samedi 3 septembre 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand: les accords Rex-VNV de 1941

III. Le point de vue d’Odiel Daem 

Après la déclaration claire et significative que vient de faire le Chef de Rex, il n’entre pas dans mes intentions de prononcer un discours. Toutefois, au moment où une nouvelle tâche nous attend, je désire, en mon nom personnel ainsi qu’au nom de tous les dirigeants de Rex-Flandre, remercier le Chef de Rex pour la confiance qu’il n’a cessé de nous témoigner durant cinq ans. 

À cette occasion, je tiens à redire combien nous apprécions le privilège d’avoir pu combattre à ses côtés pour la révolution nationale et sociale. Nous savons tous ce que nous lui devons. L’esprit d’abnégation et d’énergie inaltérables, le courage moral et physique dont il a fait preuve en face des dangers et de la calomnie, son noble dédain envers toute mesquinerie et surtout son dévouement incomparable à son idéal resteront pour nous plus qu’un souvenir. S’il est vrai que l’amitié naît de l’admiration, vous pouvez être convaincu, M. Degrelle, que ni le temps, ni les circonstances ne pourront détruire cette amitié durable par laquelle des milliers de Flamands se sentent liés à vous. 

Pour ces raisons, je désire rendre hommage à l’homme qui a eu le courage de braver l’impopularité pour défendre des positions qui allaient droit à l’encontre des sentiments d’une masse égarée par les politiciens. 

Ce sera pour vous un mérite durable, non seulement d’voir été le premier Wallon qui ait compris le problème flamand dans le sens d’un problème de nationalités, mais aussi d’avoir été le seul en Wallonie qui ait pris position contre une politique belge étroite qui, du fait de son orientation vers l’étranger, trouvait dans les régions wallonnes, à côté d’adhérents sentimentaux, un nombre considérable de défenseurs à la solde du Quai d’Orsay. 

Nous savons combien vous aimez la Flandre. Votre approbation de l’accord que Rex-Flandre a signé en vue de la constitution du parti unique en Flandre prouve une fois de plus combien vous étiez sincère quand vous déclariez que noms et groupements étaient d’ordre secondaire et devaient converger vers le but à atteindre. Ce but était de créer l’unité de tous les éléments nationaux qui désiraient voir renaître l’épanouissement de leurs traditions. 

Au moment où la Flandre, débarrassée de l’influence des partis politiques néfastes va décider de son propre sort, vous avez tenu, sans aucune hésitation, à prendre les responsabilités qui s’imposaient. Nous vous en remercions. Vous avez bien mérité de la Flandre. 

Nous tenons aussi à remercier sincèrement nos camarades wallons. Vous avez défendu courageusement et avec conviction la cause flamande contre l’incompréhension de certains milieux wallons dénationalisés. Nous nous en souviendrons. 

Demain, une tâche magnifique vous attend. Grâce à Rex qui, dès ce jour, dans vos régions est la seule formation de combat de la révolution nationale-socialiste, les contrées romanes pourront poursuivre leur mission historique. 

Vous avez le bonheur d’avoir en Léon Degrelle un homme qui a vu clair à temps. Soyez dignes de lui. Grâce à lui, vous pourrez reconquérir pour votre peuple la place qui lui revient dans la Nouvelle Europe. 

Rex vaincra !

Le Pays réel, 11 mai 1941.

jeudi 18 août 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand : les accords Rex-VNV de 1941


II. Léon Degrelle expose aux militants flamands la portée de la décision

Après avoir annoncé à la Presse la conclusion de l’accord qui va imprimer un nouvel et puissant essor à notre vie politique nationale, le Chef de Rex, au début de l’après-midi, avait tenu à réunir au centre de la rue Mercelis de nombreux représentants des dirigeants et militants de Rex-Flandre, pour leur exposer la portée des décisions qui viennent d’être prises.
La vaste salle est comble quand le Chef de Rex y fait son entrée : d’interminables acclamations l’accueillent. Mais l’atmosphère n’est pas l’atmosphère devenue traditionnelle des meetings ordinaires : il plane sur l’auditoire on ne sait quelle gravité née de l’importance de cette heure où des hommes qui, durant des années, ont lutté contre vents et marées, se confrontent avec un passé dont ils prennent congé pour se tourner tout entiers vers un avenir dont ils ne peuvent encore discerner que les grandes lignes – les grandes lignes exaltantes.
D’emblée, le Chef de Rex donne connaissance de la convention signée entre Rex, le V.N.V. et les Dinasos. Le public, immédiatement, réagit avec enthousiasme.
Léon Degrelle montre d’abord comment l’acte posé aujourd’hui est une consécration pour les longues et âpres luttes menées inébranlablement par nos camarades flamands.
Il rappelle comment Rex n’avait pas hésité à braver l’impopularité et à s’exposer aux attaques des cliques politiciennes et fransquillonnes :

« Rex a rendu au peuple flamand le sens et l’amour de la Flandre éternelle, l’esprit de la communauté populaire. Rex a rendu à la mère Flandre des milliers de fils conscients de leur dignité et de leurs responsabilités. Rex a pu former des élites qui peut-être manquaient : il les verse à présent au sein d’une Flandre revivifiée. »

Le Chef insiste ensuite :

« Dans le nouveau parti unique, les hommes venus de chez nous garderont intact l’idéal grand et noble que nous leur avons donné et qui embrasera toute la Flandre !
En pays flamand, il n’y aura plus désormais de concurrents, mais une seule gerbe de forces occupant tout le terrain national…
Quant à la solidarité des Flamands et des Wallons, notre espoir est qu’elle sera maintenue vivace et que, au-dessus de nos deux peuples, il y aura le fédérateur de notre sensibilité : le Roi !
»

Puis, le Chef montre combien cette unité d’action était logique et inéluctable : n’était-il pas profondément décevant de voir les fils d’un même peuple témoigner l’un pour l’autre et sur leur propre sol d’une mutuelle défiance, alors qu’ils étaient les uns et les autres attachés par d’étroits liens aux grands lutteurs étrangers forgeant l’Europe nouvelle ?
Et, pour terminer, Léon Degrelle évoque toutes les attaches qu’il avait et gardera avec les camarades de Flandre : tant de luttes communes, tant de meetings où son âme vibrait à l’unisson de l’âme de la Flandre.
Puis, Odiel Daem, en flamand, adressa quelques mots à l’auditoire.
Il rappela combien il avait été peiné de retrouver sa Flandre divisée, lorsqu’il était rentré de captivité en Allemagne.
Il dit sa fierté et son bonheur d’avoir pu travailler aux côtés de Léon Degrelle à la grande œuvre de ce jour.
Il insista beaucoup sur un point : à savoir que le nouveau parti unique est un organisme d’union. Rex ne s’inféode pas plus au V.N.V. que le V.N.V. ne rallie Rex. Rex et le V.N.V. vont vers une fusion totale au sein d’un nouveau mouvement national-socialiste flamand, régénérateur et tout-puissant.
Ce mouvement sera profondément social, profondément national, et intégralement occidental.

La décision que Rex a prise, il l’a prise en pleine liberté, en pleine conscience, assumant toutes ses responsabilités : le symbole de cette réalisation est ce glorieux insigne que nos militants pourront garder dans la nouvelle organisation.

Follement acclamé, le leader flamand répète son attachement inébranlable au Chef de Rex :
« Le plus beau jour de ma vie, dit-il, sera celui où je pourrai recevoir Léon Degrelle pour lui remettre le diplôme d’honneur de bourgeois de Flandre ! »

Avant de se séparer d’eux, le Chef remit à tous ceux de ses fidèles militants qui étaient présents l’insigne des vétérans du Mouvement.
Et nous renonçons à décrire l’enthousiasme qui salua le départ de celui qui, avec un sens politique toujours aussi aigu, a voulu et pu poser un acte historique dont l’avenir confirmera toute l’importance…

Le Pays réel, 11 mai 1941.



samedi 13 août 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand : les accords Rex-VNV de 1941

I. Le sens et le but de l’accord


Ce fut la première vraie journée de printemps que celle où le Chef de Rex avait convoqué, à la Drève de Lorraine, les chefs du V.N.V., du Verdinaso et de notre mouvement, ainsi que les représentants de la presse et de la Radio, pour leur donner lecture d’une déclaration dont chacun saisira toute la portée. 
Ce n’est sans doute pas sans arrière-pensée que la date choisie pour cette déclaration fut précisément celle du 10 mai 1941. 
Voici un an, par une semblable matinée pleine de soleil et de fraîcheur, notre pays entrait dans une des tragédies les plus terribles, mais heureusement la plus brève, de son histoire. Ce jour-là, tout un monde politique s’écroulait dans la douleur : celle des autres, bien entendu. 
Un mois plus tard, le cadavre de l’ancien régime allait pourrir en pays étranger, dans la plus abominable des ignominies.
Nos pensées ne pouvaient pas échapper à ce souvenir, tandis que parmi les fleurs nouvelles, d’un rouge sang, nous assistions à l’arrivée des nombreuses personnalités accourues au rendez-vous.
Aujourd’hui, comme tout est paisible… comme tout nous parle de paix et de sérénité… Comme tout nous appelle au travail constructif, à la reprise du labeur séculaire de notre peuple… Des miliciens des formations de Combat forment une garde d’honneur. Figés au garde à vous, dans leur uniforme noir, orné de la croix de Bourgogne, ils nous invitent, par leur présence, à ne pas nous laisser aller à l’envoûtement de la nature et à tendre nos esprits vers les tâches nouvelles qui nous attendent.
Un an : c’est plus qu’assez pour permettre à chacun de méditer, de considérer, de soupeser, d’attendre et de choisir. Cette fois, l’heure des décisions à sonné. Et c’est une importante décision qui va nous être donnée à connaître.

Victor Matthys, chef fédéral de la Propagande du Mouvement Rexiste, fait la communication suivante :


« Conscient de la nécessité d’unir les forces luttant pour l’établissement de l’ordre national-socialiste en Occident, Rex vient de contresigner un accord entre les mouvements nationalistes flamands qui unifiera désormais leur action.
Aux termes de cet accord, le Vlaamsch Nationaal Verbond, Rex Vlaanderen et le Verdinaso fusionnent en une organisation nouvelle placée sous la conduite du Leider Staf Declercq.
Rex reconnaît cette organisation comme le parti unique pour le peuple flamand.
Réciproquement, la nouvelle organisation flamande considère Rex, sous la conduite de son Chef Léon Degrelle, comme le parti unique pour le peuple wallon.
Les deux mouvements se prêteront mutuellement assistance et collaboreront dans toutes les questions d’intérêt commun.
»


Aussitôt après, le Chef de Rex a fait la déclaration dont on lira le texte intégral en rubrique spéciale.

Le Chef de Rex a parlé d’une voix calme et posée et la nombreuse assistance (*) a suivi son exposé avec une attention considérable.

Par les larges baies, un soleil radieux pénétrait dans la salle. Aux mus, à peine décorés, entourant cette assemblée où il n’y avait pour ainsi dire que des hommes d’une même génération, une véritable galerie de « gloires nationales » semblait donner à cet instant toute sa portée historique : gravures anciennes, de toute beauté, représentant les figures orgueilleuses de nos anciens ducs de Bourgogne, cartes vétustes et pourtant demeurées d’une fraîcheur extraordinaire, montrant nos anciennes provinces, la Lotharingie, la « Germania Inferior », le « Leo Belgicus », etc.

Derrière le Chef de Rex, se détachant sur une grande surface de mur nu, une vieille épée de Tolède, une épée de combat, immense, droite, d’acier noir sans un grain de rouille, achevait de donner à l’atmosphère de la réunion un caractère de sobriété épique.

Et tandis que Léo Degrelle parle, c’est tout un panorama d’avenir grandiose qui s’ouvre devant les yeux. L’instant est émouvant, d’une émotion sévère et sereine. Chacun sent en effet que des certitudes précises commencent à naître devant nous.

Le Pays réel, 11 mai 1941.



***

De son important discours, nous extrayons ce passage essentiel où il définit la position du mouvement rexiste à l’égard de l’Etat belge.

« Rex croit à la nécessité d’un Etat occidental où Wallons et Flamands cohabiterot en paix, chacun des deux peuples s’épanouissant pleinement selon sa personnalité et s’étant assuré, à cette fin, toutes les garanties qui s’imposent.

Isolée, la Wallonie aurait une vie médiocre, coupée qu’elle serait de la mer.

La Flandre, appelée à subir le flux de courants culturels étrangers dont l’ampleur est facilement prévisible, risque elle aussi, si elle s’isole dangereusement, d’être submergée au bout de quelques dizaines d’années.

Wallons et Flamands forment la même race, ont le même fond originaire, ont reçu les mêmes apports germaniques au Ve siècle. Unis par les mêmes fleuves, ils ont vite formé un complexe économique, qui n’a fait que se développer à travers les siècles. Ils ont eu la même formation juridique, les mêmes élans religieux. Ils ont subi et refoulé, avec plus ou moins de bonheur, les mêmes envahisseurs. Ils ont été ensemble une incomparable plaque tournante de l’Europe du moyen âge et de la renaissance. Leur collaboration fut une réalité indéniable.

Il en est résulté une civilisation et des mœurs qui dépassent la région et font de nos provinces un des foyers les plus originaux de la culture européenne.

Nous tenons, nous Rexistes, à sauver ce patrimoine commun.

Nous croyons à l’utilité, à tous les points de vue, d’un Etat où Flamands et Wallons travailleront en paix.

Et nous sommes convaincus qu’un Roi, aimé de tous, serait le trait d’union par excellence des Flamands et Wallons au sein d’un Etat fédéral.

Cela est le point de vue de Rex. Rex le défendra de toutes ses forces près des populations romanes. Mais Rex ne cherchera pas à l’imposer aux Flamands. Ce sera à eux à se souvenir du passé glorieux des XVII provinces, à étudier les données du présent et à faire, éventuellement, un choix parallèle au nôtre. »

Ensuite, M. Degrelle définit dans ces termes les objectifs du jour :

« De toute manière, la tâche essentielle sera, pendant les mois qui viennent, pour le parti unique flamand comme pour le parti unique roman, de préparer, chacun dans sa zone d’influence, la transformation des esprits dans le sens national et socialiste.

Nous subissons encore, en Wallonie comme en Flandre, les influences néfastes de l’ancien régime politicien.

Nous aurons, en Wallonie comme en Flandre, à débarrasser l’Etat des nombreux saboteurs qu’y avaient introduits les vieux partis.

Nous aurons, en Wallonie comme en Flandre, à mener une lutte incessante et acharnée contre les puissances d’argent qui empoisonnèrent le pays par leurs scandales politico-financiers et qui, aujourd’hui encore, prétendent imposer à des millions d’hommes la monstrueuse dictature qu’ils exercèrent trop longtemps sur toutes les activités politiques et économiques.

Nous aurons, en Wallonie comme en Flandre, à rétablir la communauté populaire et à jeter les bases de la grande révolution socialiste qui rendra aux travailleurs la joie de vivre, qui leur assurera des salaires sains, des logis sains, des loisirs sains, qui rétablira la dignité et le respect du travail, qui permettra à la famille ouvrière de s’épanouir, qui superposera à l’anarchie du libéralisme économique, l’Ordre, la Solidarité et la Justice.

Nationalistes wallons comme nationalistes flamands, nous sommes exactement animés par la même foi révolutionnaire.

C’est cette communauté idéologique qui fait que l’accord de ce jour a pu être bâti dans un esprit parfait de camaraderie.

Si, sur des points bien précis, chacun se réserve une liberté d’action complète, si chacun a sa sphère d’influence nettement délimitée, la même mystique nationale-socialiste anime nos âmes à tous. Nationalistes wallons comme nationalistes flamands sommes chacun dans notre secteur propre les soldats de la même révolution européenne. »

Le Soir, 12 mai 1941.




(*) La presse était représentée par : MM. Koerber, directeur du D.N.B. [Deutsches Nachrichten-Büro, agence de presse officielle allemande] ; Marcel Sieren, directeur de Belgapresse ; Gabriel Figeys, directeur des émissions parlées à Radio-Bruxelles ; Louis Carette [futur Félicien Marceau, de l’Académie française], directeur du service d’information à Radio-Bruxelles ; Paul Colin, directeur du Nouveau Journal ; Alfons Martens, rédacteur en chef de Het Algemeen Nieuws ; Capelle, rédacteur en chef du Dag ; Léopold Jaumonet, du Soir ; Joseph Spilette, directeur du Journal de Charleroi ; Franz Steurs, rédacteur en chef de la Gazette de Charleroi ; Cromhaire, rédacteur à la Légia ; Geleyn, de Volk en Staat ; De Ceuleneer, de Het Laatste Nieuws ; Robert Leurkin, correspondant de l’Asahi-Shimbum, et par nos camarades Victor Meulenijzer, directeur à la Presse de Rex ; José Streel, rédacteur en chef du Pays Réel ; Serge Doring, chef de nos services extérieurs ; De Jonghe et Jean Polinet [futur Jean d’Arièges, critique musical].

mercredi 10 août 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand : les accords Rex-VNV de 1936


III. Le point de vue du Flamand Paul de Mont

Dimanche 4 octobre 1936 : Rex a mobilisé plus de 25.000 hommes à Liège
Paul de Mont parle :
« Jamais les Wallons n’ont mis opposition aux justes revendications flamandes. Seuls les politiciens tenaient à brouiller les cartes. »


Gérard Willems, chef de Rex-Liège, salue avec émotion le glorieux mutilé flamand, Paul de Mont. « Il est, dit-il, un exemple vivant d’héroïsme. Engagé en 1914, un obus allemand lui fauchait les deux jambes en 1917. Son courage fit, au cours de toute la Campagne, l’admiration de ses chefs. Artiste, écrivain, Paul de Mont est un dramaturge flamand de tout premier plan. Comment ne pas nous incliner devant cette personnalité qui ne vit plus aujourd’hui que pour l’union indéfectible des Flamands et des Wallons. »

Pourquoi ne pas sceller l’amitié ?

M. Paul de Mont prend place devant le micro. À l’aide d’anecdotes, il définit un état d’esprit qui doit disparaître. Pendant un siècle, les dirigeants ont abandonné le peuple flamand, refusant de donner suite à ses revendications. Aujourd’hui, le Rexisme veut rendre aux Flamands leur honneur et leur gloire.

L’Etat ne peut être compris sainement et solidement qu’en dehors de l’esprit de contrainte. Nous devons avoir le courage d’examiner le régime constitutionnel, garantissant le développement libre de la culture flamande.

La Flandre ne peut plus se contenter de vagues promesses des politiciens. Il faut passer aux actes.

Ce soir, dit-il, je vous dirai la vérité toute nue, sans fards, sans apprêts. Je puis faire cela sans réserves, ayant donné des gages d’amour à ma Patrie.

J’ai conscience que nous nous trouvons à un tournant de notre histoire. J’ai eu foi dans la jeunesse et le dynamisme du Rexisme. Si, à la faveur de ce mouvement, Wallons et Flamands ne peuvent sceller une amitié solide, l’entente ne se fera jamais.

La Flandre doit se gouverner et s’administrer au même titre que la Wallonie. On n’est pas encore d’accord sur les modalités, mais le but à atteindre est clair.

Les Flamands souffrent d’une psychose de méfiance. Toujours les partis les ont leurrés. C’est pour cela que l’idéologie flamande ne s’est pas traduite en activité politique. Ce qu’il faut, c’est proclamer le droit des Flamands à se gouverner eux-mêmes.

Je suis persuadé que, dans la pratique, les réformes à envisager seront moins profondes qu’on ne le croit. Et ici, le rexisme intervient.

Un Etat Thiois est une utopie nationale et internationale. Donc, seule, la solution rexiste peut intervenir car les Wallons sont prêts à s’entendre avec les Flamands. Le dynamisme rexiste est assez fort pour passer par-dessus le nationalisme flamand, mais il ne veut pas constituer une opposition larvée en Flandre.

Chez nous, il n’y aura pas de triomphe marxiste possible, car les Flamands n’en veulent pas. Nous les mobiliserons dans les rangs des rexistes. L’esprit flamand a profondément pénétré les masses paysannes. Il ne s’agit plus du vieux frontisme démagogique. Le programme nationaliste flamand est anti-marxiste et patriotique. Deux faits sont patents : le premier, une solution n’est possible que dans le cadre belge ; le second, Rex est prêt à la donner.

Par-dessus les idées, il y a les hommes. Les Nationalistes flamands sont des hommes comme nous. Ils ne sont peut-être pas très liants, mais ils valent mieux que les hommes de la génération précédente. Quant à l’unité rexiste : d’abord, nous avons des aspirations communes ; mêmes foyers, même patrimoine moral à défendre. Dès lors, la collaboration politique est nécessaire. Flamands et Wallons doivent accepter des disciplines communes.

Sans inconvénient, on peut doubler certains ministères, mais d’autres ne le peuvent pas. Désormais par Rex, nous aurons l’entente assurée entre Wallons et Flamands par les sommets. Il n’y a de lien sûr que d’âme à âme.

Le miracle rexiste nous a enfin unis.

Deux choses nous sont encore nécessaires. La première, c’est que l’élite francophone soit réintégrée au peuple. Dans dix ans, on ne parlera plus de cette vieillerie.

La deuxième : l’épineux problème de Bruxelles doit être résolu. Cela fait, tout rentrera dans l’ordre naturel.

M. Paul de Mont rend alors un vibrant hommage aux Wallons et les remercie en criant : « Rex Vaincra ! »


(Le Pays réel, 6 et 10 octobre 1936)
***
Liège brûlante
par Léon Degrelle

[…] Ce qui fut, à Liège, émouvant par-dessus tout, plus que la foule formidable et les drapeaux en vagues rouges, ce fut l’accueil inoubliable que firent ces vingt-cinq mille Liégeois au programme flamand de REX exposé par Paul de Mont.
Qui aurait pu penser, il y a un an encore, qu’un grand Flamand se ferait acclamer par tout ce peuple wallon, en établissant avec autant d’audace que de sincérité, toute l’ampleur des réformes linguistiques qui s’imposent si on veut sauver l’unité de la patrie ?

Paul de Mont s’est senti, à Liège, chez lui, comme les rexistes wallons à Anvers se sentent chez eux. REX a réalisé ce tour de force de souder les éléments les plus éloignés de la nation.

Liège, brûlante comme le soleil, a hier donné au pays ce spectacle admirable de vingt-cinq mille hommes, fraternellement unis, à jamais, ouvriers et classes dirigeantes, Flamands et Wallons, dans un commun amour et dans un même idéal.

(Le Pays réel, 6 octobre 1936)

***
Rex et la question flamande

M. Degrelle a encore déclaré à Liège : « Il n’est pas de solution de la question flamande en dehors d’un gouvernement fort. Sous le régime décrépi de parlementarisme, il n’est pas de décentralisation possible. La Belgique doit être une entité profonde dans une mystique éternelle. »

On a lu les déclarations de M. Degrelle. En voici d’autres de M. Paul de Mont, sénateur, qui dirige le journal rexiste flamand.

Pour M. de Mont, les mots : Etat fédératif, autonomie, fédéralisme, qui sont surtout employés du côté flamand, sont les équivalents des expressions : décentralisation ou administration autonome que les Wallons utilisent plus couramment. À son avis, il n’y a là que des nuances de terminologies.

dimanche 7 août 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand : les accords Rex-VNV de 1936

II. Le point de vue de Léon Degrelle
L’Unité nationale


Si on analyse le malaise flamand et le malaise social, on doit reconnaître qu’ils résident avant tout dans la conception artificielle que les partis s’étaient faite de l’unité belge.
Pour eux, l’unité, comme l’ordre, étaient saufs quand étaient sauves les apparences.
À ce jeu-là, ils étaient en train de nous conduire à a cassure du pays.
Le pays était-il UNI quand la classe ouvrière et les autres classes étaient dressées les unes contre les autres ?
L’unité belge, à la suite des conflits sociaux, était devenue un point d’interrogation sanglant.
À cette heure encore, où la poussée soviétique se fait plus forte et où la colère du peuple arrive à fleur de peau, l’unité belge est en péril, plus que jamais.
Il n’est pour nous de solidarité des classes dans l’unité belge QUE DANS LA MESURE OU ELLE EST PETRIE DE JUSTICE SOCIALE.

En apportant cette paix au pays, dans le rapprochement fraternel des classes, REX a conscience de sauver l’unité belge au moment où, à bout d’espérance, lassée de trop d’égoïsmes, une partie de la masse ouvrière était prête à toutes les solutions du désespoir…

***

De même que l’incompréhension criminelle des classes dirigeantes a failli briser la cohésion nationale, de même la bêtise du régime en face du drame flamand, a failli vingt fois casser le pays en deux depuis la guerre.
Là aussi, l’unité des politiciens était une caricature d’unité d’un peuple.
Nous avons, en Belgique, cet avantage immense d’être au carrefour de deux magnifiques civilisations : une moitié de notre peuple est baignée par le génie du Nord, l’autre moitié par le génie latin.
Pour les politiciens, abêtis et hagards, sans contact avec leur patrie, il n’y avait d’unité belge que dans la mesure où on faisait de l’âme flamande et de l’âme wallonne un brouet abominable qui donnait des nausées aux Wallons et aux Flamands. Quand ils avaient bien tripatouillé le génie de chacun des deux peuples, malaxé les langues, les coutumes, les vertus, quand tout cela était devenu « UN » mic-mac affreux, où on ne distinguait plus rien, ces politiciens se frottaient les mains : la patrie était sauvée !

À ce système-là, ils étaient arrivés à exaspérer absolument tous les citoyens qui croient encore que l’unité n’est pas possible dans le gâchis et la contradiction, mais bien dans l’exaltation des âmes et la grandeur. Comment voulait-on qu’il en fût autrement ?
Les Flamands, voyant fouler aux pieds la Flandre profonde, son passé, ses droits, l’avenir spirituel de leur peuple, en étaient venus à mépriser et haïr une unité qui ne s’inscrivait que dans l’abaissement.
Cette unité artificielle, dans la médiocrité et le nihilisme, était un crime contre le bon sens et contre la justice.
À persévérer dans cette voie misérable, on arrivait implacablement à l’exaspération du peuple flamand et – tôt ou tard aussi – du peuple wallon, profondément blessés tous les deux dans leur dignité la plus élémentaire.


***

REX a eu le courage de rompre avec ce passé. Il a rejeté cette unité de commande et y a substitué une unité de granit, basée, elle, sur l’épanouissement des deux grandes civilisations de la patrie.
REX est venu dire aux Wallons et aux Flamands : respectez-vous les uns et les autres ; que la Flandre et la Wallonie, libres et fortes, puissent retrouver, chacune, leur ferveur culturelle, leurs traditions, leurs vertus, leur âme, se sentir dotées de droits absolument égaux.
Ce n’est que dans la mesure où la Wallonie sera grande et où la Flandre sera grande que la Belgique, à son tour, le sera, aura un sens et remplira sa mission civilisatrice.
C’est par le haut, dans l’exaltation de ce que Wallons et Flamands ont de meilleur, que doit se réaliser notre unité nationale.


***

Logique avec ces principes, REX poursuivra avec acharnement cette œuvre de bustitution d’une unité digne et réelle, vraiment humaine, à ce simulacre d’unité qui cachait mal des dissensions mortelles.
Dans le domaine social, REX, par un ensemble de réformes matérielles et morales, très audacieuses, rétablira l’unité du pays par la réconciliation des classes.

Dans le domaine appelé étroitement « linguistique » REX basera son régime :

- sur l’épanouissement absolument libre de chacune des deux cultures ;
- sur l’égalité de droits absolue des Flamands et des Wallons ;
- sur une très large décentralisation politique du pays, exactement dans la ligne de nos traditions historiques d’ailleurs.

Nous marcherons dans ce sens-là, avec toute l’audace nécessaire.
Nous projetons notamment, sous l’impulsion d’un pouvoir fort et populaire : 
- un renforcement très large de l’autorité provinciale, particulièrement dans le domaine scolaire ;
- la création d’organismes politiques nouveaux destinés à favoriser l’épanouissement naturel de chacune des communautés linguistiques ; 
- le dédoublement – QUI SERAIT LE BON SENS MEME – de certains ministères, tel, par exemple, le ministère de l’Instruction Publique.

Nous irons dans le domaine politique et même économique et social AUSSI LOIN QU’IL LE FAUDRA POUR QUE TOUS LES CITOYENS SENTENT VRAIMENT QUE L’UNITE DE LA BELGIQUE EST BASEE ESSENTIELLEMENT SUR L’EGALITE DE LEURS DROITS, SUR LE RESPECT DE LEUR PERSONNALITE, SUR LA LIBERTE ET SUR LA JUSTICE.

Que les esprits bornés pestent et s’indignent.
Leur incurie tuait le pays.
Notre clairvoyance le sauvera et le grandira.
REX sera le ciment du pays nouveau.

(Le Pays réel, 5 octobre 1936)


***


Flamands et Wallons réconciliés grâce à « Rex »
par Léon Degrelle



Les milieux politiques sont pris d’une panique fort pittoresque depuis qu’ils se sont aperçus que REX était en train de sauver le pays d’une guerre fratricide en réconciliant à jamais les Flamands et les Wallons.
Il est inimaginable de voir comment pour certains esprits tel que M. Charles Bernard, de la « Nation Belge », toute tentative dans ce sens-là prend aussitôt des allures criminelles.
Ça ne vous suffit pas, tenons-nous à leur dire, que pendant vingt ans, les Belges de langue flamande et de langue française se soient empoignés comme des charretiers, pour les seuls beaux yeux des politiciens profiteurs ?
L’unité belge était-elle sauve au milieu de ces conflits affreux, de ces persécutions officielles ou larvées, parmi quatre millions de citoyens dressés contre quatre millions d’autres citoyens ?
Quand tout le monde se chamaillait et se détestait, étiez-vous si sûrs que cela de l’unité de la patrie
Ces années-là, où on se battait à propos de tout, à propos de religion, à propos de lois sociales, à propos de statut linguistiques, sont pour nous des années innommables, qui nous donnent des haut-le-cœur, les plus lourdes et les plus viles de notre histoire.

Nous ne voulons plus, nous Rexistes, nous battre entre catholiques et incroyants, entre ouvriers et bourgeois, entre Flamands et Wallons.
À tous les Belges, nous avons rapporté le respect des consciences, le sens social et une notion clairvoyante des forces de la Belgique, basées sur l’épanouissement sans entraves stupides, de deux magnifiques civilisations.


***

Il faut être bouché comme un tuyau gelé pour ne point voir tout ce qu’il y eut d’odieux dans l’incompréhension réciproque, dans le régime des partis, des Flamands et des Wallons.
C’était, entre eux tous, un mur de béton.
Ce mur, nous sommes en train de le crever à coups de bélier, pour qu’entre la Wallonie et la Flandre existent désormais des contacts puissants et, demain, de vives et loyales affections.
Tout cela, évidemment, pour les politiciens et les journalistes en chambre, était, est et sera toujours de l’utopie !
Pour eux, il fallait continuer comme hier à se brimer, à se haïr, à mener la guerre à coups d’épingles, à se chicaner grotesquement, à s’exploiter puis à se venger, quitte à créer enfin un état d’esprit de méfiance et de haine tel qu’enfin tout eût sauté, la Monarchie et le Pays.
Si les politiciens et les journalistes au cerveau en classeurs avaient pu poursuivre leurs méfaits, ces bonshommes-là eussent assassiné la Belgique.

Ils font, à cette heure, devant la réconciliation rexiste, des grimaces de narreux.

Nous empoignons leurs moustaches mouillées et nous leur disons : « Pas de tout cela ! Vos bagarres d’intellectuels stérilisés n’entraîneront plus personne. Le peuple est à nous, nous l’éclairerons, nous lui apprendront, qu’il soit Wallon ou Flamand, à baser le régime nouveau sur le bon sens, la compréhension, le respect et la justice. Là aussi, l’audace rexiste nettoiera en quelques moins les terrains infestés de fondrières. Restez le nez dedans, si vous le voulez, journalistes et politiciens. Mais alors, vous serez nivelés avec elles… »
***

Qu’on ne s’imagine pas surtout que nous solutions linguistiques ne passeront pas.
TOUTES NOS SOLUTIONS, QU’ON LE SACHE BIEN, PASSERONT.
Elles passeront parce qu’elles sont justes, parce qu’il est normal et digne que Flamands et Wallons soient traités selon leur personnalité et leurs vertus propres, parce qu’au lieu d’affaiblir la Belgique, la décentralisation rexiste la SAUVERA de la mort et lui permettra, en outre, de redevenir une grande nation dans l’épanouissement d’un pays retourné enfin à ses vraies sources.
Le peuple belge sent intensément que nos positions sont des positions équitables et humaines.
On l’a vu à Liège ce dimanche 4 octobre où vingt-cinq mille Rexistes wallons acclamaient le Flamand de Mont.
On le verra à Anvers, ce vendredi 9 octobre, où vingt-cinq mille Rexistes flamands accueilleront le Wallon Degrelle.

Tout le pays pense comme nous.

Il n’y a plus que les politiciens, en chasse de querelles à exploiter, et que les journalistes, en chasse de copie à pondre, pour berdeller et jouer aux super-patriotes, alors que leur aveuglement ou leur cynisme allait poignarder la Belgique.
Le pays nous soutiendra dans cette lutte sainte pour la réconciliation de la nation.
Il ne s’agit pas de rouler l’autre ou d’être roulé par lui. Il s’agit pour tous, Wallons et Flamands, de vivre enfin, réconciliés, sur un sol commun.
À l’heure où tout était perdu, REX va tout sauver et réaliser des rapprochements qui à tous paraissaient impossibles.

Nous sauverons le pays du communisme.
Nous sauverons le pays du fratricide combat flamand-wallon.
Ah ! le travail, demain, sera beau !
À nous le pouvoir !
Et vivement qu’on nous voie à l’œuvre !

(Le Pays réel, 9 octobre 1936)

jeudi 28 juillet 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand : les accords Rex-VNV de 1936


I. Rex et le « Vlaamsch Nationaal Verbond »
Premier jalon du front antimarxiste


Le pays vient d’apprendre avec une joie immense le prodigieux événement qui vient de s’accomplir dans notre vie nationale.
Il fallait l’audace de REX, il fallait la prodigieuse volonté de Léon Degrelle pour provoquer cet événement qui est certainement le plus considérable depuis 1830.
Ce que jamais aucun politicien n’a pu réaliser au cours d’un siècle : la réconciliation de tous les Belges, Flamands et Wallons, dans un même idéal, Léon Degrelle l’a réalisée.
Il a fallu l’âme rexiste, la discipline rexiste, l’immense bonne volonté rexiste pour arriver avec une aussi foudroyant rapidité, à ce résultat dont on ne pourrait exagérer l’importance.

Tous les vrais patriotes exulteront de joie en apprenant que, dès aujourd’hui, la patrie commune est sauvée.
Tous les vrais patriotes sentiront au fond d’eux-mêmes l’intense, l’immense soulagement de cette lourde inquiétude qui, depuis des années et des années, assombrissait l’avenir du pays.
Ces malentendus étaient bien plus profonds que ne le laissait paraître la presse officielle. Aujourd’hui, brusquement, tout est dissipé. Aujourd’hui, nous assistons à la fervent réconciliation de deux communautés qui, se connaissant mieux et se respectant davantage, pourront davantage s’aimer.
Dorénavant, l’Etat belge ne sera plus une fiction internationale, mais une réalité bien vivante et bien populaire où, dans les communes frontières, Flamands et Wallons pourront construire un avenir plus pur, fait de fierté, de conquête et de grandeur.

REX a déjà fait des miracles.

Voilà le dernier miracle de REX, le plus grand, le plus beau.
Jailli des profondeurs de l’âme populaire, le mouvement rexiste portait en lui de telles promesses.
L’idéal national qu’il a proposé aux foules de chez nous – flamandes et wallonnes – était si noble, si pur, que chacun a senti, comme l’écrivait très bien le Schelde du 8 octobre, que « la politique de partis a été notre malheur. La politicaille a troublé tout ce qui était clair et simple. Pourquoi ne pourrait-il pas arriver, tandis que les partis s’embourbent dans le marécage de leurs intrigues que, sous l’impulsion d’un homme comme Degrelle, surgisse, tant au point de vue social que politique, une patrie nouvelle ? »
Rendons hommage aux hommes, leaders du mouvement national flamand, qui, en dehors des vieux partis, n’agissaient ni par intérêt, ni par haine, mais simplement par amour pour leur peuple et qui ont compris les magnifiques perspectives qu’ouvrait pour la grandeur de la patrie commune l’idéal rexiste. Ils ont ainsi donné une leçon à beaucoup…
Léon Degrelle avait tenu à faire sanctionner par avance par le peuple wallon les bases sur lesquelles devait se bâtir la réconciliation de la Flandre et de la Wallonie.
À Liège, devant 25.000 hommes, 25.000 Wallons liégeois qui l’acclamèrent, Paul de Mont proclama la nouvelle charte de nos deux grandes communautés populaires.
Dans son article « L’Unité nationale », Léon Degrelle a fixé lui-même ces bases fondamentales du régime nouveau. Cet article gardera l’importance d’un événement historique.


REX
(Le Pays réel, 10 octobre 1936)

mercredi 27 juillet 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand.



III. La question flamande
Pour en finir avec la politique de l'autruche


Tandis que dans le pays la question flamande reste un sphinx, sur lequel sont tenus les propos les plus incohérents et les plus véhéments, Louvain a repris son aspect paisible. On ne se bat plus. On ne s'injurie plus. Au contraire: des brochures paraissent coup sur coup, venant des groupes extrêmes; des discussions s'amorcent, des réunions se prolongent... A prendre contact on s'aperçoit, comme tant de Belges auraient pu le faire plus tôt, qu'il existe bien des points communs, qu'un chambardement n'est pas nécessaire, qu'une compréhension cordiale peut arranger bien des choses.
Déjà, des points de rapprochement s'établissent et laissent entrevoir un accord. Ce sera la fierté de L'Avant-Garde d'avoir favorisé un débat aussi nécessaire.


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Les Flamands d'expression française avaient déjà précisé leurs positions.
Il nous restait à connaître les revendications, et même les menaces des étudiants flamingants.
– « Ils ne répondront rien », nous disaient les uns...
– « Ils vous casseront la gueule », précisaient les autres.
Nos gueules se portent bien, et les Flamands ont répondu.
Ils ont compris que si nous écrivions certaines bêtises, du moins nous avions le désir absolu d'examiner le bien-fondé de leurs griefs et, le cas échéant, d'unir nos forces aux leurs, pour obtenir la reconnaissance de leurs droits, collaborer à l'épanouissement de leur culture et à la renaissance de leur race.
Au débat engagé par nos soins, nous voulions donner le plus de largeur possible. C'est pour cela que nous avons publié La Confession d'un Flamingant, d'Alphonse Vranckx.
Le malaise provient de l'ignorance où nous sommes des griefs de nos prétendus adversaires, de leurs aspirations et des théories qui sont à leur base. Laissons les Flamands vider leur sac. C'est le seul moyen de savoir quelles sont les bombes qu'il contient.

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Bien souvent, on a parlé du vague des revendications flamandes. Dernièrement encore, M. Charles d'Ydewalle écrivait à ce propos dans la Nation Belge un excellent article qui contraste singulièrement avec les fanfaronnades antérieures de ce journal.
Il y a certainement une forte dose de romantisme dans les déclarations des flamingants. Ils s'imaginent trop vite qu'ils sont des martyrs. Ils ont, quand ils parlent ou écrivent, des attitudes d'opprimés perpétuels.
Il ne faut point cependant s'imaginer que tout chez eux est romantisme. Les grandes lignes de leurs revendications sont nettes. Ils savent ce qu'ils veulent. La brochure de Vranckx en fait foi.
Ils veulent avant tout, comme ils le disent, vivre selon leur personnalité, selon leur culture. Le peuple hollandais, à côté d'eux, est parvenu à s'épanouir avec les mêmes éléments de civilisation. Comme l'explique notre ami Luc Scholler dans la Cité Chrétienne:
« La culture flamande a toutes les qualités qu'il faut pour élever un peuple à une vie plus noble et plus belle, pour le civiliser.
Il ne serait pas raisonnable de tirer prétexte de l'état actuel des choses pour mettre en doute la valeur, les ressources de la culture flamande. Il faudrait établir au préalable que rien n'empêche ses progrès, que rien ne s'oppose à son épanouissement. La question flamande n'existerait pas, en effet, si la culture flamande avait toujours disposé des moyens qui lui sont indispensables pour remplir avec quelque chance de succès sa mission civilisatrice.
Il ne s'agit pas de savoir non plus si la valeur absolue d'une autre culture passe celle de la culture flamande. La question est de savoir quelle est la culture qui puisse contribuer le plus efficacement à une ascension, à un développement rapides, aisés, harmonieux du peuple flamand. »

A
joutez aux préoccupations culturelles les préoccupations sociales: confinée dans sa culture française, l'élite flamande a trop souvent approfondi le fossé qui la séparait du peuple.

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Nous en arrivons ainsi au nœud du problème, de tout le problème: la question de l'enseignement.
Car tout découle de là.
Tous les domaines: la vie publique, administrative, judiciaire, économique, commerciale et culturelle, échappaient à l'ambiance proprement flamande.
L'élite ainsi séparée du peuple, par une langue qui lui est étrangère n'est pas à même de remplir sa mission sociale: contribuer à l'élévation de la masse au milieu de laquelle elle vit. Certes les rapports personnels entre cette élite et le peuple différent peu de ce qu'ils sont en Wallonie. Le mal réside plutôt dans ce fait que l'accession du peuple flamand à une vie supérieure n'est possible que par le truchement d'une langue qui ne correspond pas à son génie et à son originalité.
Le but est donc clair: obtenir un enseignement flamand qui assure une culture intégralement flamande, du haut en bas de l'échelle sociale, en pays flamand.
Mais le moyen ?
Vranckx prône les solutions radicales: l'intervention de la loi afin que tout l'enseignement officiel et libre subsidié par les pouvoirs publics soit donné en flamand.
En principe, pareille revendication est soutenable. Faisons remarquer cependant que dans le domaine des réalisations, si elle n'est pas adroitement et progressivement engagée, de violentes résistances, tant de la part des éléments wallons et bruxellois que de la part d'une minorité respectable de Flamands d'expression française risqueront d’en compromettre l'aboutissement.

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Un grand apaisement est nécessaire pour régler une question aussi irritante. Cet apaisement, ce n'est pas au Parlement qu'il est possible de l'obtenir, mais bien dans la sphère plus restreinte, plus proche des réalités des Conseils Provinciaux et Communaux. Là, les frictions entre Flamands et Wallons seraient totalement écartées au plus grand bénéfice de la concorde nationale. Les Flamands pourraient donc ainsi, décider librement, entre eux et pour eux, du régime linguistique des populations de leur ressort.
Une loi constitutionnelle si possible, ou du moins organique:
1) confierait aux Conseils communaux le soin de décider du régime linguistique applicable dans les écoles primaires, officielles ou libres subsidiées par les pouvoirs publics;
2) Les Conseils Provinciaux auraient la même compétence en ce qui concerne les écoles moyennes, collèges et athénées.
3) Un régime particulier devrait être élaboré pour l'agglomération bruxelloise.
4) Quant aux université, Gand serait totalement flamandisé. Louvain, poursuivant la voie où Mgr Ladeuze s'est engagé serait dédoublé intégralement et progressivement.
Ces réformes en matière scolaire sont les seules possibles actuellement. Quand elles auront été édictées, puis réalisées pendant un certain nombre d'années, et qu'une nombreuse élite flamande d’expression flamande se sera constituée, alors, mais alors seulement, on pourra envisager des réformes plus profondes dans tous les domaines de la vie publique, et notamment en matière judiciaire. Alors seulement, une évolution dans le sens de la flamandisation pourra se faire dans les domaines économiques, culturels et sociaux.

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Il est ridicule de prétendre que la langue française soit le ciment de la nationalité belge, qu'elle supprimée, le bâtiment s'écroule.
Historiquement cet argument est faux, car le bloc des neuf provinces des Pays-Bas du Sud a su vivre pendant quatre siècles sans que la vie publique et sociale en Flandre fût francisée, autant qu'elle l'était au siècle passé.
Sur le terrain économique, l'enchevêtrement des intérêts est tel qu'une barrière douanière est inimaginable et ridicule entre Flandre et Wallonie, entre Anvers, Bruxelles, Liège et Charleroi.
En réalité, ce sont des raisons d'ordre économique, politique, diplomatique, religieux, historique et traditionnel, qui sont le fondement de notre unité nationale.
Toutefois, dans l'intérêt même des Flamands, certains correctifs à une flamandisation complète de l'enseignement sont d'une nécessité absolue: notamment le renforcement de l'étude du français comme langue secondaire.
Constamment en rapport dans leurs relations commerciales avec les Wallons, les Flamands seraient handicapés s'ils ignoraient la langue qui peut le plus efficacement favoriser leurs propres intérêts. Inversement d'ailleurs, une connaissance plus approfondie de la langue flamande viendrait bien à point aux Wallons.
En outre la langue française est d'intérêt mondial: les flamingants intelligents sont les premiers à le reconnaître.

