samedi 5 mars 2016

Léon Degrelle, "L’éveil d’un mouvement politique: le combat des Rexistes."

Nous reproduisons ce texte grâce à l'aimable autorisation de M. Marc Vanbesien, détenteurs des droits d’auteur de Léon Degrelle. Il a été publié dans la revue "La Jeune Europe", en 1942. Cette « revue de la jeunesse universitaire européenne » se présentait comme suit :  
Les Cahiers de La Jeune Europe paraissent sous l’idée directrice de l’unification européenne.  
L’idée fondamentale de l’unification européenne est éclairée dans les exposés publiés par la présente revue sous des angles politiques, culturels, économique ou technique.Tous les universitaires européens qui combattent sur le front de l’Est, volontaires des légions et aussi lutteurs spirituels des écoles ou de la vie professionnelle universitaire qui recevront ces pages sont priés de vouloir bien apporter leur contribution personnelle à la rédaction des présents cahiers.  
L’éditeur invite chaleureusement tous les travailleurs intellectuels, les étudiants de toutes les facultés, ainsi que ceux qui sont déjà entrés dans la vie du travail professionnel, philosophes, médecins, chimistes, physiciens et biologues, philologues, juristes et théologues, adeptes des sciences politiques et sociales, techniciens, et économistes, de même que tous les artistes, tous les penseurs d’Europe à nous apporter leur bienvenue collaboration. 
"La Jeune Europe" doit être la tribune d’un échange productif de pensées et d’opinions sur toutes les questions et tous les problèmes intéressant dans son ensemble la communauté des peuples européens. Les pages de ces cahiers sont ouvertes à tous les universitaires; elles aideront à remplir, dans un entretien européen commun, la mission de notre temps. La tâche qu’il importe d’accomplir est celle-ci: défendre la tradition de la culture européenne et lutter pour les nouvelles idées des jeunes peuples. Les ponts solidement bâtis de l’esprit européen formeront le lien indissoluble de cette vraie camaraderie, plus vivace que jamais dans la lutte européenne pour la liberté de nos peuples. 




Le combat des Rexistes 
Le mouvement rexiste est né il y a dix ans, en 1932. Alors que je faisais mes études de droit à l’université de Louvain, nous nous trouvâmes une poignée de camarades d’études qui prirent la résolution de rendre une âme à notre patrie. Nous étions particulièrement écœurés par la bassesse spirituelle de notre temps. Nous étions hantés par le désir de ramener une grande pureté et une grande ferveur parmi les foules avides d’idéal. Nous ne craignons pas de le dire, à l’origine de Rex, il y eut la brûlante passion des apôtres. Mais nous étions encore seuls, et il fallait communiquer notre désir de rénovation spirituelle à tous les idéalistes, isolés dans notre pays, et atteindre promptement les larges couches de la population. 
On m’offrit alors la direction d’une petite maison d’édition et je l’acceptai avec enthousiasme. Au lieu de publier de gros bouquins illisibles, je me lançai promptement dans la diffusion de petites brochures d’actualité, flanquées d’un titre et d’une couverture qui "accrochaient". Un événement passionnait-il le public ? En une nuit, j’avais un texte, faisais dessiner un croquis frappant par un ami ou l’autre. Deux ou trois jours après, j’avais fait sortir de presse cinquante ou cent mille exemplaires de la brochure. Avec une petite équipe de propagandistes, je courais le pays pendant quinze jours plaçant mes pamphlets. 
Ces brochures, écrites à l’emporte-pièce, firent scandale et amenèrent des polémiques violentes.En quelques mois, Rex fut connu partout. Plusieurs millions de brochures avaient, de la sorte, été vendues et commentées.  
J’avais aussi, dès le début, un petit noyau de propagandistes qui me suivirent, appelés par je ne sais quelles ondes magnétiques.  
Le lancement des brochures à très grand tirage ayant réussi, j’allai me risquer à des travaux plus vastes. Pour le public lettré, je créai un journal littéraire à très bon marché, avec gros tirage. Il s’appela REX. La réussite fut immédiate. On tira dès le premier numéro à plus de 40.000 exemplaires. 
Je risquai un second essai, beaucoup plus dangereux. Il manquait au gros public une revue s’intéressant à toutes les récréations modernes: radio, cinéma, voyages. 
Je combinai le lancement d’un beau magazine en héliogravure avec photos de vedettes, analyses de films, programmes complets des émissions de radio, reportages, etc... Tout cela vu, non plus par des mercantis sans âme, mais par des jeunes hommes modernes qui voulaient que ces instruments puissants servissent à récréer intelligemment et à élever les foules. J’allais risquer une dépense, pour la première année, de plusieurs millions, sans les avoir. Je sautai à l’eau quand même, décidé à apprendre à nager dans le courant. Mon magazine parut. Il s’appelait "Soirées" et comportait 80 pages par semaine. Ce fut un petit coup de théâtre dans l’édition et une brillante réussite. 
Il me fallait encore le contact direct avec le public, qui ne pouvait être obtenu que par des meetings pour atteindre des auditoires, il fallait louer des salles, payer des affiches, dépenser des sommes que j’eusse été bien en peine d’investir. Je trouvai cependant une solution. Les marxistes donnaient en Belgique de grands meetings, payés avec les fonds de la classe ouvrière. Ils avaient d’immenses salles de réunions dans leurs « maisons du peuple ». Ils y convoquaient régulièrement leur nombreux public syndical. Jamais un bourgeois des partis conservateurs ne se serait risqué à aller combattre la parole, dans les salles rouges, des orateurs rouges. Je vis là une occasion inespérée d’atteindre un public très vaste et qui m’intéressait tout particulièrement. Je savais, ayant vécu toute mon enfance mêlé au peuple, que des milliers d’âmes fraîches étaient là en disponibilité. Et puis, la misère des masses me navrait et me remplissait d’ardeurs révolutionnaires. Je pris donc la décision de risquer le coup. 
Un beau dimanche, j’arrivai au « palais du peuple » de Charleroi, où plusieurs milliers de marxistes se préparaient à écouter les plus violents orateurs de leur parti. On demanda –pure formalité– s’il n’y avait personne qui voulait apporter la contradiction. Je levai le bras. Ce fut épique. Au bout d’un quart d’heure de discours, je vis le moment où j’allais être mis en pièces. Mais le premier pas était fait. 
Quatre-vingts fois, je recommençais. Je venais ainsi à tous les grands meetings socialistes. Chaque fois, j’étais là, où que se tînt l’assemblée, même au bout du pays. Les journaux rouges, au lieu de se taire, firent d’abord des articles virulents pour m’écraser. Mais je tins bon. Ma parole directe saisissait vite le public ouvrier. Comme j’ai une voix de tonnerre, je résistais aux pires chahuts, pendant des heures s’il le fallait. En quelque mois, j’avais littéralement converti des milliers de travailleurs, qui me sont restés depuis, et à travers tout, merveilleusement fidèles. Plusieurs fois, je fus roué de coups et laissé pour mort. Mais mon courage grandissait avec les dangers. 
Le résultat cherché fut atteint. Mes journaux hebdomadaires pénétrèrent désormais largement dans le public, et 180.000 ou 200.000 personnes m’avaient vu en chair et en os. Le contact direct, qui brûle, entraîne, et en tout cas, éveille fortement la curiosité était créé.
Nous parlions des vertus, de la vie familiale, du travail, de la terre, de la solidarité entre classes, de la charité, de la nécessité d’avoir des âmes droites et désintéressées. Cela paraissait invraisemblable de traiter de pareils sujets devant des foules abêties par le matérialisme marxiste. Pourtant, c’était ainsi et les auditoires étaient traversés d’un véritable frémissement. Je me souviens d’avoir, un jour, devant 20.000 hommes, parlé pendant deux heures des forces spirituelles. La presse appela ce meeting « la nuit du miracle » tellement ce fut fantastique. Un autre soir, à un meeting de faubourg, je parlai, pendant une heure, de la beauté et du printemps. Bref, au fond, notre action naquit d’un immense et puissant besoin de poésie. Cherchant la rédemption d’un pays dans la noblesse de la vie, dans la solidarité des hommes, la justice et la propreté, nous devions nous heurter aux partis démocratiques, foyers de désordre, de décomposition et de bassesse.  
J’engageai donc, contre eux et contre leurs chefs les plus corrompus, la campagne qui devait devenir célèbre dans notre histoire politique, sous le nom de « campagne des pourris ». Ma méthode d’action allait vite scandaliser et épouvanter. En effet, au lieu de me contenter de prudents sous-entendus et d’attaques voilées, anonymes avec beaucoup de circonlocutions, je prenais chaque semaine un politicien par le fond de sa culotte, dénonçais ses méfaits et lui servais une volée de bois vert. Jamais on n’avait vu une violence pareille! La jeunesse, enthousiasmée par cette lutte, accourait. 
Des milliers d’hommes honnêtes, de toutes les classes, rejoignaient les organisations de combat que j’avais créées et dont les sections se multipliaient partout.  
Le public affluait en masse. En trois ans, je tins 1.500 assemblées. 
On tenta alors de me mater par des procès. Tous les bandits politiciens et financiers que j’avais dénoncés firent face, finalement, pour m’attraire en justice. On me réclama plus de deux millions de francs de dommages et intérêts. Les nigauds! C’était me donner une tribune de plus. Malgré la composition des tribunaux, eux aussi remplis de créatures de la franc-maçonnerie et des partis, j’acceptai le combat, me défendant moi-même à la barre dans les cas les plus spectaculaires.  
Le principal procès, celui du Ministre Segers, mis le pays entier aux aguets. J’avais dit des vérités effrayantes sur les malhonnêtetés financières de ce ministre. J’avais littéralement piétiné ce bonhomme infect. Non seulement le ministre fut débouté de sa demande en 300.000 francs de dommages et intérêts, mais il fut condamné avec des attendus si terribles qu’il dut s’enfuir de la vie politique. 
Le retentissement fut immense.  
Les partis demeuraient, malgré ces combats épiques, aussi pourris qu’avant. 
Je commençai à développer devant des foules de plus en plus nombreuse et enthousiastes un programme complet de nettoyage et de salut de l’Etat, par l’instauration d’un régime fort, commandé par un chef unique et responsable, où le travail serait dégagé de la tutelle politicienne, orienté, organisé et protégé au moyen d’organismes corporatifs; où la justice sociale remplacerait l’immonde profitariat ploutocratique; où l’on donnerait une place d’honneur aux valeurs réelles de la nation: la famille, la terre, le métier; où l’on rendrait à la nation le sens de la solidarité et au peuple entier l’amour de la patrie; où la paix des consciences, la paix linguistique, la paix sociale élimineraient les haines partisanes, sans cesse alimentées par les politiciens en quête de slogans électoraux; où l’on ramènerait notre peuple si glorieux et qui avait eu, pendant des siècles, le goût du faste et de la grandeur, à une nouvelle et grandiose Renaissance. 
Pendant quatre ans, nous continuâmes la lutte, une véritable lutte au couteau. Le combat anti-démocratique et anti-ploutocratique avait pris des proportions mondiales.  
Dans chaque pays, des forces semblables aux nôtres avaient connu les mêmes sursauts, étaient parties à l’assaut des mêmes adversaires. 
D’un pays à l’autre, une grande fraternité s’étendit. Les Rexistes se sentirent vite solidaires du National-Socialisme, et du Fascisme, de la Phalange et des autres mouvements nationalistes et socialistes qui soulevaient l’espoir de la jeunesse révolutionnaire dans toute l’Europe. L’Europe des pourris et l’Europe des Patries-Unies commençaient leur duel à mort. 
La Belgique est une terre historique de
combat. Le bloc démocratico-ploutocrate France-Angleterre, cherchant à poignarder l’Allemagne hitlérienne, devait tout tenter pour s’assurer l’usage du tremplin belge.  
Jusqu’au 10 mai 1940, Rex banda toutes ses forces pour s’opposer à ce plan criminel.  
Rex, dès 1936, fit sauter l’accord militaire franco-belge. Chaque mois la lutte devint plus violente. Rex fut supprimé par la force.  
D’innombrables Rexistes, leur chef en tête, furent jetés, le premier jour de la guerre, dans les prisons. Certains y périrent, dans des tourments affreux. Les autres, débarrassés de leurs chaînes, devaient promptement se remettre à l’œuvre pour accomplir le salut de leur patrie et pour apporter, dans l’honneur et le labeur, la collaboration de leur peuple à l’œuvre européenne du Führer.

