frères d’armes qu’il déchira sa permission de détente, c’est-à-dire son droit à deux semaines de repos au milieu de ses enfants : tel est le « jongleur », le « baladin », le « pitre » dont on nous a parlé.


L
e « traître » aussi, auquel à travers les ondes, des voix qui s’éraillent à plaisir pour dissimuler leur accent de Jérusalem, font si volontiers allusion. Car, au moment où toutes les légions européennes (même la française) ont reçu une investiture officielle, il se trouve des gens pour dénoncer, au nom du patriotisme, la providentielle intervention grâce à laquelle, à l’heure où chaque pays sera récompensé selon ses prestations sur le front de la révolution continentale, la Belgique pourra réclamer, dans la moisson commune, la part gagnée par ses martyrs. Cette part-là, ce ne sont pas seulement les émigrés de Londres qui en font bon marché ; j’ai eu la douleur, à Berlin, d’entendre des personnalités en vue s’étonner que des Belges, sans pratiquer la politique infernale que M. Salazar dénonçait, jeudi soir, avec tant de lucidité, semblent résolus à attendre pour sortir de leur apathie, que les jeux soient faits.


Puisse le sort, quand ils se décideront, – ceux-là et tous nos compatriotes, depuis les timides réformistes auxquels les circonstances prêtent aujourd’hui un masque d’intransigeance jusqu’à ces jeunes officiers manqués qui voudraient bien « faire quelque chose » mais qui n’ont pas le courage de regarder en face leur devoir d’homme, de Belge et d’Européen, – puisse le sort leur être indulgent.


En attendant, j’ai entendu le « traître » défendre avec passion la cause de son pays et montrer la situation paradoxale des héros de son bataillon lesquels meurent, la conscience en repos mais l’esprit soucieux ; j’ai vu le « traître » jeter avec ferveur son prestige de combattant dans des débats que les moins pessimistes jugeaient inopportuns et obtenir de précieuses concessions ; et j’ai senti, en ce début d’été où il faut être sourd pour ne pas entendre, aux quatre coins du ciel, sonner le glas de l’empire britannique, que la plus belle carte de notre jeu reste la sympathie mêlée d’admiration avec laquelle l’Allemagne contemple les exploits de ceux auxquels nos prêtres refusent un Dies irae et nos œuvres de solidarité sociale le plus humble colis, – les exploits de ceux qui suivent, au-delà du Donetz sur le chemin de la victoire, le « traître » Degrelle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire