samedi 20 février 2016

Paul Durand, "Guide dissident de l’Allemagne et de l’Autriche"


Il existe certes déjà des guides, des monographies ou des sites internet commentant les reliquats architecturaux ou artistiques du national-socialisme (pensons à la collection des petits guides « Pastfinder » consacrés à Berlin, Munich ou Berchtesgaden ou au site très documenté www.thirdreichinruins.com), mais rien (ou pratiquement rien) n’est jamais en français ! Et là, c’est la mine d’or qui s’ouvre généreusement à notre curiosité !...

D’autant plus qu’une attention toute particulière est portée à l’art: bien entendu à l’architecture, à l’urbanisme, à la sculpture, à la peinture mais aussi –fait rare méritant d’être souligné –, à la musique du IIIe Reich, à ses compositeurs et à ses interprètes !


C
ertes, il y a des imperfections (dans certaines descriptions), des approximations (dans la façon de parvenir à certains sites), des erreurs (dans les présentations ou les adresses de certains monuments), mais tout cela est très véniel par rapport au travail colossal qui nous est ici présenté (et puis : il ne faut pas hésiter à envoyer à l’auteur toutes corrections, suggestions, additions pour une indispensable nouvelle édition !).

R
ien ne vaudra mieux, pour vous mettre l’eau à la bouche, que de vous donner la présentation de son travail par l’auteur lui-même, grand voyageur curieux de tout ce qu’on veut désormais nous cacher, passionné d’histoire –la vraie, débarrassée du « politiquement correct »– et profondément altruiste, ce dont nous ne pouvons que lui être profondément reconnaissants!

En 1937, Adolf Hitler lors de l'inauguration du buste
d'Anton Bruckner au Walhall de Regensburg.

Comptant plus de 300 photos inédites et 28 cartes, ce guide dissident de l’Allemagne et de l’Autriche est unique en son genre: il n’a strictement rien à voir avec aucun des guides de voyage publiés à ce jour. En effet, ce guide ne s’intéresse qu’à ce qui est passé sous silence par les autres guides. Il sera le premier guide en français à vous faire découvrir une Allemagne dont vous rêviez peut-être mais dont vous n’aviez jamais réussi à entendre parler de manière précise. Une autre Allemagne, aujourd’hui ensevelie sous les ruines du politiquement correct et de la perte de mémoire voulue par les vainqueurs. Totalement indépendant, sans parti pris et sans porter de jugements a posteriori, ce guide vous dévoilera des lieux autrefois célèbres, mais aujourd’hui oubliés, des monuments dont on a souvent rasé les fondations, des hommes qui furent des héros en leur temps et considérés comme des criminels par la suite. […] Extrêmement précis et richement illustré, il sera votre compagnon de route pour un voyage vraiment initiatique.


Paul Durant, Guide dissident de l’Allemagne et de l’Autriche
Editions Facta, 2014, 26€. Librairie Facta, 4 rue de Clichy, F-75009 Paris.
Courriel: librairiefacta@wanadoo.fr
http://librairie-facta.com


Léon Degrelle et le nationalisme flamand Les accords Rex-VNV de 1941



V. Le point de vue de Raymond De Becker



Raymond De Becker (1912-1968)
Voici l’éditorial que les « accords Rex-V.N.V. » ont inspiré à Raymond De Becker, auteur de Pour un ordre nouveau (1932) et nouveau rédacteur en chef du journal Le Soir, premier quotidien à avoir été autorisé à reparaître par les autorités allemandes d’occupation.

En lisant pareil texte, qui flingue en réalité l’initiative degrellienne, on ne peut que constater la volonté de De Becker d’enfiler les pantoufles de l’ancien Soir, affectant de toujours se trouver au-dessus de la mêlée et donnant ses leçons à tout le monde. En réalité, De Becker, évincé du Conseil politique de Rex en janvier 1941, après l’éditorial de Léon Degrelle saluant en Adolf Hitler le libérateur de l’Europe (voir blog Dernier Carré – Léon Degrelle en date du 18 mars 2016 : "Les Journaux de guerre": ça n’en finira jamais... Léon Degrelle, toujours dans le collimateur du CEGESOMA !), tout comme le fit Henri De Man dès le 28 juin 1940, poursuit Léon Degrelle d’une vindicte toute personnelle, s’obligeant à imaginer des alternatives politiques fantômatiquement inexistantes et à prêter au chef de Rex des sentiments antiroyalistes que toutes ses déclarations démentent explicitement…
L’intérêt de l’analyse de De Becker se trouve essentiellement dans l’évocation de la pertinence et de la cohérence de la politique rexiste concernant la question flamande… jusqu’au moment où lui-même quitte le mouvement.





En marge de l’accord Rex-V.N.V.
L’avenir de notre politique intérieure

L’accord qui vient d’être signé entre les dirigeants du mouvement rexiste et ceux du nationalisme flamand constitue une étape normale de notre vie politique intérieure. En effet, ainsi que nous avons eu maintes fois l’occasion de le remarquer, cette vie politique étant nécessairement réduite et limitée du fait de l’occupation militaire, il est inévitable que les seuls actes politiques posés au grand jour le soient par les formations autorisées et que celles-ci cherchent à profiter le plus possible de la situation présente pour prendre des gages sur l’avenir et se mettre dans la situation la plus favorable pour le moment où interviendra un changement dans le statut politique du pays. Il est normal également que ces formations, jusqu’ici dispersées et se rendant compte du peu d’encouragement qu’elles rencontrent auprès de l’opinion publique et même auprès des partisans de l’ordre nouveau, cherchent à réunir leurs efforts et à s’épauler mutuellement. Dans cette perspective et jusqu’à nouvel ordre, les fusions et accords politiques qui peuvent être réalisés entre elles n’engagent que leurs propres dirigeants et ne possèdent aucune signification officielle, que ce soit du point de vue des autorités légitimes de notre pays se trouvant dans l’impossibilité momentanée de se manifester ou du point de vue des autorités de fait, belges ou allemandes, exerçant présentement le pouvoir.

La situation nouvelle en pays flamand
À vrai dire, le nouvel accord Rex-V.N.V. se révèle surtout important pour le pays flamand. C’est là, en effet, que l’on pouvait parler d’une dispersion des groupements politiques : le parti nationaliste flamand y avait à faire face à deux concurrents. Rex-Flandre et le Verdinaso, fondé par Joris Van Severen. Ce sont ces deux concurrents qui sont aujourd’hui éliminés : leurs dirigeants, par une capitulation honorable, renoncent à exercer leur action propre et rentrent dans le V.N.V. dont ils feront désormais partie du Comité de direction, sous la houlette de M. Staf Declercq. Celui-ci emporte donc un succès estimable puisqu’il se voit devenir le chef incontesté du mouvement politique flamand, tel qu’il peut se manifester aujourd’hui.

Pour justifier l’abandon de son action en pays flamand, M. Degrelle a émis des considérations de principe que l’on ne peut qu’approuver. Il a déclaré en substance que les milieux romans de Belgique doivent s’habituer à l’idée de ne plus régenter d’une manière ou de l’autre la vie flamande. Les Flamands doivent décider eux-mêmes de leur destin et c’est à eux qu’il appartient de se prononcer, en toute autonomie, pour ou contre la Belgique, pour ou contre une cohabitation avec les Wallons. M. Degrelle qui, lui, croit à la nécessité d’une collaboration des Flamands et des Wallons au sein d’un Etat commun sous l’égide du Roi, a jugé que la meilleure manière de permettre à nos compatriotes thiois de se prononcer sur l’avenir était de mettre fin aux compétitions se manifestant entre les groupes minoritaires et de faire confiance au développement naturel d’un mouvement nationaliste flamand élargi ainsi qu’au bon sens politique de M. Staf Declercq.

Flandre et Belgique
Que M. Degrelle ait posé un tel acte de confiance, on ne peut s’en étonner puisque, dès 1936, des liens sentimentaux s’étaient noués entre les deux partis d’opposition : Rex-V.N.V. L’accord conclu à cette époque souleva dans tout le pays une hostilité que l’on peut, à distance, juger assez puérile. Nul doute que les dirigeants rexistes avaient fait preuve, à cette occasion, de hautes intentions patriotiques et que l’affaire, malgré les équivoques qui l’entouraient, se présentait en des termes plus favorables qu’aujourd’hui. Il suffit de se rappeler la présence des leaders flamands aux meetings rexistes, chantant la Brabançonne avec tous les assistants pour se rendre compte qu’un événement nouveau s’était produit qui aurait pu avoir les conséquences les plus heureuses pour l’unité de la Belgique. Malheureusement, les tentatives de rapprochement ainsi entreprises de même que celles qui furent accomplies d’un autre côté par P.-H. Spaak furent systématiquement dénaturées et sabotées par une presse en délire, par des politiciens irresponsables et par des groupements d’anciens combattants dont la lucidité politique n’était pas égale aux intentions patriotiques.

Aujourd’hui, on ne peut espérer revoir des spectacles analogues à ceux de 1936. M. Staf Declercq n’a fait aucune déclaration qui puisse donner la moindre garantie aux partisans d’un Etat fédéral belge. Il ne s’est prononcé ni sur la cohabitation des Flamands et des Wallons, ni sur le problème de Bruxelles, et le passage de son discours où il reconnaît aux Wallons « le droit à la vie et le droit au développement populaire » ne précise en aucune manière comment il entend concilier ces affirmations théoriques avec les revendications de certains membres de son parti au sujet de la Wallonie, « espace vital du peuple flamand ». Si l’on ajoute à cela les nombreuses variations de M. Staf Declercq, tant dans le domaine de la politique étrangère que dans celui de la politique intérieure, l’on comprendra que tous ceux qui n’ont pas avec lui les même attaches sentimentales que M. Degrelle, se montrent fort réservés quant à l’avenir et puissent s’étonner de ce que les rexistes flamands n’aient pas obtenu les précisions souhaitables avant d’abandonner leurs organisations et leur activité propre.

À n’en pas douter, M. Degrelle estime que ses anciens partisans parviendront, au sein même du V.N.V., à faire prévaloir les conceptions qui sont les leurs. Il se dit certainement qu’à côté des éléments fanatiques et antibelges qui se trouvent dans le parti nationaliste flamand, il existe des hommes politiques sérieux qui, tels MM. Romsée, Leemans ou Elias, sont capables de tenir compte des réalités historiques et de ne pas faire aux Wallons ce que l’on fit autrefois aux Flamands. Il espère vraisemblablement trouver en ceux-ci des alliés, de telle sorte que la coopération Rex-V.N.V. puisse devenir un jour totale. Ce sont là des opinions dont seul l’avenir pourra démontrer le bien-fondé. Mais quoi qu’il en soit, par l’accord conclu, une situation de fait est créée en pays flamand dont il faudra tenir compte à l’avenir. Certes, des forces politiques flamandes existent encore en dehors du V.N.V. et nous sommes convaincus qu’elles se manifesteront un jour d’une manière ou de l’autre : la jeunesse flamande notamment cache des forces qui s’orienteront dans un sens que ne peuvent soupçonner aujourd’hui les dirigeants d’un ancien parti d’opposition. Mais ces forces qui amèneront peut-être la naissance d’un véritable national-socialisme flamand, devront de toute manière compter avec le rassemblement actuel et devront vraisemblablement se manifester en son sein même.

La situation dans les provinces romanes
L’importance que l’accord conclu donne en pays flamand au rassemblement de M. Declercq n’a pas son équivalent dans les provinces romanes. Le rexisme ne se trouve nullement augmenté par l’événement puisque la dissolution de la section romane du mouvement Dinaso n’a qu’une signification théorique, cette section n’ayant jamais eu qu’une existence confidentielle. Le seul avantage concret que le mouvement rexiste retire de son accord avec le V.N.V. est la promesse que lui fait celui-ci de le reconnaître comme parti correspondant au sein de la Wallonie.

Il faut donc s’attendre à ce que les nationalistes flamands soutiennent les candidats rexistes aux postes de gouverneur, de bourgmestre dans les administrations centrales ou provinciales. On ne peut sous-estimer l’avantage de ce partage d’influences, mais l’on peut légitimement craindre que la nouvelle clientèle ainsi acquise au parti rexiste ne sera qu’une clientèle alimentaire, analogue à celle dont disposaient autrefois les partis catholique et libéral, prête à toutes les trahisons et n’ayant aucune signification révolutionnaire.

Il serait, en effet, vain et dangereux de ne pas voir, à ce propos, la situation dans les provinces romanes telle qu’elle se présente en réalité. Malgré ses efforts, malgré des déclarations patriotiques que l’on ne peut qu’approuver, M. Degrelle et son parti ne sont parvenus ni à conquérir l’opinion publique ni même la majorité des partisans d’un ordre nouveau. Trop d’erreurs ont été commises dans le passé et le sont encore aujourd’hui pour qu’une confiance sans réserve puisse être accordée. D’autre part, il est incontestable que ce que l’on attend partout est vraiment une organisation nouvelle, accueillant avec confiance les collaborations les plus diverses, donnant toutes les garanties au point de vue national et dirigée par des hommes neufs et désintéressés. Que le rexisme ne puisse prétendre à être, comme tel, cette organisation, c’est là une vérité élémentaire qui rencontrera l’adhésion, non seulement de la masse de l’opinion publique, mais encore de la majorité des partisans d’un ordre nouveau. De ce fait, toute prétention rexiste à représenter le parti unique pour les provinces romanes, ne correspond, dans les circonstances présentes, ni à la réalité populaire, ni à la réalité révolutionnaire, pas plus qu’elle ne correspond à aucune consécration officielle, de quelque nature qu’elle soit.

Que faire ?
Cela signifie-t-il, comme le voudraient certains théoriciens de l’action, qu’il faille faire table rase du rexisme ? Ce serait une folie et une erreur politique. Quelles que soient les réserves que l’on puisse faire à l’égard du mouvement rexiste et de son chef, il faut reconnaître que l’un et l’autre ont suivi, depuis des années, une ligne politique claire et nette dont les événements ont confirmé la justesse fondamentale. M. Degrelle et son parti ont défendu avec acharnement, et malgré la coalition d’adversaires puissants et souvent de mauvaise foi, des idées qui sont aujourd’hui admises par tous les esprits politiques sérieux. Ses intempérances de langage, ses erreurs tactiques, son peu d’aptitude au commandement réel ne peuvent faire oublier ses grandes qualités de visionnaire politique, d’entraîneur d’hommes, de lutteur et de propagandiste. Ne pas tenir compte de l’apport précieux qu’un homme comme M. Degrelle puisse apporter au pays ou du capital révolutionnaire que représentent un grand nombre de ses partisans serait tout à la fois commettre une erreur politique et une mauvaise action. Les questions personnelles doivent aujourd’hui céder le pas au service du pays. Les hommes qui entreprennent le redressement de la patrie ne sont pas si nombreux qu’ils puissent se permettre le luxe de se lancer des exclusives à la tête. Malgré les sacrifices de convenances ou d’amour-propre que la chose nécessite, il importe que tous ceux qui ont au cœur l’amour de leur pays travaillent aujourd’hui en équipe à l’action nécessaire.

Mais cela même suppose que M. Degrelle fasse, lui aussi, preuve d’un tel esprit d’équipe et se rende compte que toute prétention au monopole de la représentation politique ou à la direction politique unique dans les provinces romanes est, pour l’instant, insupportable ou, à tout le moins, prématurée. De nombreuses forces d’ordre nouveau existent en dehors du rexisme et se manifesteraient clairement si elles en avaient l’autorisation. C’est à la fois sur elles et sur le rexisme qu’il faudra bâtir pour créer l’organisation politique de l’avenir. Le jour où la rencontre de ces forces sera faite et où les personnalités les plus représentatives du pays ralliées à l’ordre nouveau collaboreront dans un esprit de camaraderie au sein d’une équipe commune, le problème du chef se résoudra de lui-même : l’homme qui se sera imposé par le travail et la valeur à tous ceux qui, au début, étaient ses paires, sera le chef que tout le monde reconnaîtra naturellement. Ce chef sera peut-être M. Degrelle. Il sera peut-être quelqu’un que personne ne connaît aujourd’hui. Mais en attendant qu’il se révèle, nous ne reconnaissons à personne le droit exclusif de parler au nom du pays, sinon au Chef qui nous a sauvés et dont le silence ne peut nous faire oublier les devoirs que nous avons envers lui.

Raymond De Becker
Le Soir, 13 mai 1941.

Gabriele Adinolfi, ”Années de plomb et semelles de vent – 20 ans de cavale!”

Dans ce livre de souvenirs, tout empreint de l’humour qui permet de se rappeler avec une distance rassérénée les événements parfois tragiques de l’existence, mais aussi de la sagesse que donnent la culture et l’expérience, et de la puissance des convictions qui trempe le caractère et force l’adversité, Gabriele Adinolfi trace la chronique des « années de plomb » qui s’abattirent sur l’Italie des années 80 et qu’il traversa quasiment avec les « semelles de vent » que Verlaine prêta au visionnaire implacable que fut Rimbaud.

Se succèdent ainsi les anecdotes souvent drôles par le pittoresque des péripéties, mais émouvantes aussi par la tendresse et la candeur qu’elles débusquent dans les âmes des « fascistes » les plus burinés, et les portraits toujours pertinents, aux traits finement observés.

Nous ne résistons pas au plaisir de retranscrire ces quelques lignes consacrées à Léon Degrelle, le « Lion en exil » :

Octobre 1982. […] Chemisette blanche à manches courtes immaculée, cheveux impeccablement plaqués en arrière, Léon Degrelle, le chef rexiste, nous reçoit chez lui, Walter Spedicato et moi. Très aimablement, il nous demande qui nous sommes et d'où nous venons. L’homme ne mesure pas plus d’un mètre soixante-quinze et pourtant il nous paraît grand.

« L’histoire de votre mouvement est passionnante, nous dit-il, mais ce n’est rien, hélas, face à notre tragédie. Nous rêvions à quelque chose de grand et, juste au moment où nous tenions le monde dans nos mains, nous en avons été privés. Quelle déception ! Ce qu’il y a de terrible dans la défaite, c’est l’impuissance… »
Ses yeux noirs nous fixent intensément. Il serre ses deux poings, ses mains, belles et soignées, blanchissent. Tout son être est tendu, comme au temps où ce « dompteur de foule » électrisait les milliers de personnes massées au Palais des Sports de Bruxelles.

Pendant trois heures, celui qui entraîna deux mille Wallons (1) aux confins du Caucase nous rapporte la saga de Rex et de la division SS Wallonie, depuis son engagement comme simple soldat en juin 1941 jusqu’à la remise des Feuilles de Chêne par le Führer, une des plus hautes décorations allemandes. Son palmarès n’est pas mince : Médaille d’Or des corps à corps, soixante-deux combats homologués, trois fois blessé.

Puis le discours du Volksführer Degrelle se fait poignant quand, tel César dansLa Guerre des Gaules, il nous vante le courage de « ses » Belges.

« – Un Wallon vaut mille soldats » leur avait dit le général-colonel Steiner à Dorpat après leur avoir distribué deux cents Croix de fer.
Puis d’un rire éclatant qui dévoile de très belles dents blanches, Degrelle ajoute avec bonhomie :

« – C’était un peu beaucoup, mais on a tout de même fait de la fameuse besogne ! »

L’extraordinaire chez cet homme ne tient pas seulement à la légende, écrite de son sang, mais à la puissante vitalité qu’il dégage. Deux générations nous séparent de ce condottiere de la Renaissance échappé dans le XXe siècle et pourtant, d’instinct, nous nous sentons proches et fraternels. Eternelle joie et éternelle jeunesse du fascisme.

Nous en venons à aborder la situation présente. Nous sommes, je le rappelle, en 1982. Sept ans avant la chute du mur de Berlin que nul n’entrevoit. Or, voici ce que Léon Degrelle prophétise devant nous :
« – L’ennemi principal c’est celui contre qui nous n’avons pas combattu directement. Ce sont les Etats-Unis avec leur système monstrueux. Vous verrez que la chance pour l’Europe viendra de la Russie, préservée à son niveau élémentaire et barbare par le communisme qui sera, malgré lui, l’incubateur de notre revanche. »


Colleone, Léon, Lion… Dans mon bestiaire imaginaire, le bronze du Volksführer Degrelle est sculpté par Le Verrochio.

Ajoutons seulement que le buste de Léon Degrelle a bien été coulé dans le bronze, mais qu’il n’est pas l’œuvre du sculpteur de la statue équestre du condottiere Colleoni, ni du « Michel-Ange du XXe siècle » Arno Breker, un temps pressenti, mais qu’il a été sculpté par l’artiste flamande Godelieve Vanderick, dans la filiation revendiquée d’Arno Breker qui approuva personnellement son travail. Gabriele et Walter participèrent à la souscription qui le finança (la plaque des « mécènes » au dos du socle de marbre noir porte le nom du fils de Gabriele, Carlomanno Adinolfi) et assistèrent à sa remise officielle, le 20 novembre 1991, au siège du Cercle Espagnol des Amis de l’Europe (CEDADE) de Madrid.

Quelques préceptes judicieux ponctuent le récit, qui furent sans doute les balises nécessaires pour traverser ces « années de plomb » et qui peuvent toujours nous fournir de précieux garde-fous pour résister au vent du politiquement correct.
Exemples :

- « Ce qui exprime au mieux la santé de l’âme : la volonté de puissance et l’allégresse. »
- « Si tu es fasciste, tu crois à l’héroïsme et tu domines ta peur. »
- « L’action est esprit. »
- « L’absence d’allure et de fierté est sans doute le plus grand manque de la jeunesse d’aujourd’hui. »…



1. Nous ne savons d'où l'auteur tient ses chiffres fantaisistes, mais précisons quand même qu'il y eut quelque 8000 engagés volontaires dans la Légion Wallonie; environ 2500 y laissèrent la vie.


Collection « Les Bouquins de Synthèse Nationale », 29 euros (frais de port compris) à verser au compte IBAN : FR 2004 1000 0153 6380 4C02 068 deSynthèse nationale, 116 rue de Charenton, F-75012 Paris.

samedi 13 février 2016

A propos des tueurs fous du Brabant wallon.


On se souvient que, leur enquête pataugeant en pleine mouise, les policiers ne savaient (ne savent toujours pas) quelle orientation donner à leurs recherches sur les « tueurs du Brabant wallon ».

T
ombant sur des fripouilles débiles du quart-monde à la langue bien pendue –la « filière boraine »–, on pensa même pouvoir impliquer… Léon Degrelle !

T
ous ces pauvres types (Michel Cocu, Simon Gevenois, etc.) prétendaient entretenir les meilleures relations avec lui et n’hésitèrent pas à affirmer qu’il finança ces tueries crapuleuses. Contacté en Espagne par la presse, Léon Degrelle ne put que répondre qu’il connaissait de nombreux « cocus », mais que ceux-là, s’essayant à le cocufier en même temps que la police, il se réjouissait de ne pas avoir à les fréquenter !...

A
ujourd’hui que les magistrats se demandent comment prolonger indéfiniment le délai de prescription alors qu’on n’éprouva aucun scrupule ni hésitation, en 1964, pour le prolonger de dix ans pour un seul homme (« Lex Degrelliana »), quelques témoignages originaux paraissent, révélateurs des compétences de nos « James Bond » !

C
’est un ami de Strasbourg, professeur de langue et de littérature grecque et latine, amoureux nostalgique de la prospère « Neustadt », capitale du Reichsland d’Alsace-Lorraine qui nous les présente.



***

Gérald Damseaux, Les Années noires vous intéressent ? Témoignage.
Paris, Société des Écrivains, 2014, 629 p., EUR 26,95, ISBN 978-2-342-02249-0.
www.societedesecrivains.com


Le nom de l’auteur dans le livre, « Le Doul », inspecteur principal à la Sûreté de l’État (SE) où il est entré en 1974, est un surnom. Ses collègues sont très souvent désignés par un surnom (p. 623) et celui de l’auteur, qui a l’habitude de faire attendre le lecteur, est expliqué loin dans l’ouvrage, à un moment où il subit une nouvelle avanie de ses supérieurs: « Doul a Le Douloureux privilège... » (p. 578).

Le titre et la couverture IV annoncent le sujet principal : le WNP (Westland New Post), les tueries du Brabant et les CCC (Cellules Communistes Combattantes). Or, le récit déborde largement l’annonce et prend la forme de mémoires (depuis l’athénée, l’université [Droit] et l’armée [candidat officier de réserve]). Arrivé à la retraite et estimant sa carrière ratée, l’auteur règle des comptes.

Presque tous les membres de la SE sont tournés en dérision : inconséquences, naïveté (dans le renseignement !), ambiguïtés. La cible préférée est l’administrateur général, de 1977 à 1994, Albert Raes : un crétin (p. 81 ; cf. p. 45, 90, 141, 281, 282), mais dont il faut se méfier (p. 76 : recel d’armes). Les autre agents : « abruti complet » (p. 115), « cruche » (p. 196), conducteurs fous (alcoolémie, délits de fuite, rébellions, p. 175)...

Des journalistes sont égratignés, démolis : corrompus tels Walter De Bock, lâchant René Haquin (p. 415) et Serge Dumont du Vif, de son vrai nom Maurice Serfati, juif, informateur de la SE (p. 283-4, 288, etc.), cherchant à couler Le Doul. À la RTBF : Henri Roanne, « apatride d’origine autrichienne », en fait Hans Rosenblatt, juif arrivé en Belgique l’année 1939, dont la demande de grande naturalisation, tardive, ne fut motivée que par l’ambition ; Armand Bachelier (Nathan Seiffmann) a un profil semblable (p. 498-9).

Philippe Moureaux, tout juste ministre de la Justice, visite la SE : la hiérarchie, dans l’extrême urgence, retire toutes les fiches sous ce patronyme. Arrivé au fichier, il demande à consulter sa fiche. « Cet homme de gauche, progressiste entre tous », jubile : la SE ne fiche donc pas les gens de gauche. Visitant ensuite le service de contre-espionnage, le ministre demande ce que la SE sait de tel Soviétique en poste en Belgique ; la fiche mentionne que ce dernier est en contact régulier avec Philippe Moureaux (p. 580-1)…

Le livre suit un ordre chronologique, mais on passe de 1978 à 1986 ; retours en arrière et projections seront dès lors fréquents. Après le chapitre sur les CCC (p. 353 sq.), le récit se concentre sur différentes affaires, l’une après l’autre. La composition fait-elle défaut (je ne parle pas de l’orthographe, souvent fantaisiste) ? L’auteur ne voudrait-il être compris que de ceux qui vont jusqu’au bout d’un récit contorsionné et mettent bout à bout certaines informations ? Le chapitre « Les tueries » (p. 433-8), où l’auteur explique son attente, en grande surface, des tueurs, le vendredi [sic] soir (p. 434), est loin de contenir des révélations.


Sous le couvert de souvenirs amers et de faits rocambolesques, le lecteur découvrira des
allusions, nombreuses et précises, aux « années noires ». Je relèverai ici les plus saillantes.


L’auteur a été traité de « chef des tueurs du Brabant » (p. 244, 249 et 266, par Goffinon et la BSR [Brigade de surveillance et de recherche, Gendarmerie]), de responsable du WNP (par Raes, p. 265-6).

Conclusion provisoire : l’auteur gêne sa hiérarchie, car il sait (p. 255).


L
e WNP ? Le commissaire Christian Smets (« Cricri »), protégé par Raes (p. 338, 560), a des liens étroits avec ce groupe terroriste (p. 216, 334, 338, 344, 348, 349, 553, etc.). Jean Gol, ministre de la Justice, n’a alors pas « fait le ménage » au sein d’une SE « impliquée dans les turpitudes du WNP » (p. 215)
1.

D’autres personnages sont évoqués et rapprochés les uns des autres : Jean-François Buslick (p. 171-6, 229, 242, etc.) ; Buslick, Bouhouche, Beijer et compagnie (p. 307) ; Martial Lequeux du WNP (p. 259) et Bouhouche, Beijer (p. 312, 319). Le BND (Bureau national des drogues, Gendarmerie), l’affaire François et ses suites (p. 317-321).

Les attentats et tueries créaient une tension telle que les pouvoirs de l’État seraient renforcés (p. 389-390, 392). Pour l’auteur, WNP et CCC ont été manipulés et financés. Le Doul se penche sur les irrégularités dans la comptabilité ; exemple avec le Parti Communiste Belge (c’était son domaine à la SE), qui montre la subordination de ce parti à Moscou (p. 616-8) ; application à la SE (p. 611 sq., 621, 627 ; cf. p. 389) : le lien SE, tueries et CCC est plus que suggéré (p. 619-627) par les irrégularités de la trésorerie de la SE 2. Mais s’en prendre au Doul, au baron de Bonvoisin (p. 289, 309, 330) et à d’autres encore pouvait enfumer enquêteurs et opinion publique.


***

Lars BOVÉ, Les secrets de la Sûreté de l’État. Enquête sur une administration de l’ombre.
Tielt, Lannoo, 2015, 351p., EUR 22,50, EAN 9789401425902.

« Je déteste plus que tout les gens qui font la leçon […] ou plus grave encore, ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent 3. »

Lars Bové est journaliste, reconnu pour ses investigations. Le titre de son livre, Les secrets de la Sûreté de l’État, annonce clairement son objet, qui ne peut être compris (et justifié) que dans le cadre de la loi sur la transparence et des difficultés de son application.

Q
ue dit la loi ?

La liberté d’accès aux documents administratifs vient des États-Unis (Freedom of Information Act, 1966) et s’est répandue en Europe. La Constitution belge (art. 32) garantit le droit de consultation des documents administratifs, avec des restrictions. Le 11 avril 1994 fut votée la loi fédérale relative à la publicité de l’administration. L’article 6 du chapitre iii précise : « L’autorité administrative fédérale […] rejette la demande de consultation […] si elle a constaté que l’intérêt de la publicité ne l’emporte pas sur la protection de l’un des intérêts suivants […] 4° : l’ordre public, la sûreté ou la défense nationale. » Avec sagesse, le législateur a donc prévu les difficultés, pour les administrations, à communiquer des documents sensibles. Toutefois, après un refus de communication, un recours est possible auprès de la Commission d’accès aux documents administratifs ; cette Commission n’a cependant pas été reconduite en janvier 2013. Le Comité R, quant à lui, créé en 1993 et dépendant du Parlement, est un organe permanent de contrôle des services de renseignement, SE (Sûreté de l’État) et SGRS, son homologue militaire (Service général du renseignement et de la sécurité).

Comment savoir ?

O
n voit la quadrature du cercle : à partir du moment où, même à huis clos, des informations sensibles sont divulguées, le renseignement est mort. Au contraire, pour L. Bové, « la culture du secret ne doit plus être une culture du mystère » (p. 328). Il faut reconnaître à l’auteur de la ténacité et une certaine habileté pour avancer dans son enquête. Comment s’y prend-il pour percer les secrets de la SE ?

I
l donne très vite l’impression de contacts plus ou moins aisés et réguliers avec des membres, en exercice ou retraités, de la SE (p. 20, etc.), au point de commencer un chapitre (p. 162) sans préciser qui parle ; le lecteur y verra la suite du chapitre précédent : « Un membre de la SE se rappelle les faits » (p. 150). On trouve mieux : « Nous croisons dans le hall d’entrée [Boulevard du Roi Albert II, 6] Jaak Raes, le grand patron de la SE en personne. Je lui adresse quelques mots. Il me tend chaleureusement la main et commence directement à me parler des innombrables e-mails que j’ai adressés à son service pour travailler ensemble » (p. 102). Un chapitre entier (p. 292-318) relate la conversation du journaliste avec le grand patron. D’emblée, l’auteur avoue : « Il ne m’a pas fait de grandes révélations » (p. 294). En effet, J. Raes le dit nettement : « Comment un service qui recueille des renseignements doit-il rester discret tout en étant absolument transparent ? » (p. 295). Plus loin : « Je suis un légaliste dans ce domaine. Certaines informations sont tout simplement classifiées et, à côté de cela, la loi prévoit que nous pouvons les partager avec [les personnes qui ont reçu une habilitation de sécurité] » (p. 297).

L’auteur rapporte en détail (p. 113-118) ses contacts avec Stefaan De Clerck, ancien ministre de la Justice (1995-1998 et 2008-2011). « [Les membres de la SE] communiquent trop peu. Ils aiment se cacher derrière toutes sortes de lois [!] liées à la confidentialité » (p. 114). Communication : le grand mot est lâché. Très critique, l’ancien ministre est lucide : « Ils ne sont jamais vraiment transparents, même pas avec le ministre » (ibid.) ! La SE dépend de la Justice. Naïf ? « De Clerck rit [qui a] également demandé : ‘Allez, où se trouve mon dossier ?’ […] À chaque rencontre avec Albert Raes, à l’époque [1995] patron de la SE, il m’a fait sentir que la SE détenait un dossier sur moi […] ce jour-là, j’ai ressenti une immense douleur dans le dos » (p. 115).

Plus sérieusement, il y a la base de données de la SE, à laquelle l’auteur a eu un « accès indirect », par l’intermédiaire de la Commission de protection de la vie privée (p. 119-123 et 217-221), non sans s’interroger sur l’existence de « dossiers réservés » (p. 124).

Que sait-on ?

L. Bové cite de larges extraits d’un rapport du Comité R sur des politiciens « impliqués » (p. 103-110). Un scoop ? Il s’agit de contacts que des ministres ont pu avoir ou de menaces dont ils firent l’objet, mais l’auteur a-t-il raison d’évoquer au préalable « un intérêt mal placé [de la SE] à contrôler les faits et gestes des politiciens élus par la population » (p. 104) ? Le contenu de ces rapports ne peut, à nos yeux, être significatif que croisé avec d’autres informations. Aucun nom propre n’est évidemment retranscrit. L’auteur s’étend sur le Comité R (p. 147-148, 222 sq., etc.), mais le lecteur en retire l’impression que, contre vents et marées du contrôle démocratique, la SE reste égale à elle-même.

L. Bové a l’air d’instruire un dossier à charge, car les critiques négatives de la SE et les doutes sur la légalité de son fonctionnement sont récurrents, certains diront : osés. Quelques exemples. « Un service secret peut sortir un peu des sentiers battus, mais il reste un service public qui doit rendre des comptes » (p. 169). « Les services extérieurs [sur le terrain, par rapport aux analystes des services internes étudiant les données brutes recueillies sur le terrain, p. 333] ne peuvent jamais parler aux journalistes. J’ai dû les rencontrer dans le plus grand secret » (p. 278). « C’est avec l’idée que la culture du secret ne doit plus être une culture du mystère que j’ai commencé cette enquête en 2014 » (p. 328). L’opposition entre secret et mystère est un effet de style (dans un ouvrage qui souffre de quelques négligences de forme : « il ou elle », p. 147, copié de l’anglais ; « … ne sont, bien sûr, pas des agents », p. 165, etc.).

La persévérance de l’auteur lui a fait récolter nombre d’informations. Le lecteur lira sans doute avec profit ce que sont les relations de la SE avec la NSA (National Security Agency, États-Unis) et les services de renseignement de l’Union européenne, comment la SE suit les sectes et encore : le contre-espionnage scientifique et industriel, les menaces nucléaires et bactériologiques, le transfert des technologies, le terrorisme, les rapports avec les magistrats et la police… Le souci louable d’informer est à relever.

L. Bové évoque surtout les vingt dernières années. Il y a des allusions aux années 1980. « Sous la direction d’Albert Raes [1977-1990], la SE a connu ses heures les plus sombres […] Ajoutons toutefois qu’en réunissant des informations cruciales sur les attentats perpétrés par les Cellules Communistes Combattantes (CCC), le service a également enregistré d’importants succès pendant cette période » (p. 53 ; même remarque p. 331). « Dans les années 1980, l’affaire concernant l’implication d’un commissaire de la SE dans le groupe paramilitaire d’extrême-droite Westland New Post a provoqué d’importants ravages au sein du service » (p. 54) 4. Un livre récent, non cité par L. Bové, désigne Christian Smets, commissaire à la SE depuis 1979 5. Simple hypothèse : croiser ce livre récent avec d’autres faits que rapporte L. Bové donnerait plus de précisions. Exemples. « Il subsiste toujours des insinuations selon lesquelles la SE aurait été impliquée […] dans les tueries sanglantes de la Bande de Nivelles, qui ont coûté la vie à 28 personnes dans les années 1980 » (p. 52) 6. Les ennuis du baron de Bonvoisin, mis dans cette perspective, seraient sans doute éclairés 7.

L’enquête montre ses limites. Un lecteur non averti y puisera certes de nombreuses informations ; le contre-exemple vient d’en haut, puisque la plupart des politiques eux-mêmes ne savent pas ce qu’est la SE (p. 23) et telle ministre « a redemandé un rapport secret à la SE, car elle ne le retrouvait plus. Ça les a rendus fous de rage dans le service. La méfiance envers la ministre s’est encore aggravée lorsqu’elle a divulgué un rapport secret de la SE à la presse en 2013 » (p. 116).

L’auteur voulait que la SE ne cultive plus le mystère (p. 328, citée plus haut), il voulait sortir de la quadrature du cercle (respecter la loi de la transparence – ne pas anéantir le renseignement en divulguant une information sensible). Il s’interroge : « Ai-je été capable de percer les secrets du deuxième service de enseignement le plus vieux du monde [après celui du Vatican] ? » Il poursuit : « Je pense que oui. » Le point d’interrogation, cependant, nous semble toujours de mise. Le tableau du fonctionnement de la SE apparaît sombre, le ton est parfois incisif. L’auteur pouvait-il tout dire ? Le dernier chapitre rapporte l’efficacité de la SE lors de la neutralisation et de l’élimination des terroristes à Verviers, le 15 janvier 2015. Ce chapitre est intitulé épilogue : le mot est bien choisi, tourné vers l’avenir.



Picrate.


1  Rappel. Le Soir 23-24.V.1990 : Jean Gol à la Chambre : « Ni la Sûreté ni ses fonctionnaires n’apparaissent comme impliqués dans les tueries du Brabant ».
2  
Cette fois, les responsabilités des tueries et attentats remontent à un ministre, Jean Gol, et au patron de la SE, Albert Raes, ce qui n’était pas le cas dans G. Bouten, Tueries du Brabant. Le dossier. Le complot. Les noms, Bruxelles et Paris, Éditions de l’Arbre, 2009.
3  Jaak Raes, administrateur de la Sûreté de l’État depuis le 28 mars 2014 ; propos recueilli par Lars Bové, Les secrets de la Sûreté de l’État. Enquête sur une administration de l’ombre, Tielt, Lannoo, 2015, 351 p. (p. 317).
4  Cf. p. 81 : « Personne à la SE ne peut infiltrer un milieu undercover, surtout après le cauchemar que la SE a vécu avec l’affaire précédemment citée du Westland New Post. »
5  Gérald Damseaux (ancien inspecteur à la SE), Les années noires vous intéressent ? Témoinage, Paris, Société des Écrivains, 2014, 629 p. (spéc. p. 216, 334, 338, 344, 348, 349, 553). Voir notre recension ci-avant, p. 16-17.
6 Voir Damseaux [n. 3], p. 619-627.
7  Ibid., p. 289, 309, 330.

lundi 8 février 2016

Franz Adam: quelques éléments de biographie.


Franz Adam, photo dédicacée : « Heil Hitler, 
13 novembre 1932 »
Onzième enfant du peintre Emil Adam et de l’actrice Josefa Wurmb, Franz Josef Johannes Maria Adam est né le 28 décembre 1885 au domicile de ses parents, dans la Schanthalerstrasse, à Munich.

Après de brillantes études secondaires, il entre, en 1903, à l’Académie Royale de Musique de Munich, où il étudie la clarinette, le piano, la composition ainsi que la composition auprès du grand chef wagnérien Félix Mottl. En 1912, il épouse la pianiste Magdalena Nikisch, dont il aura deux enfants, Annemarie et Luitpold, mais dont il se séparera au début des années 30.

Franz Adam entame sa carrière professionnelle dans l’orchestre de l’opéra de Munich où il est clarinettiste à l’occasion du Festival Wagner de 1910. Par la suite, il sera répétiteur des chœurs et « Kapellmeister » dans de plus modestes institutions, comme Altenburg, Giessen, Bad Ems et Ragaz bei St. Gallen. En 1914, il s’engage –tout comme un certain Adolf Hitler– comme volontaire dans l’armée bavaroise.

Après la guerre, il participera à la fondation de l’Orchestre de radiodiffusion de Munich (aujourd’hui le renommé Bayerischer Rundfunk Symphonieorchester) dont il sera le premier chef. Il le quittera à la fin des années 20 car, national-socialiste convaincu (sa carte de membre du parti porte le numéro 348.967 et la date du 1er janvier 1930), il souhaite doter Munich, « Capitale du Mouvement » de son propre orchestre national-socialiste. Et ce, dans le but de rendre aux nombreux excellents musiciens du sud de la Bavière au chômage non seulement un travail, mais un but culturel et social qui soit partie prenante du combat du Parti.

Le premier concert, triomphal, du Nationalsozialistischen ReichsSymphonieorchester eut lieu, le 10 janvier 1932, au Cirque Krone de Munich. Au programme de la formation des 72 musiciens, pionniers de l’orchestre : l’Ouverture d’Obéron de Carl-Maria von Weber, l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner et la Quatrième Symphonie « Romantique » d’Anton Bruckner.

C’est le 10 juillet 1932 que l’orchestre joua pour la première fois devant Adolf Hitler. C’était au Kursaal de Berchtesgaden, à l’occasion des Groß-Deutschen-Tages. Le concert était en fait prévu la veille, 9 juillet, mais les conditions météorologiques épouvantables empêchèrent la voiture du Führer de descendre la route des montagnes.

Franz Adam a rendu compte de l’événement en écrivant: « Notre orchestre se réjouit de remplir sa mission de concert en concert : chaque soir, sur scène, il mène un nouveau combat et emporte une nouvelle victoire pour la cause sacrée de notre Führer. La seule chose qui nous affligeait était que notre Führer, toujours absorbé par son combat, n’avait pas encore pu nous entendre. Jusqu’à ce que, ce mardi matin, dix minutes après la fin des répétitions, je reçoive une communication téléphonique m’annonçant que le Führer voulait entendre notre orchestre le lendemain soir à l’occasion des Grandes Fêtes Allemandes de Berchtesgaden… Nous allons à Berchtesgaden dans l’enthousiasme indescriptible de tous les musiciens. Mais au début du concert, le Führer n’était pas encore arrivé à Berchtesgaden. Le chef des sections locales annonça alors au public que “le Führer viendrait directement sur place car il était fort retardé par les pluies diluviennes”. Je voyais les visages déçus de mes camarades, mais je les savais endurants… Le soir, vers 23h30, nous parvint un ordre téléphonique de l’Obersalzberg : le concert devait être répété le soir suivant. Et ce soir-là, qui allait être pour nous inoubliable, le Führer fut déjà dans la salle dix minutes avant le début du concert. Je montai sur scène et fixai mes musiciens pour les encourager tout en sachant que chacun allait donner le meilleur de lui-même. A la fin du concert, le Führer traversa les rangs du public en compagnie du camarade de parti Hess, jusqu’au podium. Je vins à sa rencontre. Il me tendit la main en me regardant profondément dans les yeux et me dit avec cœur : “Adam, je vous remercie !”. Je lui répondis : “Non, mon Führer, c’est moi qui vous remercie au nom de tout l’orchestre.” Le Führer ne me lâcha pas la main avant de déclarer : “A partir d’aujourd’hui, je m’engage personnellement envers mon orchestre !” »

Franz Adam (à gauche, tenant une baguette) avec quelques
musiciens
de l’orchestre de la radio de Munich, lors 
d’une séance de lecture de partition.
Franz Adam avait dirigé l’Orchestre Symphonique National-Socialiste du Reich dans la Quatrième Symphonie « Romantique » de Bruckner, si chère au cœur du Führer. Mais elle fut interprétée de manière tellement impressionnante que toute l’assistance en fut bouleversée et que le Führer remit spontanément au chef d’orchestre le bouquet de roses qu’il avait reçu à son arrivée au Kursaal

Dès le lendemain, un communiqué fut publié annonçant que l’orchestre serait désormais utilisé dans tout le Reich pour le rayonnement de la politique culturelle car « il est évident que de pareils concerts exercent une force d’attraction exceptionnelle et produisent une plus puissante impression que les réunions habituelles qui risquent de saturer le peuple ».

Quelques semaines plus tard, Adam rencontra à nouveau Hitler à Munich qui l’encouragea à faire de sa formation l’orchestre itinérant pour le développement de la culture du peuple, qu’il avait imaginé dans sa jeunesse. L’orchestre se mit immédiatement à l’ouvrage, sillonnant tout le Gau de Munich-Oberbayern: l’ « Orchestre du Führer » permit, à chaque concert, de drainer des foules immenses, bien au-delà du cercle des membres du parti.

Après la prise de pouvoir en 1933, Franz Adam devint responsable de la section « Musique et Cinéma » de l’Office culturel de Munich, en même temps que de l’Orchestre Philharmonique de Munich. Cependant, son engagement total dans le développement de l’Orchestre Symphonique National-Socialiste du Reich ne fit de ces fonctions que des titres honorifiques.

C’est ainsi que l’ « Orchestre du Führer » participa activement à l’animation musicale du Congrès (Reichsparteitage) de Nuremberg en 1933, 1934 et 1935 (créant, notamment, la Festmusik du compositeur national-socialiste Albert Jung), avant de permettre aux autres orchestres du Reich – de plus grand renom– de s’y produire (Gewandhausorchester de Leipzig, Berliner Philharmoniker, Münchener Philharmonische Orchester, Wiener Philharmoniker,…).

En 1937, le nom de l’orchestre fut simplifié en Orchestre Symphonique National-Socialiste : il était alors présent sur tous les fronts culturels, donnant des concerts dans tout le Reich et à travers toute l’Europe, dans les réunions de la Jeunesse, dans les usines, les hôpitaux, au cours de manifestations du Parti ou d’autres circonstances politiques.

Parmi les compositeurs contemporains –aujourd’hui rejetés dans l’oubli – dont il joua ou créa les œuvres, on peut citer Hermann Blume, Josef Reiter, Paul Höffer, Karl Höller, Friedrich Jung, Paul Scheinpflug, Max Seeboth, Rudolf Stephan ou Max Trapp.

Franz Adam adhéra à la Sturmabteilung (SA) en 1933 ; en 1939, il en fut nommé Sturmhauptführer et en 1942, Sturmbannführer. En tant que responsable des questions musicales auprès de l’équipe des « conseillers du Führer », il avait un rang de direction à la NSDAP. Il était également conseiller présidentiel de la Chambre Musicale du Reich et membre du Sénat de la Chambre Culturelle du Reich.

Le 5 décembre 1941, il se remaria avec l’actrice Lieselotte Schmidt.

En août 1945, Franz Adam fut arrêté par les Américains à Garmisch-Partenkirchen et interné pendant trois ans dans différents camps où il perdit la santé. Privé de toute possibilité d’exercer son art, il accepta encore de donner quelque temps des cours de théorie musicale dans une école de musique américaine à Dachau. Il termina sa vie dans le dénuement total et, victime d’un accident vasculaire cérébral, il mourut à Munich, le 21 septembre 1954.

L’œuvre de Franz Adam en tant que compositeur est importante: de nombreux Lieder et œuvres chorales, de la musique de chambre et pour orchestre à cordes ainsi que des poèmes symphoniques, de la musique de scène et une Symphonie en fa mineur. Si certaines œuvres furent interprétées par l’Orchestre Symphonique National-Socialiste et probablement également enregistrées en même temps que certains concerts, aucune ne fut jamais diffusée par le disque.

(Source principale : Bayerisches Musiker-Lexikon Online)


Annonce d’un concert du « NS-Symphonie-Orchester » dans la presse d’Innsbruck. Organisé par le Gau Tyrol-Voralberg de la NSDAP, le Front Allemand du Travail et la Communauté Nationale-Socialiste « Kraft durch Freude », le concert –dirigé par le second de Franz Adam, Erich Kloss (1898-1967)– programmait la 88e Symphonie de Josef Haydn, la 5e Symphonie de Tchaïkovski et le 5e Concerto pour piano et orchestre de Beethoven (soliste : August Leopolder, 1905-2006)

lundi 1 février 2016

D’où vient le concept de l’Orchestre Symphonique National-Socialiste ?