Lieutenant Léon Degrelle, Légion « Wallonie »

La Politique Sociale et de Santé du Troisième Reich.

La collection « Documents pour l’Histoire » dirigée par Philippe Randa aux éditions Déterna ont réédité le livre La politique sociale du IIIe Reich d’Heinrich Schulz (23€, à commander sur www.francephi.com). 
Ce livre présente les mesures prises par l’Etat national-socialiste pour développer les « forces vitales » du peuple dans le cadre de la Volksgemeinschaft, c’est-à-dire la communauté nationale où peut s’épanouir organiquement l’individu. 
« Par le terme "politique sociale", le national-socialisme entend l'ensemble des mesures prises par l'Etat et par le mouvement en vue de soutenir, d’assurer et de développer la totalité des forces vitales du peuple. Pour cette raison il ne peut plus être question en Allemagne de considérer la "politique sociale" autrement que comme une mesure d'ensemble visant à la régénération du peuple entier. C'est ainsi que le point de vue de la politique sociale trouve son expression dans les mesures législatives les plus variées. Citons en exemple :"la législation fiscale" qui tient largement compte du nombre des enfants, la surveillance des devises qui assure l'approvisionnement en matières premières, l’interdiction de créer de nouvelles entreprises dans une large série de branches industrielles ou commerciales qui évite la "surcharge" malsaine de certains organismes économiques, le contrôle du prix des marchandises de première nécessité, l’utilisation des matières premières dans le cadre du "plan quadriennal". Toutes ces règlementations constituent non seulement des mesures économiques, mais aussi et surtout des mesures de "politique sociale", parce que toutes ont pour but de "rehausser" le "bien-être" de la Nation et, par conséquent, de chacun des individus qui la composent. » 
A l’appui de cette « politique sociale », vient naturellement aussi la « politique de la santé ». Nous ne pourrions mieux la présenter qu’à travers ces extraits d’un article que le Prof. Jean-Luc Demeulemeester (ULB) a publié dans La Libre Belgique le 17 février 2012, concernant les dangers de l’amiante.
« La recherche sur les causes du cancer et le développement de politiques publiques de prévention se développèrent de façon étonnante sous le 3e Reich. […] Dans la perspective de maximiser la "qualité" physique du peuple allemand, le gouvernement nazi s'est senti une responsabilité particulière dans la lutte contre des habitudes nuisibles pour la santé (alcoolisme mais surtout tabagisme). La recherche scientifique allemande de cette époque a ainsi établi le caractère cancérigène du fait de fumer. Elle s'est aussi intéressée au lien entre amiante et cancer. Il faut noter que dès la fin du XIXe siècle, on a été intrigué par le lien entre présence de particules d'amiante dans l'environnement de travail et santé des travailleurs. Ce fut le cas en Angleterre (Lucy Deane, 1898, inspectrice du travail pour le gouvernement; Murray, 1899, docteur) et en France (une étude de 1906 par Denis Auribault, inspecteur départemental du travail à Caen). Dès 1931, une réglementation du travail est mise en place en Angleterre pour protéger les travailleurs. C'est en Allemagne cependant que les travaux seront les plus novateurs. Comme tout cancer, le mésothéliome (cancer de la plèvre) présente une longue période d'incubation. C'est dans les années 30 qu'on commence à voir des nombres significatifs de travailleurs atteints (par exemple, parmi les ouvriers des chantiers navals qui utilisaient la fibre). Les recherches allemandes furent selon Proctor [ndlr : Robert N. Proctor, professeur d’histoire des sciences à l’université de Stanford, Etats-Unis, auteur de "La guerre des nazis contre le cancer", Belles Lettres, 2001] "les plus complètes, les plus convaincantes et les plus précises dans leurs conclusions".Une série d'études publiées en 1938 concluent à l'idée que "l'asbestose est un facteur de prédisposition au cancer du poumon". Les autorités allemandes prirent cependant la mesure du risque plus tôt encore. Dès 1936, une "campagne anti-poussière" fut lancée, prenant l'amiante comme cible principale. Un sous-comité pour l'amiante fut créé en 1937 au ministère du Travail, et des études scientifiques furent menées en recourant à la technologie de pointe de l'époque comme le microscope électronique de Siemens.Ce comité, de plus en plus conscient du risque, renforça les normes d'exposition à la poussière dès 1940. Les recherches sur les mécanismes de la carcinogenèse furent fortement soutenues, menant en 1942 à plusieurs publications montrant notamment que ''les travailleurs de l'amiante étaient enclins à souffrir d'une forme rare de cancer connue sous le nom de mésothéliome, un cancer des tissus garnissant l'extérieur du poumon", observe Proctor. Plus fort encore: toujours selon le professeur, en 1943, ''le gouvernement nazi fut le premier à reconnaître le mésothéliome et le cancer du poumon provoqués par l'amiante comme maladies professionnelles indemnisables". […] Néanmoins il reste interpellant qu'en 2012 encore, 70 ans après ces recherches fondatrices, l'évidence du caractère cancérigène de l’usage de l’amiante fasse encore objet de débats et de procès. »

samedi 20 février 2016

Paul Durand, "Guide dissident de l’Allemagne et de l’Autriche"