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Dans un remarquable article paru dans la Revue Catholique des Idées et des Faits, M. Rubbens affirmait récemment qu'en Flandre, « L'homme dans la rue ne se sent pas opprimé ».
Le mouvement flamand a pour fondement le désir d'une élite d'élever le peuple flamand dans sa voie propre. Le souci de ces responsabilités devrait interdire aux jeunes flamingants qui ont la louable ambition d'être des chefs, à recourir à certains arguments, de mettre sans cesse en épingle des petits faits qui, sans importance réelle, n'ont d'autres fruits que d'exciter maladroitement des passions dangereuses.


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Elevons plutôt le débat. Mettons-y beaucoup de loyauté et de noblesse.
Camarades Flamands ! devant l'effort que nous avons fait pour comprendre les aspirations de votre peuple qui est aussi le nôtre, et pour édifier un programme qui n'est pas une concession ni une aumône, mais au contraire le fruit de méditations sereines, cessez désormais de renier votre nom belge, de huer notre chant national, de défier une Patrie qui vous est nécessaire et dans laquelle peuvent si bien se réaliser vos aspirations et les nôtres.
Et quant à vous, Camarades Wallons, ne vous contentez pas de commenter ces déclarations au coin d'une table de café... Pour certains d'entre vous, ces propos pourront paraître étranges. Nous avons cru pouvoir parler clairement, parce que dans un débat aussi important, toute équivoque doit être bannie. Avant de nous attaquer, pensez que pour assurer l'unité, la grandeur de notre Pays, il faut avoir le courage d'envisager avec une audacieuse prudence des solutions nouvelles.
Elles éviteront peut-être au Pays, des convulsions fatales.

Léon DEGRELLE.
(L’Avant-Garde, 1928)

dimanche 17 juillet 2016

Léon Degrelle et le nationalisme flamand.



II. L'Avant-Garde: Confession d'un Flamingant.

Les éditions de L’Avant-Garde étant une tribune libre, nous nous faisons un plaisir tout particulier de publier ce travail d’un camarade flamand. Bien que les théories qui y sont exposées diffèrent en plusieurs point de celles qu’on nous connaît.

Les lecteurs y verront le témoignage de notre sincère désir d’entente.





L’AVANT-GARDE
Confession d’un Flamingant



AVANT-PROPOS

Le jeune député Alfons Vranckx (31 ans) s’adresse aux syndiqués 
socialistes de la Centrale générale des Travailleurs du Bâtiment, 
de l’Ameublement et des Industries diverses (1938).

J’admire la sereine impartialité d’« outsider » que respire la petite brochure de Léon Degrelle. Car entre camarade, ce n’est pas tellement l’infaillibilité de la pensée qui importe, mais le ton sur lequel elle a été exposée.

Je suis persuadé, en outre, que Degrelle est animé du sincère désir de voir une conciliation entre Flamands et Wallons. Malgré tout, cela ne saurait nous être indifférent. Une défaillance exagérée à l’égard de ce désir serait de la faiblesse.

Je comprends aussi qu’un silence obstiné de notre part nous fait considérer comme rébarbatif à toute réconciliation. Il n’en est rien cependant. Le fait que je vous écris en français suffit pour prouver le contraire. Mais ce que nous repoussons, c'est tout compromis.

Car permettre qu'on touche à notre programme, équivaut à l'abandonner.

Léon Degrelle –comme presque tous les Wallons d'ailleurs– n'a pas très bien compris le mouvement flamand. Ses illusions dominent ses doutes; son esprit est emprisonné dans des opinions erronées. Mais je comprends qu'il lui serait impossible de se débarrasser de la « tyrannie » de ses journaux, qui souvent débitent des mensonges - par ignorance, aveuglément ou mauvaise foi ? - des mensonges qui flattent les passions... Et les hommes conviennent facilement de désigner ces mensonges sous le nom de « Vérité » car toujours, on considère volontiers comme juste et beau ce qui caresse le cœur, et... « le cœur a des raisons, que la raison ne connaît pas… »

Je ne m'indigne donc point, que Léon Degrelle s'étonne de ce que les Flamands « font toujours la grosse voix et se fâchent… C'est cependant bien simple, Degrelle. Vous êtes comme ces gens qui voudraient laisser se consumer une maison par l'incendie, et qui s'étonnent de ce qu'il en sorte de la fumée !

C'est une mauvaise tactique, qui doit finir au détriment de la Belgique. Employez plutôt vos forces à éteindre directement l'incendie; la fumée disparaîtra en même temps...

C'est pour vous faire rendre enfin un peu plus de justice à notre cause, que je vous écris cette dissertation en une langue, qui gêne la liberté de mon esprit et l'expression exacte de ma pensée.



NOTRE BUT

« Claes est ton courage, noble peuple de Flandre, Soetkin est ta mère vaillante, Uylenspiegel est ton esprit, une mignonne et gente fillette, compagne d'Uylenspiegel et comme lui, immortelle, sera ton cœur… »
Charles De Coster



LUTTE

Il y a dans l'homme quelque chose d'incompréhensible, d'indéfini, qui, souvent, la pousse à agir à l'encontre de ses principes les plus chers.

Ce quelque chose d'inexprimable, je le rencontre partout. Il plane au-dessus des foules qui se pressent derrière le symbole d'un idéal, sans en comprendre la vraie signification, sans se rendre compte de la portée de leurs manifestations; je le trouve plus encore dans les colonnes des journaux, où souvent l'on ne sent qu'un instinct de lutte et de passion; je le lis surtout sur les visages arrogants et obstinés de gens, qui se targuent de pouvoir parler avec un « sans-gêne » déconcertant de choses, qu'ils ne comprennent pas, ou dont ils n'ont que des notions superficielles.

C'est là l'élément décisif d'une lutte: mélange de passion, d’égoïsme déguisé, de préjugés et d'ignorance.

Non seulement on perd souvent de vue son propre but final, mais on confond chez l'adversaire les principes et les abus.

Forcément on devient incapable de juger les choses avec équité... Il est de notre devoir de faire un effort sur nous-mêmes, d’imposer silence à notre esprit trop individualiste, de combattre nos propres préjugés, pour rompre enfin avec la tradition de gens médiocres, qui vivent de leur petitesse...



INFLUENCE FRANCAISE

Léon Degrelle s'étonne de ce que nous voulions boycotter la culture française, de ce que nous voulions en « effacer » toute trace de Flandre… Il s'indigne que nous voulions « à tout prix tuer, à l'école et à l'Université, tout vestige de l'influence intellectuelle de Paris »...

Il s'étonne bien en vain. Car il nous prête des intentions, que nous n'avons nullement.

Boycotter la culture française ! Qui donc y songe ? Nous sommes fervents admirateurs, autant des grands hommes français et de leurs œuvres, que des grands hommes anglais, allemands, italiens, russes !

Mais point ne suffit d'admirer... Nous voulons VIVRE !

Nous voulons, nous aussi, participer aux mouvements intellectuels, qui font vibrer l'humanité; quand le spectacle de la vie aux formes multiples et amples éveille dans notre âme les sensations les plus diverses, nous éprouvons le besoin de traduire notre émotion, non seulement à nous-mêmes, mais aussi aux autres. Et nous savons que cet élan vers l'art, nous savons que cette lueur de beauté, qui s'élèvent dans l'âme, s'éteindront comme des flammes, qui ne trouveraient pas d'atmosphère où elles puissent brûler, si nous n'avions pas à notre disposition un moyen d'expression approprié.