Dans son livre Adolf Hitler, mein Jugendfreund (« Adolf Hitler, mon ami de jeunesse »), August Kubizek relate, au chapitre « L’orchestre “itinérant” du Reich », les conceptions du jeune Adolf Hitler (nous sommes en 1908-1909) qui trouveront leur concrétisation, quasiment au détail près, dans l’ « Orchestre Symphonique National-Socialiste » tel que décrit dans l'article consacré aux 10 ans de cette phalange :

"Mais malgré son vif plaisir musical, ces concerts laissaient Adolf insatisfait. Pendant longtemps, j’en cherchai en vain la raison. Pourquoi ne s’abandonnait-il pas tout entier à cette jouissance comme un autre jeune homme ?

Par exemple, lorsqu’il écoutait l’étincelant concert en ré majeur de Beethoven, il me semblait pleinement heureux. Pourtant, il ne l’était pas. Pourquoi ? Simplement parce que, comptant les gens dans la salle – quatre ou cinq cents – il songeait aux dizaines de milliers qui ne pouvaient se procurer cette joie. En dehors des 
intellectuels et des étudiants – l’élite – il devait y avoir bien des ouvriers et des artisans qui eux aussi auraient été heureux d’écouter cette musique immortelle. […] Il était temps de changer tout cela. Les concerts ne devaient plus être le privilège d’une minorité favorisée par la fortune. […]

C
es sortes de cogitations étaient typiques d’Adolf.

Il devait  toujours se mêler de tout ce qui l’entourait. Alors que d’autres s’abandonneraient passivement à l’émotion suscitée par un beau concert, lui au contraire, participait activement au point de se faire un problème d’une circonstance comme celle de la popularisation de l’audience musicale. Dans l’ « Etat idéal » dont il rêvait, rien de ce qui intéressait la masse ne devait être laissé au hasard des particuliers. Le « bouleversement de la révolution » ouvrirait toutes grandes les portes des temples de l’art, demeurées si longtemps fermées à la plus grande masse des citoyens. Donc, « Réforme sociale » également dans le domaine de l’art ! […] Et, trait typique, il ne se contenta pas d’exposer cette idée, mais commença sur le champ à l’élaborer dans ses moindres détails, comme s’il en avait reçu l’ordre en haut lieu. […]
Le Führer Adolf Hitler, Magda & Joseph Goebbels.

A
ussi longtemps qu’il n’était pas certain de l’objectif qu’il voulait atteindre, il n’avait pas de nom fixe pour son plan. Ainsi, pendant ces semaines où il alla de concert en concert, il faisait souvent allusion à un orchestre qui partirait en tournée en province. Il en parlait avec une telle conviction que je croyais réellement qu’une pareille organisation existait à Vienne. Mais je ne tardai pas à découvrir que « l’orchestre mobile » comme il l’appelait à présent, trouvant que l’expression « tournée » évoquait trop un théâtre ambulant de troisième ordre, n’existait que dans son imagination. Une fois de plus ! Et comme il ne se contentait jamais de demi-mesures, il en fit bientôt un « orchestre itinérant du Reich ». En fin de compte, il fut tellement enthousiasmé par cette nouvelle idée qu’il projeta coup sur coup d’organiser dix orchestres semblables destinés à diffuser des concerts, de Beethoven ou d’autres compositeurs, jusque dans les coins les plus reculés du Reich. […] Je me rappelle avec précision tous les détails de cet « Orchestre itinérant du Reich », alors que j’ai oublié ceux des innombrables plans qui fourmillaient dans la tête d’Adolf. […]

P
armi les gens des campagnes et des petites villes, les amateurs de musique et des choses de l’art ne manquent certainement pas. Souvent même leur réceptivité est plus grande que celle des habitants des grandes villes, souvent blasés par la multiplicité des manifestations artistiques.


La solution qu’Adolf avait imaginée était aussi géniale que simple. Sous la direction d’un chef d’orchestre de talent, un orchestre serait constitué, capable d’interpréter la musique symphonique, classique, romantique et moderne dans des conditions optima. Cet orchestre parcourrait le pays. Adolf me demanda quelle envergure il devrait avoir. […] Adolf voulait absolument être informé de tout, même des particularités et des qualités de l’instrumentation symphonique, afin de ne rien laisser au hasard. Ce qui vous émerveillait chez lui, c’était ce don d’imagination frisant l’invraisemblable allant de pair avec un sens pratique très développé. […] Notre orchestre compterait finalement cent instrumentistes. Groupe sonore fort respectable qui pourrait se mesurer avec les plus grands orchestres. […]

R
estait le problème épineux du transport, car il y avait bien des régions qu’on ne pouvait atteindre par chemin de fer. Et c’était surtout là qu’il s’agissait d’arriver. […] Nous envisageâmes ensuite l’arrivée de l’orchestre dans une ville quelconque. Accueilli par le
Winifred Wagner accueillant  Adolf Hitler au Festspielhaus
de Bayreuth.
bourgmestre avec beaucoup de cérémonie, il traverserait la localité pavoisée en son honneur. Première question : où jouerait-il ? Peu de villes provinciales disposent d’une salle suffisamment spacieuse pour accueillir un orchestre gros de cent musiciens, sans parler des auditeurs. Qu’à cela ne tienne, opina Adolf, nous jouerons en plein air. […] A part ça, un tel concert serait plutôt pour les étoiles, car en plein air il n’y a pas d’acoustique. Et cela risquerait de faire échouer notre projet. Adolf se tut un instant et réfléchit. « Mais des églises, il y en a partout. Pourquoi ne pas jouer dans les églises ? » Du point de vue musical évidemment, l’idée ne souffrait aucune objection. Adolf était d’avis que je devrais me renseigner auprès des autorités ecclésiastiques. Y aurait-il moyen de mettre les locaux du culte à la disposition de l’ « Orchestre itinérant du Reich » ? […]

E
nfin, on décida de commencer le programme de l’ « Orchestre itinérant du Reich » par Johann Sebastian Bach qu’on ferait suivre, d’abord par Gluck, Haendel, Haydn, Mozart et Beethoven ; ensuite par les romantiques. On couronnerait le programme avec la série complète des symphonies d’Anton Bruckner. En ce qui concernait les modernes, surtout les jeunes compositeurs inconnus, Adolf voulait avoir la main libre. […]

E
ntre-temps, les disques et la radio avaient fait leur entrée triomphale sur le théâtre de la musique. Il fallait presque croire que bientôt la musique jouée ne servirait plus qu’à la fabrication de la « musique mécanique ». Mais malgré tout cela, cette idée de mon ami de mobiliser les grands orchestres demeure pour tout vrai amateur de musique un progrès généreux. Car ces orchestres itinérants permettraient de continuer à interpréter la musique sans moyens mécaniques.

(Traduction R. Depauw pour les éditions Atlanta, © Walter Beckers, Kontich, 1976)

Fernand Kaisergruber, "We will not go to Tuapse."

Le passionnant récit de Fernand Kaisergruber – Nous n’irons pas à Touapse, édité à compte d’auteur – sur son engagement sans réserve, car nourri de l’expérience des succès fabuleux du national-socialisme, au Front de l’Est et l’enfer qu’y vécurent héroïquement tous les Volontaires de laWallonie était depuis longtemps indisponible, faute d’éditeur.

Nul n’étant prophète en son pays (malheureux adage maintes fois vérifié !), c’est un éditeur anglais qui a été fasciné par cette chronique de l’horreur et du sacrifice racontée avec l’évidence du jeune Croisé dont l’idéal sort renforcé par l’épreuve, aussi cruelle soit-elle.