Il existe certes déjà des guides, des monographies ou des sites internet commentant les reliquats architecturaux ou artistiques du national-socialisme (pensons à la collection des petits guides « Pastfinder » consacrés à Berlin, Munich ou Berchtesgaden ou au site très documenté www.thirdreichinruins.com), mais rien (ou pratiquement rien) n’est jamais en français ! Et là, c’est la mine d’or qui s’ouvre généreusement à notre curiosité !...

D’autant plus qu’une attention toute particulière est portée à l’art: bien entendu à l’architecture, à l’urbanisme, à la sculpture, à la peinture mais aussi –fait rare méritant d’être souligné –, à la musique du IIIe Reich, à ses compositeurs et à ses interprètes !


C
ertes, il y a des imperfections (dans certaines descriptions), des approximations (dans la façon de parvenir à certains sites), des erreurs (dans les présentations ou les adresses de certains monuments), mais tout cela est très véniel par rapport au travail colossal qui nous est ici présenté (et puis : il ne faut pas hésiter à envoyer à l’auteur toutes corrections, suggestions, additions pour une indispensable nouvelle édition !).

R
ien ne vaudra mieux, pour vous mettre l’eau à la bouche, que de vous donner la présentation de son travail par l’auteur lui-même, grand voyageur curieux de tout ce qu’on veut désormais nous cacher, passionné d’histoire –la vraie, débarrassée du « politiquement correct »– et profondément altruiste, ce dont nous ne pouvons que lui être profondément reconnaissants!

En 1937, Adolf Hitler lors de l'inauguration du buste
d'Anton Bruckner au Walhall de Regensburg.

Comptant plus de 300 photos inédites et 28 cartes, ce guide dissident de l’Allemagne et de l’Autriche est unique en son genre: il n’a strictement rien à voir avec aucun des guides de voyage publiés à ce jour. En effet, ce guide ne s’intéresse qu’à ce qui est passé sous silence par les autres guides. Il sera le premier guide en français à vous faire découvrir une Allemagne dont vous rêviez peut-être mais dont vous n’aviez jamais réussi à entendre parler de manière précise. Une autre Allemagne, aujourd’hui ensevelie sous les ruines du politiquement correct et de la perte de mémoire voulue par les vainqueurs. Totalement indépendant, sans parti pris et sans porter de jugements a posteriori, ce guide vous dévoilera des lieux autrefois célèbres, mais aujourd’hui oubliés, des monuments dont on a souvent rasé les fondations, des hommes qui furent des héros en leur temps et considérés comme des criminels par la suite. […] Extrêmement précis et richement illustré, il sera votre compagnon de route pour un voyage vraiment initiatique.


Paul Durant, Guide dissident de l’Allemagne et de l’Autriche
Editions Facta, 2014, 26€. Librairie Facta, 4 rue de Clichy, F-75009 Paris.
Courriel: librairiefacta@wanadoo.fr
http://librairie-facta.com


Léon Degrelle et le nationalisme flamand Les accords Rex-VNV de 1941



V. Le point de vue de Raymond De Becker



Raymond De Becker (1912-1968)
Voici l’éditorial que les « accords Rex-V.N.V. » ont inspiré à Raymond De Becker, auteur de Pour un ordre nouveau (1932) et nouveau rédacteur en chef du journal Le Soir, premier quotidien à avoir été autorisé à reparaître par les autorités allemandes d’occupation.

En lisant pareil texte, qui flingue en réalité l’initiative degrellienne, on ne peut que constater la volonté de De Becker d’enfiler les pantoufles de l’ancien Soir, affectant de toujours se trouver au-dessus de la mêlée et donnant ses leçons à tout le monde. En réalité, De Becker, évincé du Conseil politique de Rex en janvier 1941, après l’éditorial de Léon Degrelle saluant en Adolf Hitler le libérateur de l’Europe (voir blog Dernier Carré – Léon Degrelle en date du 18 mars 2016 : "Les Journaux de guerre": ça n’en finira jamais... Léon Degrelle, toujours dans le collimateur du CEGESOMA !), tout comme le fit Henri De Man dès le 28 juin 1940, poursuit Léon Degrelle d’une vindicte toute personnelle, s’obligeant à imaginer des alternatives politiques fantômatiquement inexistantes et à prêter au chef de Rex des sentiments antiroyalistes que toutes ses déclarations démentent explicitement…
L’intérêt de l’analyse de De Becker se trouve essentiellement dans l’évocation de la pertinence et de la cohérence de la politique rexiste concernant la question flamande… jusqu’au moment où lui-même quitte le mouvement.





En marge de l’accord Rex-V.N.V.
L’avenir de notre politique intérieure

L’accord qui vient d’être signé entre les dirigeants du mouvement rexiste et ceux du nationalisme flamand constitue une étape normale de notre vie politique intérieure. En effet, ainsi que nous avons eu maintes fois l’occasion de le remarquer, cette vie politique étant nécessairement réduite et limitée du fait de l’occupation militaire, il est inévitable que les seuls actes politiques posés au grand jour le soient par les formations autorisées et que celles-ci cherchent à profiter le plus possible de la situation présente pour prendre des gages sur l’avenir et se mettre dans la situation la plus favorable pour le moment où interviendra un changement dans le statut politique du pays. Il est normal également que ces formations, jusqu’ici dispersées et se rendant compte du peu d’encouragement qu’elles rencontrent auprès de l’opinion publique et même auprès des partisans de l’ordre nouveau, cherchent à réunir leurs efforts et à s’épauler mutuellement. Dans cette perspective et jusqu’à nouvel ordre, les fusions et accords politiques qui peuvent être réalisés entre elles n’engagent que leurs propres dirigeants et ne possèdent aucune signification officielle, que ce soit du point de vue des autorités légitimes de notre pays se trouvant dans l’impossibilité momentanée de se manifester ou du point de vue des autorités de fait, belges ou allemandes, exerçant présentement le pouvoir.

La situation nouvelle en pays flamand
À vrai dire, le nouvel accord Rex-V.N.V. se révèle surtout important pour le pays flamand. C’est là, en effet, que l’on pouvait parler d’une dispersion des groupements politiques : le parti nationaliste flamand y avait à faire face à deux concurrents. Rex-Flandre et le Verdinaso, fondé par Joris Van Severen. Ce sont ces deux concurrents qui sont aujourd’hui éliminés : leurs dirigeants, par une capitulation honorable, renoncent à exercer leur action propre et rentrent dans le V.N.V. dont ils feront désormais partie du Comité de direction, sous la houlette de M. Staf Declercq. Celui-ci emporte donc un succès estimable puisqu’il se voit devenir le chef incontesté du mouvement politique flamand, tel qu’il peut se manifester aujourd’hui.

Pour justifier l’abandon de son action en pays flamand, M. Degrelle a émis des considérations de principe que l’on ne peut qu’approuver. Il a déclaré en substance que les milieux romans de Belgique doivent s’habituer à l’idée de ne plus régenter d’une manière ou de l’autre la vie flamande. Les Flamands doivent décider eux-mêmes de leur destin et c’est à eux qu’il appartient de se prononcer, en toute autonomie, pour ou contre la Belgique, pour ou contre une cohabitation avec les Wallons. M. Degrelle qui, lui, croit à la nécessité d’une collaboration des Flamands et des Wallons au sein d’un Etat commun sous l’égide du Roi, a jugé que la meilleure manière de permettre à nos compatriotes thiois de se prononcer sur l’avenir était de mettre fin aux compétitions se manifestant entre les groupes minoritaires et de faire confiance au développement naturel d’un mouvement nationaliste flamand élargi ainsi qu’au bon sens politique de M. Staf Declercq.

Flandre et Belgique
Que M. Degrelle ait posé un tel acte de confiance, on ne peut s’en étonner puisque, dès 1936, des liens sentimentaux s’étaient noués entre les deux partis d’opposition : Rex-V.N.V. L’accord conclu à cette époque souleva dans tout le pays une hostilité que l’on peut, à distance, juger assez puérile. Nul doute que les dirigeants rexistes avaient fait preuve, à cette occasion, de hautes intentions patriotiques et que l’affaire, malgré les équivoques qui l’entouraient, se présentait en des termes plus favorables qu’aujourd’hui. Il suffit de se rappeler la présence des leaders flamands aux meetings rexistes, chantant la Brabançonne avec tous les assistants pour se rendre compte qu’un événement nouveau s’était produit qui aurait pu avoir les conséquences les plus heureuses pour l’unité de la Belgique. Malheureusement, les tentatives de rapprochement ainsi entreprises de même que celles qui furent accomplies d’un autre côté par P.-H. Spaak furent systématiquement dénaturées et sabotées par une presse en délire, par des politiciens irresponsables et par des groupements d’anciens combattants dont la lucidité politique n’était pas égale aux intentions patriotiques.

Aujourd’hui, on ne peut espérer revoir des spectacles analogues à ceux de 1936. M. Staf Declercq n’a fait aucune déclaration qui puisse donner la moindre garantie aux partisans d’un Etat fédéral belge. Il ne s’est prononcé ni sur la cohabitation des Flamands et des Wallons, ni sur le problème de Bruxelles, et le passage de son discours où il reconnaît aux Wallons « le droit à la vie et le droit au développement populaire » ne précise en aucune manière comment il entend concilier ces affirmations théoriques avec les revendications de certains membres de son parti au sujet de la Wallonie, « espace vital du peuple flamand ». Si l’on ajoute à cela les nombreuses variations de M. Staf Declercq, tant dans le domaine de la politique étrangère que dans celui de la politique intérieure, l’on comprendra que tous ceux qui n’ont pas avec lui les même attaches sentimentales que M. Degrelle, se montrent fort réservés quant à l’avenir et puissent s’étonner de ce que les rexistes flamands n’aient pas obtenu les précisions souhaitables avant d’abandonner leurs organisations et leur activité propre.

À n’en pas douter, M. Degrelle estime que ses anciens partisans parviendront, au sein même du V.N.V., à faire prévaloir les conceptions qui sont les leurs. Il se dit certainement qu’à côté des éléments fanatiques et antibelges qui se trouvent dans le parti nationaliste flamand, il existe des hommes politiques sérieux qui, tels MM. Romsée, Leemans ou Elias, sont capables de tenir compte des réalités historiques et de ne pas faire aux Wallons ce que l’on fit autrefois aux Flamands. Il espère vraisemblablement trouver en ceux-ci des alliés, de telle sorte que la coopération Rex-V.N.V. puisse devenir un jour totale. Ce sont là des opinions dont seul l’avenir pourra démontrer le bien-fondé. Mais quoi qu’il en soit, par l’accord conclu, une situation de fait est créée en pays flamand dont il faudra tenir compte à l’avenir. Certes, des forces politiques flamandes existent encore en dehors du V.N.V. et nous sommes convaincus qu’elles se manifesteront un jour d’une manière ou de l’autre : la jeunesse flamande notamment cache des forces qui s’orienteront dans un sens que ne peuvent soupçonner aujourd’hui les dirigeants d’un ancien parti d’opposition. Mais ces forces qui amèneront peut-être la naissance d’un véritable national-socialisme flamand, devront de toute manière compter avec le rassemblement actuel et devront vraisemblablement se manifester en son sein même.

La situation dans les provinces romanes
L’importance que l’accord conclu donne en pays flamand au rassemblement de M. Declercq n’a pas son équivalent dans les provinces romanes. Le rexisme ne se trouve nullement augmenté par l’événement puisque la dissolution de la section romane du mouvement Dinaso n’a qu’une signification théorique, cette section n’ayant jamais eu qu’une existence confidentielle. Le seul avantage concret que le mouvement rexiste retire de son accord avec le V.N.V. est la promesse que lui fait celui-ci de le reconnaître comme parti correspondant au sein de la Wallonie.

Il faut donc s’attendre à ce que les nationalistes flamands soutiennent les candidats rexistes aux postes de gouverneur, de bourgmestre dans les administrations centrales ou provinciales. On ne peut sous-estimer l’avantage de ce partage d’influences, mais l’on peut légitimement craindre que la nouvelle clientèle ainsi acquise au parti rexiste ne sera qu’une clientèle alimentaire, analogue à celle dont disposaient autrefois les partis catholique et libéral, prête à toutes les trahisons et n’ayant aucune signification révolutionnaire.

Il serait, en effet, vain et dangereux de ne pas voir, à ce propos, la situation dans les provinces romanes telle qu’elle se présente en réalité. Malgré ses efforts, malgré des déclarations patriotiques que l’on ne peut qu’approuver, M. Degrelle et son parti ne sont parvenus ni à conquérir l’opinion publique ni même la majorité des partisans d’un ordre nouveau. Trop d’erreurs ont été commises dans le passé et le sont encore aujourd’hui pour qu’une confiance sans réserve puisse être accordée. D’autre part, il est incontestable que ce que l’on attend partout est vraiment une organisation nouvelle, accueillant avec confiance les collaborations les plus diverses, donnant toutes les garanties au point de vue national et dirigée par des hommes neufs et désintéressés. Que le rexisme ne puisse prétendre à être, comme tel, cette organisation, c’est là une vérité élémentaire qui rencontrera l’adhésion, non seulement de la masse de l’opinion publique, mais encore de la majorité des partisans d’un ordre nouveau. De ce fait, toute prétention rexiste à représenter le parti unique pour les provinces romanes, ne correspond, dans les circonstances présentes, ni à la réalité populaire, ni à la réalité révolutionnaire, pas plus qu’elle ne correspond à aucune consécration officielle, de quelque nature qu’elle soit.

Que faire ?
Cela signifie-t-il, comme le voudraient certains théoriciens de l’action, qu’il faille faire table rase du rexisme ? Ce serait une folie et une erreur politique. Quelles que soient les réserves que l’on puisse faire à l’égard du mouvement rexiste et de son chef, il faut reconnaître que l’un et l’autre ont suivi, depuis des années, une ligne politique claire et nette dont les événements ont confirmé la justesse fondamentale. M. Degrelle et son parti ont défendu avec acharnement, et malgré la coalition d’adversaires puissants et souvent de mauvaise foi, des idées qui sont aujourd’hui admises par tous les esprits politiques sérieux. Ses intempérances de langage, ses erreurs tactiques, son peu d’aptitude au commandement réel ne peuvent faire oublier ses grandes qualités de visionnaire politique, d’entraîneur d’hommes, de lutteur et de propagandiste. Ne pas tenir compte de l’apport précieux qu’un homme comme M. Degrelle puisse apporter au pays ou du capital révolutionnaire que représentent un grand nombre de ses partisans serait tout à la fois commettre une erreur politique et une mauvaise action. Les questions personnelles doivent aujourd’hui céder le pas au service du pays. Les hommes qui entreprennent le redressement de la patrie ne sont pas si nombreux qu’ils puissent se permettre le luxe de se lancer des exclusives à la tête. Malgré les sacrifices de convenances ou d’amour-propre que la chose nécessite, il importe que tous ceux qui ont au cœur l’amour de leur pays travaillent aujourd’hui en équipe à l’action nécessaire.