Le traducteur de cet important ouvrage (quelque 400 pages) ne nous a pas caché son enthousiasme : « Je sors exalté de la lecture de ce livre et plus encore par la personne, un tout jeune homme, que j’ai pu rencontrer à travers elle. Je le respecte et je l’admire énormément. Je respecte profondément sa fidélité à ses convictions et à ses idéaux. Je sens que si j’avais été où il était à cette époque, j’aurais voulu agir comme lui. Je ne peux qu’espérer que j’aurais eu aussi sa force de caractère. »

Au moment de la réédition de ces mémoires qui témoigneront pour la postérité du sacrifice ultime d’une génération qui, hélas, constitua le dernier rempart contre la barbarie menaçant la civilisation et la culture européennes, il n’est pas inutile de citer l’épilogue du récit de Fernand (écrit il y a plus de vingt-cinq ans !) : tout ce que nous connaissons aujourd’hui d’abjection terroriste, de métissage imposé, de ruine politique, économique et sociale (dissolution des mœurs, perversion des intelligences, inversion de toutes les valeurs) se trouve en germe et est l’inéluctable conséquence de l’anéantissement de la Weltanschauung nationale-socialiste et de l’imposture juridique et historique du Tribunal de Nuremberg érigé en Inquisition qui protège la prétendue « démocratie » du futur gouvernement mondial étatsunien…

*****

"Il est évidemment présomptueux d’affirmer que tout aurait été parfait si le sort des armes nous avait été favorable, si nous avions gagné la guerre.

Si nul ne peut dire aujourd’hui que c’eût été « l’Eden », personne non plus ne peut prétendre que c’eût été l’enfer ou pire que ce n’est aujourd’hui, si nous avions eu la victoire. Je dénie le droit à quiconque d’affirmer que notre bonne foi ne fut pas totale pour la majorité d’entre nous et personne ne devrait nier nos bonnes intentions et prétendre, comme certains l’ont fait, rares il est vrai, que des Légionnaires soient partis au Front de l’Est par esprit de lucre et tellement stupide, témoigne de tant de mauvaise foi qu’il n’y a même pas lieu d’y revenir. Qui pourrait le croire ? Comme si à 16, 18 ou 20 ans ou même plus âgé, il se trouverait quelqu’un d’assez sot pour aller se faire tuer au Front de l’Est pour 1 RM par jour (à l’époque 12 francs 50) s’il n’était motivé par des sentiments plus élevés ? Faut-il que ceux qui l’affirmaient fussent eux-mêmes animés de sentiments d’une telle bassesse, fussent habités d’une conscience aussi vile !

Nous n’avions pas non plus « rêvé » d’instaurer aussi vite que possible un ordre nouveau, un ordre meilleur, plus social. Nous avons tout mis en œuvre et payé très cher de notre sueur, de notre sang et beaucoup de leur vie pour y parvenir. Alors, je conteste absolument le droit à tous ceux qui n’ont rien fait, à ceux qui n’étaient pas nés ou ne l’ont pas vécu et veulent aujourd’hui pérorer, je leur conteste le droit de nous juger. En tout cas, ceux-là, je les compte pour rien. Car ils ont à suffisance, et souvent avec une grande suffisance, montré leur parti pris et leur mauvaise foi en cherchant ou en ne publiant que des documents susceptibles d’étayer leurs thèses d’a priori et en taisant soigneusement et systématiquement tout ce qui pouvait largement rétablir la vérité mais nuire à leurs affirmations mensongères ! La désinformation, on connaît !

Mais je puis aussi affirmer autre chose et, pour les gens d'action que nous 
étions, ce ne sont pas de vaines paroles. Si l’ordre, établi après la victoire de nos armes, n’eût pas été conforme à ce que nous avions voulu, qu’il ne fût pas à la mesure des sacrifices consentis, nous étions assez résolus pour le faire savoir et à réagir avec autant de détermination que nous avions mis à combattre ! Et, dans cette éventualité, la lutte continuait tout simplement ! Peut-être même, ce n’était pas à exclure dans cette éventualité, aurions-nous aussi bien fini en prison, cette fois pour refus de collaborer à ce nouveau régime qui ne nous aurait pas mieux convenu que celui que nous avions voulu changer. Et alors, c’est certain, nous aurions été conspués parla même populace qu’en 1944 et 1945. 
Accablés par les mêmes « historiens » peut-être et les mêmes politiciens qui nous firent juger et condamner après la « Libération ». Et peut-être aussi auraient-ce été les mêmes juges qui auraient prononcé les mêmes condamnations, pourquoi pas ? Sur base des mêmes lois, tout aussi rétroactives, trafiquées pour les besoins de la cause, comme avaient été « modifiées » (ah ! la pudeur des mots) les lois, à Londres, en 1943. Nous aurions eu aussi, peut-être, les mêmes gardiens pour nous maltraiter.

Tant il est vrai que la multitude court toujours après la victoire ! Et ce ne sont pas les vrais résistants qui me contrediront à ce sujet, ayant été eux-mêmes, en 1944 et 1945, submergés par cette engeance d’attentistes de métier, prompts à profiter de n’importe quelle victoire ! Nous-mêmes, en cas de victoire, il ne faut pas en douter, nous aurions eu fort à faire à ne pas nous laisser dépasser par le zèle de cette même foule, avide cette fois de « collaborer » et de prouver sa ferveur au nouveau régime que nous aurions instauré !

Voyez donc les masses qui se sont déchaînées dès que les régimes des pays d’Europe centrale – et non de l’Est comme disaient abusivement des journalistes ignares) se sont liquéfiés et que ces peuples se sont libérés du joug communiste ! A lire la presse, à regarder la télévision, on aurait pu croire, si on n’était averti, que l’Occident, que nos « médias » en étaient les artisans, que c’était leur victoire ! Alors que ce sont ces populations elles-mêmes qui l’ont conquise à mains nues. Car l’Occident les avait ignorés jusque-là ! Que nous nous réjouissions était normal, nous n’avions jamais rien voulu d’autre. Nous avions voulu préserver l’Europe du communisme. Mais que nos démocraties de l’Ouest s’en réjouissent aussi peut laisser pantois ! Car nous n’avons pas la mémoire courte et nous n’avons pas oublié que, même si tous les pays de l’Ouest n’ont pas été consultés, ni invités par leur grand « frère, l’URSS, ni d’ailleurs par leurs autres « fidèles alliés » à donner leur avis, à signer les accords de Yalta en 1945, et de Potsdam ensuite, tous, à cette époque, se sont réjouis du partage de l’Allemagne ; en tout cas, ont applaudi ces accords, comme ils applaudirent ensuite l’effondrement de ces mêmes accords et de leur ancien allié ! Leur a-t-il donc fallu 45 ans, 50 même, pour voir clair ? Voilà bien la preuve flagrante de leur inconséquence.

La logique eût voulu qu’ils réagissent au contraire avec la plus grande fermeté pour maintenir ces accords et exiger leur application. Ou alors, ils auraient dû aussi, pour le moins, réhabiliter nos thèses !

Il me faut dire deux mots aussi sur la guerre du Golfe, pour épingler que personne, si ce ne sont les naïfs, n’est dupe des raisons invoquées et que l’on ne peut sans peine imaginer que les problèmes au Moyen-Orient ne feront que croître et prendre leur réelle dimension, dans les temps à venir. Et ce n’est pas la situation laissée par les anciens « protecteurs » lorsqu’il ont « rendu » la liberté à ces régions ou territoires pétroliers en les morcelant pour mieux les dresser les uns contre les autres selon les nécessités politiques ou économiques des anciens « protecteurs » qui améliorera le climat politique dans les Etats concernés.

Et en Somalie ? Qui nous fera croire que l’intervention a tout arrangé ? Et l’ex-Yougoslavie donc ? L’une des plus énormes absurdités du Traité de Versailles ? Mais c’est nous qu’on accuse de nous être trompés !

A propos, avez-vous remarqué comme moi et n’est-il pas curieux de constater que plus les événements nous donnent raison, plus nos détracteurs se donnent du mal pour tenter de prouver que nous avions tort ? Moi, en tout cas, je me sens très bien dans ma peau, mais je comprends que d’autres éprouvent un besoin impérieux de se gratter !..."

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Fernand Kaisergruber, We will not go to Tuapse. From the Donets to the Oder with the Legion Wallonie and 5th SS Volunteer Assault Brigade Wallonien 1942-1945.

Ouvrage relié (enrichi de quelques 70 photos et cartes) disponible dès le 15 février 2016 aux éditions Helion & Company (34,85 €) à commander sur www.amazon.fr (un ex-libris dédicacé par l’auteur sera envoyé aux acquéreurs qui en feront la demande au Dernier Carré).