Mais cela même suppose que M. Degrelle fasse, lui aussi, preuve d’un tel esprit d’équipe et se rende compte que toute prétention au monopole de la représentation politique ou à la direction politique unique dans les provinces romanes est, pour l’instant, insupportable ou, à tout le moins, prématurée. De nombreuses forces d’ordre nouveau existent en dehors du rexisme et se manifesteraient clairement si elles en avaient l’autorisation. C’est à la fois sur elles et sur le rexisme qu’il faudra bâtir pour créer l’organisation politique de l’avenir. Le jour où la rencontre de ces forces sera faite et où les personnalités les plus représentatives du pays ralliées à l’ordre nouveau collaboreront dans un esprit de camaraderie au sein d’une équipe commune, le problème du chef se résoudra de lui-même : l’homme qui se sera imposé par le travail et la valeur à tous ceux qui, au début, étaient ses paires, sera le chef que tout le monde reconnaîtra naturellement. Ce chef sera peut-être M. Degrelle. Il sera peut-être quelqu’un que personne ne connaît aujourd’hui. Mais en attendant qu’il se révèle, nous ne reconnaissons à personne le droit exclusif de parler au nom du pays, sinon au Chef qui nous a sauvés et dont le silence ne peut nous faire oublier les devoirs que nous avons envers lui.

Raymond De Becker
Le Soir, 13 mai 1941.

Gabriele Adinolfi, ”Années de plomb et semelles de vent – 20 ans de cavale!”

Dans ce livre de souvenirs, tout empreint de l’humour qui permet de se rappeler avec une distance rassérénée les événements parfois tragiques de l’existence, mais aussi de la sagesse que donnent la culture et l’expérience, et de la puissance des convictions qui trempe le caractère et force l’adversité, Gabriele Adinolfi trace la chronique des « années de plomb » qui s’abattirent sur l’Italie des années 80 et qu’il traversa quasiment avec les « semelles de vent » que Verlaine prêta au visionnaire implacable que fut Rimbaud.

Se succèdent ainsi les anecdotes souvent drôles par le pittoresque des péripéties, mais émouvantes aussi par la tendresse et la candeur qu’elles débusquent dans les âmes des « fascistes » les plus burinés, et les portraits toujours pertinents, aux traits finement observés.

Nous ne résistons pas au plaisir de retranscrire ces quelques lignes consacrées à Léon Degrelle, le « Lion en exil » :

Octobre 1982. […] Chemisette blanche à manches courtes immaculée, cheveux impeccablement plaqués en arrière, Léon Degrelle, le chef rexiste, nous reçoit chez lui, Walter Spedicato et moi. Très aimablement, il nous demande qui nous sommes et d'où nous venons. L’homme ne mesure pas plus d’un mètre soixante-quinze et pourtant il nous paraît grand.

« L’histoire de votre mouvement est passionnante, nous dit-il, mais ce n’est rien, hélas, face à notre tragédie. Nous rêvions à quelque chose de grand et, juste au moment où nous tenions le monde dans nos mains, nous en avons été privés. Quelle déception ! Ce qu’il y a de terrible dans la défaite, c’est l’impuissance… »
Ses yeux noirs nous fixent intensément. Il serre ses deux poings, ses mains, belles et soignées, blanchissent. Tout son être est tendu, comme au temps où ce « dompteur de foule » électrisait les milliers de personnes massées au Palais des Sports de Bruxelles.

Pendant trois heures, celui qui entraîna deux mille Wallons (1) aux confins du Caucase nous rapporte la saga de Rex et de la division SS Wallonie, depuis son engagement comme simple soldat en juin 1941 jusqu’à la remise des Feuilles de Chêne par le Führer, une des plus hautes décorations allemandes. Son palmarès n’est pas mince : Médaille d’Or des corps à corps, soixante-deux combats homologués, trois fois blessé.

Puis le discours du Volksführer Degrelle se fait poignant quand, tel César dansLa Guerre des Gaules, il nous vante le courage de « ses » Belges.

« – Un Wallon vaut mille soldats » leur avait dit le général-colonel Steiner à Dorpat après leur avoir distribué deux cents Croix de fer.
Puis d’un rire éclatant qui dévoile de très belles dents blanches, Degrelle ajoute avec bonhomie :

« – C’était un peu beaucoup, mais on a tout de même fait de la fameuse besogne ! »

L’extraordinaire chez cet homme ne tient pas seulement à la légende, écrite de son sang, mais à la puissante vitalité qu’il dégage. Deux générations nous séparent de ce condottiere de la Renaissance échappé dans le XXe siècle et pourtant, d’instinct, nous nous sentons proches et fraternels. Eternelle joie et éternelle jeunesse du fascisme.

Nous en venons à aborder la situation présente. Nous sommes, je le rappelle, en 1982. Sept ans avant la chute du mur de Berlin que nul n’entrevoit. Or, voici ce que Léon Degrelle prophétise devant nous :
« – L’ennemi principal c’est celui contre qui nous n’avons pas combattu directement. Ce sont les Etats-Unis avec leur système monstrueux. Vous verrez que la chance pour l’Europe viendra de la Russie, préservée à son niveau élémentaire et barbare par le communisme qui sera, malgré lui, l’incubateur de notre revanche. »


Colleone, Léon, Lion… Dans mon bestiaire imaginaire, le bronze du Volksführer Degrelle est sculpté par Le Verrochio.

Ajoutons seulement que le buste de Léon Degrelle a bien été coulé dans le bronze, mais qu’il n’est pas l’œuvre du sculpteur de la statue équestre du condottiere Colleoni, ni du « Michel-Ange du XXe siècle » Arno Breker, un temps pressenti, mais qu’il a été sculpté par l’artiste flamande Godelieve Vanderick, dans la filiation revendiquée d’Arno Breker qui approuva personnellement son travail. Gabriele et Walter participèrent à la souscription qui le finança (la plaque des « mécènes » au dos du socle de marbre noir porte le nom du fils de Gabriele, Carlomanno Adinolfi) et assistèrent à sa remise officielle, le 20 novembre 1991, au siège du Cercle Espagnol des Amis de l’Europe (CEDADE) de Madrid.

Quelques préceptes judicieux ponctuent le récit, qui furent sans doute les balises nécessaires pour traverser ces « années de plomb » et qui peuvent toujours nous fournir de précieux garde-fous pour résister au vent du politiquement correct.
Exemples :

- « Ce qui exprime au mieux la santé de l’âme : la volonté de puissance et l’allégresse. »
- « Si tu es fasciste, tu crois à l’héroïsme et tu domines ta peur. »
- « L’action est esprit. »
- « L’absence d’allure et de fierté est sans doute le plus grand manque de la jeunesse d’aujourd’hui. »…



1. Nous ne savons d'où l'auteur tient ses chiffres fantaisistes, mais précisons quand même qu'il y eut quelque 8000 engagés volontaires dans la Légion Wallonie; environ 2500 y laissèrent la vie.


Collection « Les Bouquins de Synthèse Nationale », 29 euros (frais de port compris) à verser au compte IBAN : FR 2004 1000 0153 6380 4C02 068 deSynthèse nationale, 116 rue de Charenton, F-75012 Paris.

samedi 13 février 2016

A propos des tueurs fous du Brabant wallon.


On se souvient que, leur enquête pataugeant en pleine mouise, les policiers ne savaient (ne savent toujours pas) quelle orientation donner à leurs recherches sur les « tueurs du Brabant wallon ».

T
ombant sur des fripouilles débiles du quart-monde à la langue bien pendue –la « filière boraine »–, on pensa même pouvoir impliquer… Léon Degrelle !

T
ous ces pauvres types (Michel Cocu, Simon Gevenois, etc.) prétendaient entretenir les meilleures relations avec lui et n’hésitèrent pas à affirmer qu’il finança ces tueries crapuleuses. Contacté en Espagne par la presse, Léon Degrelle ne put que répondre qu’il connaissait de nombreux « cocus », mais que ceux-là, s’essayant à le cocufier en même temps que la police, il se réjouissait de ne pas avoir à les fréquenter !...

A
ujourd’hui que les magistrats se demandent comment prolonger indéfiniment le délai de prescription alors qu’on n’éprouva aucun scrupule ni hésitation, en 1964, pour le prolonger de dix ans pour un seul homme (« Lex Degrelliana »), quelques témoignages originaux paraissent, révélateurs des compétences de nos « James Bond » !

C
’est un ami de Strasbourg, professeur de langue et de littérature grecque et latine, amoureux nostalgique de la prospère « Neustadt », capitale du Reichsland d’Alsace-Lorraine qui nous les présente.



***

Gérald Damseaux, Les Années noires vous intéressent ? Témoignage.
Paris, Société des Écrivains, 2014, 629 p., EUR 26,95, ISBN 978-2-342-02249-0.
www.societedesecrivains.com


Le nom de l’auteur dans le livre, « Le Doul », inspecteur principal à la Sûreté de l’État (SE) où il est entré en 1974, est un surnom. Ses collègues sont très souvent désignés par un surnom (p. 623) et celui de l’auteur, qui a l’habitude de faire attendre le lecteur, est expliqué loin dans l’ouvrage, à un moment où il subit une nouvelle avanie de ses supérieurs: « Doul a Le Douloureux privilège... » (p. 578).

Le titre et la couverture IV annoncent le sujet principal : le WNP (Westland New Post), les tueries du Brabant et les CCC (Cellules Communistes Combattantes). Or, le récit déborde largement l’annonce et prend la forme de mémoires (depuis l’athénée, l’université [Droit] et l’armée [candidat officier de réserve]). Arrivé à la retraite et estimant sa carrière ratée, l’auteur règle des comptes.

Presque tous les membres de la SE sont tournés en dérision : inconséquences, naïveté (dans le renseignement !), ambiguïtés. La cible préférée est l’administrateur général, de 1977 à 1994, Albert Raes : un crétin (p. 81 ; cf. p. 45, 90, 141, 281, 282), mais dont il faut se méfier (p. 76 : recel d’armes). Les autre agents : « abruti complet » (p. 115), « cruche » (p. 196), conducteurs fous (alcoolémie, délits de fuite, rébellions, p. 175)...

Des journalistes sont égratignés, démolis : corrompus tels Walter De Bock, lâchant René Haquin (p. 415) et Serge Dumont du Vif, de son vrai nom Maurice Serfati, juif, informateur de la SE (p. 283-4, 288, etc.), cherchant à couler Le Doul. À la RTBF : Henri Roanne, « apatride d’origine autrichienne », en fait Hans Rosenblatt, juif arrivé en Belgique l’année 1939, dont la demande de grande naturalisation, tardive, ne fut motivée que par l’ambition ; Armand Bachelier (Nathan Seiffmann) a un profil semblable (p. 498-9).

Philippe Moureaux, tout juste ministre de la Justice, visite la SE : la hiérarchie, dans l’extrême urgence, retire toutes les fiches sous ce patronyme. Arrivé au fichier, il demande à consulter sa fiche. « Cet homme de gauche, progressiste entre tous », jubile : la SE ne fiche donc pas les gens de gauche. Visitant ensuite le service de contre-espionnage, le ministre demande ce que la SE sait de tel Soviétique en poste en Belgique ; la fiche mentionne que ce dernier est en contact régulier avec Philippe Moureaux (p. 580-1)…

Le livre suit un ordre chronologique, mais on passe de 1978 à 1986 ; retours en arrière et projections seront dès lors fréquents. Après le chapitre sur les CCC (p. 353 sq.), le récit se concentre sur différentes affaires, l’une après l’autre. La composition fait-elle défaut (je ne parle pas de l’orthographe, souvent fantaisiste) ? L’auteur ne voudrait-il être compris que de ceux qui vont jusqu’au bout d’un récit contorsionné et mettent bout à bout certaines informations ? Le chapitre « Les tueries » (p. 433-8), où l’auteur explique son attente, en grande surface, des tueurs, le vendredi [sic] soir (p. 434), est loin de contenir des révélations.


Sous le couvert de souvenirs amers et de faits rocambolesques, le lecteur découvrira des
allusions, nombreuses et précises, aux « années noires ». Je relèverai ici les plus saillantes.


L’auteur a été traité de « chef des tueurs du Brabant » (p. 244, 249 et 266, par Goffinon et la BSR [Brigade de surveillance et de recherche, Gendarmerie]), de responsable du WNP (par Raes, p. 265-6).

Conclusion provisoire : l’auteur gêne sa hiérarchie, car il sait (p. 255).


L
e WNP ? Le commissaire Christian Smets (« Cricri »), protégé par Raes (p. 338, 560), a des liens étroits avec ce groupe terroriste (p. 216, 334, 338, 344, 348, 349, 553, etc.). Jean Gol, ministre de la Justice, n’a alors pas « fait le ménage » au sein d’une SE « impliquée dans les turpitudes du WNP » (p. 215)
1.

D’autres personnages sont évoqués et rapprochés les uns des autres : Jean-François Buslick (p. 171-6, 229, 242, etc.) ; Buslick, Bouhouche, Beijer et compagnie (p. 307) ; Martial Lequeux du WNP (p. 259) et Bouhouche, Beijer (p. 312, 319). Le BND (Bureau national des drogues, Gendarmerie), l’affaire François et ses suites (p. 317-321).

Les attentats et tueries créaient une tension telle que les pouvoirs de l’État seraient renforcés (p. 389-390, 392). Pour l’auteur, WNP et CCC ont été manipulés et financés. Le Doul se penche sur les irrégularités dans la comptabilité ; exemple avec le Parti Communiste Belge (c’était son domaine à la SE), qui montre la subordination de ce parti à Moscou (p. 616-8) ; application à la SE (p. 611 sq., 621, 627 ; cf. p. 389) : le lien SE, tueries et CCC est plus que suggéré (p. 619-627) par les irrégularités de la trésorerie de la SE 2. Mais s’en prendre au Doul, au baron de Bonvoisin (p. 289, 309, 330) et à d’autres encore pouvait enfumer enquêteurs et opinion publique.


***

Lars BOVÉ, Les secrets de la Sûreté de l’État. Enquête sur une administration de l’ombre.
Tielt, Lannoo, 2015, 351p., EUR 22,50, EAN 9789401425902.

« Je déteste plus que tout les gens qui font la leçon […] ou plus grave encore, ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent 3. »

Lars Bové est journaliste, reconnu pour ses investigations. Le titre de son livre, Les secrets de la Sûreté de l’État, annonce clairement son objet, qui ne peut être compris (et justifié) que dans le cadre de la loi sur la transparence et des difficultés de son application.

Q
ue dit la loi ?

La liberté d’accès aux documents administratifs vient des États-Unis (Freedom of Information Act, 1966) et s’est répandue en Europe. La Constitution belge (art. 32) garantit le droit de consultation des documents administratifs, avec des restrictions. Le 11 avril 1994 fut votée la loi fédérale relative à la publicité de l’administration. L’article 6 du chapitre iii précise : « L’autorité administrative fédérale […] rejette la demande de consultation […] si elle a constaté que l’intérêt de la publicité ne l’emporte pas sur la protection de l’un des intérêts suivants […] 4° : l’ordre public, la sûreté ou la défense nationale. » Avec sagesse, le législateur a donc prévu les difficultés, pour les administrations, à communiquer des documents sensibles. Toutefois, après un refus de communication, un recours est possible auprès de la Commission d’accès aux documents administratifs ; cette Commission n’a cependant pas été reconduite en janvier 2013. Le Comité R, quant à lui, créé en 1993 et dépendant du Parlement, est un organe permanent de contrôle des services de renseignement, SE (Sûreté de l’État) et SGRS, son homologue militaire (Service général du renseignement et de la sécurité).

Comment savoir ?

O
n voit la quadrature du cercle : à partir du moment où, même à huis clos, des informations sensibles sont divulguées, le renseignement est mort. Au contraire, pour L. Bové, « la culture du secret ne doit plus être une culture du mystère » (p. 328). Il faut reconnaître à l’auteur de la ténacité et une certaine habileté pour avancer dans son enquête. Comment s’y prend-il pour percer les secrets de la SE ?

I
l donne très vite l’impression de contacts plus ou moins aisés et réguliers avec des membres, en exercice ou retraités, de la SE (p. 20, etc.), au point de commencer un chapitre (p. 162) sans préciser qui parle ; le lecteur y verra la suite du chapitre précédent : « Un membre de la SE se rappelle les faits » (p. 150). On trouve mieux : « Nous croisons dans le hall d’entrée [Boulevard du Roi Albert II, 6] Jaak Raes, le grand patron de la SE en personne. Je lui adresse quelques mots. Il me tend chaleureusement la main et commence directement à me parler des innombrables e-mails que j’ai adressés à son service pour travailler ensemble » (p. 102). Un chapitre entier (p. 292-318) relate la conversation du journaliste avec le grand patron. D’emblée, l’auteur avoue : « Il ne m’a pas fait de grandes révélations » (p. 294). En effet, J. Raes le dit nettement : « Comment un service qui recueille des renseignements doit-il rester discret tout en étant absolument transparent ? » (p. 295). Plus loin : « Je suis un légaliste dans ce domaine. Certaines informations sont tout simplement classifiées et, à côté de cela, la loi prévoit que nous pouvons les partager avec [les personnes qui ont reçu une habilitation de sécurité] » (p. 297).

L’auteur rapporte en détail (p. 113-118) ses contacts avec Stefaan De Clerck, ancien ministre de la Justice (1995-1998 et 2008-2011). « [Les membres de la SE] communiquent trop peu. Ils aiment se cacher derrière toutes sortes de lois [!] liées à la confidentialité » (p. 114). Communication : le grand mot est lâché. Très critique, l’ancien ministre est lucide : « Ils ne sont jamais vraiment transparents, même pas avec le ministre » (ibid.) ! La SE dépend de la Justice. Naïf ? « De Clerck rit [qui a] également demandé : ‘Allez, où se trouve mon dossier ?’ […] À chaque rencontre avec Albert Raes, à l’époque [1995] patron de la SE, il m’a fait sentir que la SE détenait un dossier sur moi […] ce jour-là, j’ai ressenti une immense douleur dans le dos » (p. 115).

Plus sérieusement, il y a la base de données de la SE, à laquelle l’auteur a eu un « accès indirect », par l’intermédiaire de la Commission de protection de la vie privée (p. 119-123 et 217-221), non sans s’interroger sur l’existence de « dossiers réservés » (p. 124).

Que sait-on ?

L. Bové cite de larges extraits d’un rapport du Comité R sur des politiciens « impliqués » (p. 103-110). Un scoop ? Il s’agit de contacts que des ministres ont pu avoir ou de menaces dont ils firent l’objet, mais l’auteur a-t-il raison d’évoquer au préalable « un intérêt mal placé [de la SE] à contrôler les faits et gestes des politiciens élus par la population » (p. 104) ? Le contenu de ces rapports ne peut, à nos yeux, être significatif que croisé avec d’autres informations. Aucun nom propre n’est évidemment retranscrit. L’auteur s’étend sur le Comité R (p. 147-148, 222 sq., etc.), mais le lecteur en retire l’impression que, contre vents et marées du contrôle démocratique, la SE reste égale à elle-même.

L. Bové a l’air d’instruire un dossier à charge, car les critiques négatives de la SE et les doutes sur la légalité de son fonctionnement sont récurrents, certains diront : osés. Quelques exemples. « Un service secret peut sortir un peu des sentiers battus, mais il reste un service public qui doit rendre des comptes » (p. 169). « Les services extérieurs [sur le terrain, par rapport aux analystes des services internes étudiant les données brutes recueillies sur le terrain, p. 333] ne peuvent jamais parler aux journalistes. J’ai dû les rencontrer dans le plus grand secret » (p. 278). « C’est avec l’idée que la culture du secret ne doit plus être une culture du mystère que j’ai commencé cette enquête en 2014 » (p. 328). L’opposition entre secret et mystère est un effet de style (dans un ouvrage qui souffre de quelques négligences de forme : « il ou elle », p. 147, copié de l’anglais ; « … ne sont, bien sûr, pas des agents », p. 165, etc.).

La persévérance de l’auteur lui a fait récolter nombre d’informations. Le lecteur lira sans doute avec profit ce que sont les relations de la SE avec la NSA (National Security Agency, États-Unis) et les services de renseignement de l’Union européenne, comment la SE suit les sectes et encore : le contre-espionnage scientifique et industriel, les menaces nucléaires et bactériologiques, le transfert des technologies, le terrorisme, les rapports avec les magistrats et la police… Le souci louable d’informer est à relever.

L. Bové évoque surtout les vingt dernières années. Il y a des allusions aux années 1980. « Sous la direction d’Albert Raes [1977-1990], la SE a connu ses heures les plus sombres […] Ajoutons toutefois qu’en réunissant des informations cruciales sur les attentats perpétrés par les Cellules Communistes Combattantes (CCC), le service a également enregistré d’importants succès pendant cette période » (p. 53 ; même remarque p. 331). « Dans les années 1980, l’affaire concernant l’implication d’un commissaire de la SE dans le groupe paramilitaire d’extrême-droite Westland New Post a provoqué d’importants ravages au sein du service » (p. 54) 4. Un livre récent, non cité par L. Bové, désigne Christian Smets, commissaire à la SE depuis 1979 5. Simple hypothèse : croiser ce livre récent avec d’autres faits que rapporte L. Bové donnerait plus de précisions. Exemples. « Il subsiste toujours des insinuations selon lesquelles la SE aurait été impliquée […] dans les tueries sanglantes de la Bande de Nivelles, qui ont coûté la vie à 28 personnes dans les années 1980 » (p. 52) 6. Les ennuis du baron de Bonvoisin, mis dans cette perspective, seraient sans doute éclairés 7.

L’enquête montre ses limites. Un lecteur non averti y puisera certes de nombreuses informations ; le contre-exemple vient d’en haut, puisque la plupart des politiques eux-mêmes ne savent pas ce qu’est la SE (p. 23) et telle ministre « a redemandé un rapport secret à la SE, car elle ne le retrouvait plus. Ça les a rendus fous de rage dans le service. La méfiance envers la ministre s’est encore aggravée lorsqu’elle a divulgué un rapport secret de la SE à la presse en 2013 » (p. 116).

L’auteur voulait que la SE ne cultive plus le mystère (p. 328, citée plus haut), il voulait sortir de la quadrature du cercle (respecter la loi de la transparence – ne pas anéantir le renseignement en divulguant une information sensible). Il s’interroge : « Ai-je été capable de percer les secrets du deuxième service de enseignement le plus vieux du monde [après celui du Vatican] ? » Il poursuit : « Je pense que oui. » Le point d’interrogation, cependant, nous semble toujours de mise. Le tableau du fonctionnement de la SE apparaît sombre, le ton est parfois incisif. L’auteur pouvait-il tout dire ? Le dernier chapitre rapporte l’efficacité de la SE lors de la neutralisation et de l’élimination des terroristes à Verviers, le 15 janvier 2015. Ce chapitre est intitulé épilogue : le mot est bien choisi, tourné vers l’avenir.



Picrate.


1  Rappel. Le Soir 23-24.V.1990 : Jean Gol à la Chambre : « Ni la Sûreté ni ses fonctionnaires n’apparaissent comme impliqués dans les tueries du Brabant ».
2  
Cette fois, les responsabilités des tueries et attentats remontent à un ministre, Jean Gol, et au patron de la SE, Albert Raes, ce qui n’était pas le cas dans G. Bouten, Tueries du Brabant. Le dossier. Le complot. Les noms, Bruxelles et Paris, Éditions de l’Arbre, 2009.
3  Jaak Raes, administrateur de la Sûreté de l’État depuis le 28 mars 2014 ; propos recueilli par Lars Bové, Les secrets de la Sûreté de l’État. Enquête sur une administration de l’ombre, Tielt, Lannoo, 2015, 351 p. (p. 317).
4  Cf. p. 81 : « Personne à la SE ne peut infiltrer un milieu undercover, surtout après le cauchemar que la SE a vécu avec l’affaire précédemment citée du Westland New Post. »
5  Gérald Damseaux (ancien inspecteur à la SE), Les années noires vous intéressent ? Témoinage, Paris, Société des Écrivains, 2014, 629 p. (spéc. p. 216, 334, 338, 344, 348, 349, 553). Voir notre recension ci-avant, p. 16-17.
6 Voir Damseaux [n. 3], p. 619-627.
7  Ibid., p. 289, 309, 330.

lundi 8 février 2016

Franz Adam: quelques éléments de biographie.


Franz Adam, photo dédicacée : « Heil Hitler, 
13 novembre 1932 »
Onzième enfant du peintre Emil Adam et de l’actrice Josefa Wurmb, Franz Josef Johannes Maria Adam est né le 28 décembre 1885 au domicile de ses parents, dans la Schanthalerstrasse, à Munich.

Après de brillantes études secondaires, il entre, en 1903, à l’Académie Royale de Musique de Munich, où il étudie la clarinette, le piano, la composition ainsi que la composition auprès du grand chef wagnérien Félix Mottl. En 1912, il épouse la pianiste Magdalena Nikisch, dont il aura deux enfants, Annemarie et Luitpold, mais dont il se séparera au début des années 30.

Franz Adam entame sa carrière professionnelle dans l’orchestre de l’opéra de Munich où il est clarinettiste à l’occasion du Festival Wagner de 1910. Par la suite, il sera répétiteur des chœurs et « Kapellmeister » dans de plus modestes institutions, comme Altenburg, Giessen, Bad Ems et Ragaz bei St. Gallen. En 1914, il s’engage –tout comme un certain Adolf Hitler– comme volontaire dans l’armée bavaroise.

Après la guerre, il participera à la fondation de l’Orchestre de radiodiffusion de Munich (aujourd’hui le renommé Bayerischer Rundfunk Symphonieorchester) dont il sera le premier chef. Il le quittera à la fin des années 20 car, national-socialiste convaincu (sa carte de membre du parti porte le numéro 348.967 et la date du 1er janvier 1930), il souhaite doter Munich, « Capitale du Mouvement » de son propre orchestre national-socialiste. Et ce, dans le but de rendre aux nombreux excellents musiciens du sud de la Bavière au chômage non seulement un travail, mais un but culturel et social qui soit partie prenante du combat du Parti.

Le premier concert, triomphal, du Nationalsozialistischen ReichsSymphonieorchester eut lieu, le 10 janvier 1932, au Cirque Krone de Munich. Au programme de la formation des 72 musiciens, pionniers de l’orchestre : l’Ouverture d’Obéron de Carl-Maria von Weber, l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner et la Quatrième Symphonie « Romantique » d’Anton Bruckner.

C’est le 10 juillet 1932 que l’orchestre joua pour la première fois devant Adolf Hitler. C’était au Kursaal de Berchtesgaden, à l’occasion des Groß-Deutschen-Tages. Le concert était en fait prévu la veille, 9 juillet, mais les conditions météorologiques épouvantables empêchèrent la voiture du Führer de descendre la route des montagnes.

Franz Adam a rendu compte de l’événement en écrivant: « Notre orchestre se réjouit de remplir sa mission de concert en concert : chaque soir, sur scène, il mène un nouveau combat et emporte une nouvelle victoire pour la cause sacrée de notre Führer. La seule chose qui nous affligeait était que notre Führer, toujours absorbé par son combat, n’avait pas encore pu nous entendre. Jusqu’à ce que, ce mardi matin, dix minutes après la fin des répétitions, je reçoive une communication téléphonique m’annonçant que le Führer voulait entendre notre orchestre le lendemain soir à l’occasion des Grandes Fêtes Allemandes de Berchtesgaden… Nous allons à Berchtesgaden dans l’enthousiasme indescriptible de tous les musiciens. Mais au début du concert, le Führer n’était pas encore arrivé à Berchtesgaden. Le chef des sections locales annonça alors au public que “le Führer viendrait directement sur place car il était fort retardé par les pluies diluviennes”. Je voyais les visages déçus de mes camarades, mais je les savais endurants… Le soir, vers 23h30, nous parvint un ordre téléphonique de l’Obersalzberg : le concert devait être répété le soir suivant. Et ce soir-là, qui allait être pour nous inoubliable, le Führer fut déjà dans la salle dix minutes avant le début du concert. Je montai sur scène et fixai mes musiciens pour les encourager tout en sachant que chacun allait donner le meilleur de lui-même. A la fin du concert, le Führer traversa les rangs du public en compagnie du camarade de parti Hess, jusqu’au podium. Je vins à sa rencontre. Il me tendit la main en me regardant profondément dans les yeux et me dit avec cœur : “Adam, je vous remercie !”. Je lui répondis : “Non, mon Führer, c’est moi qui vous remercie au nom de tout l’orchestre.” Le Führer ne me lâcha pas la main avant de déclarer : “A partir d’aujourd’hui, je m’engage personnellement envers mon orchestre !” »

Franz Adam (à gauche, tenant une baguette) avec quelques
musiciens
de l’orchestre de la radio de Munich, lors 
d’une séance de lecture de partition.
Franz Adam avait dirigé l’Orchestre Symphonique National-Socialiste du Reich dans la Quatrième Symphonie « Romantique » de Bruckner, si chère au cœur du Führer. Mais elle fut interprétée de manière tellement impressionnante que toute l’assistance en fut bouleversée et que le Führer remit spontanément au chef d’orchestre le bouquet de roses qu’il avait reçu à son arrivée au Kursaal

Dès le lendemain, un communiqué fut publié annonçant que l’orchestre serait désormais utilisé dans tout le Reich pour le rayonnement de la politique culturelle car « il est évident que de pareils concerts exercent une force d’attraction exceptionnelle et produisent une plus puissante impression que les réunions habituelles qui risquent de saturer le peuple ».

Quelques semaines plus tard, Adam rencontra à nouveau Hitler à Munich qui l’encouragea à faire de sa formation l’orchestre itinérant pour le développement de la culture du peuple, qu’il avait imaginé dans sa jeunesse. L’orchestre se mit immédiatement à l’ouvrage, sillonnant tout le Gau de Munich-Oberbayern: l’ « Orchestre du Führer » permit, à chaque concert, de drainer des foules immenses, bien au-delà du cercle des membres du parti.

Après la prise de pouvoir en 1933, Franz Adam devint responsable de la section « Musique et Cinéma » de l’Office culturel de Munich, en même temps que de l’Orchestre Philharmonique de Munich. Cependant, son engagement total dans le développement de l’Orchestre Symphonique National-Socialiste du Reich ne fit de ces fonctions que des titres honorifiques.

C’est ainsi que l’ « Orchestre du Führer » participa activement à l’animation musicale du Congrès (Reichsparteitage) de Nuremberg en 1933, 1934 et 1935 (créant, notamment, la Festmusik du compositeur national-socialiste Albert Jung), avant de permettre aux autres orchestres du Reich – de plus grand renom– de s’y produire (Gewandhausorchester de Leipzig, Berliner Philharmoniker, Münchener Philharmonische Orchester, Wiener Philharmoniker,…).

En 1937, le nom de l’orchestre fut simplifié en Orchestre Symphonique National-Socialiste : il était alors présent sur tous les fronts culturels, donnant des concerts dans tout le Reich et à travers toute l’Europe, dans les réunions de la Jeunesse, dans les usines, les hôpitaux, au cours de manifestations du Parti ou d’autres circonstances politiques.

Parmi les compositeurs contemporains –aujourd’hui rejetés dans l’oubli – dont il joua ou créa les œuvres, on peut citer Hermann Blume, Josef Reiter, Paul Höffer, Karl Höller, Friedrich Jung, Paul Scheinpflug, Max Seeboth, Rudolf Stephan ou Max Trapp.

Franz Adam adhéra à la Sturmabteilung (SA) en 1933 ; en 1939, il en fut nommé Sturmhauptführer et en 1942, Sturmbannführer. En tant que responsable des questions musicales auprès de l’équipe des « conseillers du Führer », il avait un rang de direction à la NSDAP. Il était également conseiller présidentiel de la Chambre Musicale du Reich et membre du Sénat de la Chambre Culturelle du Reich.

Le 5 décembre 1941, il se remaria avec l’actrice Lieselotte Schmidt.

En août 1945, Franz Adam fut arrêté par les Américains à Garmisch-Partenkirchen et interné pendant trois ans dans différents camps où il perdit la santé. Privé de toute possibilité d’exercer son art, il accepta encore de donner quelque temps des cours de théorie musicale dans une école de musique américaine à Dachau. Il termina sa vie dans le dénuement total et, victime d’un accident vasculaire cérébral, il mourut à Munich, le 21 septembre 1954.

L’œuvre de Franz Adam en tant que compositeur est importante: de nombreux Lieder et œuvres chorales, de la musique de chambre et pour orchestre à cordes ainsi que des poèmes symphoniques, de la musique de scène et une Symphonie en fa mineur. Si certaines œuvres furent interprétées par l’Orchestre Symphonique National-Socialiste et probablement également enregistrées en même temps que certains concerts, aucune ne fut jamais diffusée par le disque.

(Source principale : Bayerisches Musiker-Lexikon Online)


Annonce d’un concert du « NS-Symphonie-Orchester » dans la presse d’Innsbruck. Organisé par le Gau Tyrol-Voralberg de la NSDAP, le Front Allemand du Travail et la Communauté Nationale-Socialiste « Kraft durch Freude », le concert –dirigé par le second de Franz Adam, Erich Kloss (1898-1967)– programmait la 88e Symphonie de Josef Haydn, la 5e Symphonie de Tchaïkovski et le 5e Concerto pour piano et orchestre de Beethoven (soliste : August Leopolder, 1905-2006)