Ce moyen d'expression, c'est la langue. Il faut la posséder dans toutes ses nuances, pour exprimer une pensée dans toute sa puissance, pour traduire une sensation dans toute sa richesse et dans toute sa beauté.

Cette langue riche et correcte, nous la voulons donner à nos frères et à nos sœurs; nous voulons qu'ils sachent l’« employer » qu'ils sachent la manier, parce qu'elle est la première condition, non seulement pour créer ou perfectionner une culture, mais même pour en jouir.

Léon Degrelle a confondu le but et le moyen. Le moyen que nous exigeons, c'est la langue; notre but est d'assurer le développement d'une culture flamande, qui ne serait qu'une partie de la grande culture européenne, mais « qui se développerait sur terre natale ». Et puisque nous voulons participer à la culture européenne, il serait idiot de vouloir bannir de notre contrée tout vestige de la culture française, qui continue à jouer un grand rôle clans la civilisation. Quand nous avons exigé –et nous l'exigeons encore– l'enseignement flamand, depuis l'école primaire jusqu'à 1'université, c'était pour permettre aux Flamands de se développer librement selon les besoins de leur caractère, selon les nécessités de leur « être » afin de donner à leur culture une base plus forte, qui permettrait d'absorber les éléments des cultures étrangères, de façon utile et fructueuse. Mais cela ne veut nullement dire que nous bannirions le français de notre enseignement. Ce que nous voulons, c'est que d'abord l'enfant sache écrire et parler correctement sa langue maternelle, ensuite –et alors seulement– il pourra commencer l'étude de la seconde langue. Les pédagogues les plus qualifiés sont d'accord pour déclarer que, dans ces conditions, l'étude de la seconde langue sera pour l'enfant plus facile et qu'il en aura une connaissance plus correcte.


Avez-vous compris, Dautricourt
(1), pourquoi nous ne voulons pas du programme que vous voulez –à tort !– nous attribuer ? Selon vous, notre raisonnement serait celui-ci:

« Il faut une résurrection de la culture flamande d'expression flamande. Or, à cette résurrection la Belgique une est un obstacle et la culture française en Flandre une pierre d'achoppement ».

Il faut donc toutes deux les balayer... Cela parait bien simple, mais c'est inexact. Nous ne haïssons pas la culture française, et ce n'est pas elle que nous visons. Voici plutôt le raisonnement flamingant:

« Il faut à la Flandre une culture saine et forte. »

Or, pour qu'une vraie culture soit possible, il faut que TOUT le peuple puisse se développer suivant les besoins de son caractère, suivant la nécessité de sa nature, dont la langue est la base et l'image la plus complète.

Ce développement du peuple selon ses besoins est impossible, aussi longtemps qu'on ne respecte pas sa personnalité, aussi longtemps que l'emploi de sa langue maternelle est pour lui une cause d'infériorité dans les rapports publics, dans un Etat où il cohabite avec une autre nation, qui parle une autre langue.

Cette infériorité existe, et c'est elle qui empêche l'épanouissement de la culture flamande.

Donc, nous devons combattre tout régime qui maintient cette infériorité…

Tant que cette situation d'infériorité sera maintenue par un régime d’Etat, on commettra une criante injustice au préjudice de tout un peuple, en attentant à sa personnalité.

Dans ces conditions, toute vraie culture est impossible. Or nous ne voulons pas que la culture flamande soit comme une fleur artificielle, qui sent la poussière; nous voulons, au contraire, qu'elle croisse comme une fleur vivante et forte, qui a ses racines dans ce que la nature et la réalité ont de meilleur et de plus merveilleux.

J'ai voulu –et je crois l'avoir fait– écarter une de ces erreurs funestes par lesquelles nos adversaires multiplient les chances de réaction. Je veux maintenant, aussi objectivement que possible, montrer quels sont nos adversaires et les mobiles qui les font agir, ensuite quelle est notre force.


NOS ADVERSAIRES

S'il y a un obstacle, ce n’est donc nullement la culture française, à moins qu'on ne la confonde avec la culture bruxelloise à la Beulemans, qui fait qu'on perd les qualités d'une nation sans acquérir celles de l'autre, et qui expose aux moqueries du Parisien espiègle et au dédain de tout homme civilisé. Celle-là tue notre culture, sans pouvoir la remplacer.

Quels sont alors nos adversaires ?

D'abord, les journalistes bruxellois, qui continuent à empester l'opinion publique avec une satisfaction qui approche de l'inconscience.

En second lieu, la majorité des Wallons: la plupart ignorent tout du mouvement flamand; d'autres le connaissent, mais le craignent, parce qu'ils n'ont pas le courage de renoncer ou de faire renoncer leur peuple à des privilèges, qui sont autant d'injustices.

Enfin, une partie de la bourgeoisie en Flandre.

Une partie de la bourgeoisie –qui est surtout celle des « affaires »– attache toujours une grande considération à ce qui a grandi (le moyen qui a fait grandir ne l’intéresse guère), à ce qui est devenu un fait. Elle est routinière, ne fait pas d'effort pour discerner la vérité. Elle est surtout pratique. Elle nourrit une haine implacable contre tout ce qui pourrait déranger l'ordre établi, aussi longtemps que celui-ci ne s'oppose pas à ses intérêts matériels.

D'autres bourgeois croient que l'emploi du français est plus distingué, leur donne un certain vernis que le « Vulgus profanum » n'a pas encore. Pour eux, il s'agit d'apprendre à leurs enfants le français aussitôt que possible (surtout beaucoup de français et peu de flamand), condamnant ainsi, par vanité, leurs enfants à la médiocrité.

Si donc une partie de la bourgeoisie s'oppose au mouvement flamand, c'est par un sens pratique mal compris, par ignorance, par routine, par vanité.



NOTRE FORCE

Néanmoins, nous avons la conviction que nous devons triompher dans un bref délai. Rien n'est moins douteux pour un observateur clairvoyant.

Une grande commotion d'intelligence et de vie secoue le peuple flamand depuis la guerre. Les améliorations sociales –journée de huit heures, sécurité de soutien en cas de crise, etc.– ont donné aux jeunes ouvriers et aux petits employés plus de loisir, et aussi plus de sécurité pour réfléchir, pour penser, pour participer à une émancipation culturelle. Le suffrage universel leur a donné la force.

Le temps n'est plus, où quelques rares fervents s'intéressaient à la culture flamande. Autour de nous, nous sentons la vie de l'intelligence qui s'éveille.

L'élite continue son œuvre de vaste rénovation. Elle fait goûter au peuple et aussi à une partie de la bourgeoisie les fruits de la vie intellectuelle, et toutes ces délicatesses merveilleuses du cerveau et du cœur font dans leur esprit comme un bruit d'abeilles, réveillées par le matin. Par un élan prodigieux, par une activité infiniment diverse et ample, ils veulent satisfaire leur nouveau besoin d'idéal. Que de cercles dramatiques, que de cercles de conférences, d'étude et de voyage ! Et nos congrès d'intellectuels ! Et nos théâtres dramatiques et lyriques ! Et tous ces cercles qui sont animés du même désir d'émancipation, proclamant hautement que toutes les langues se valent et que l'emploi du flamand ne peut pas être une cause d'infériorité dans un pays où les Flamands sont la majorité !

Voilà les fruits du mouvement flamand. A cause de lui, l'âme flamande est redevenue libre ! Elle sent de nouveau qu'elle a droit à la justice, à la vérité et à la beauté.


« Est-ce qu'on enterre Uylenspiegel, l'esprit, Nele, le cœur de la mère Flandre ? Elle aussi peut dormir, mais mourir, non !… »

Alfons Vranckx





(1) Joseph-Yves Dautricourt (1907-1987) est un étudiant louvaniste en droit qui répondit également à la brochure de Léon Degrelle : Flandre et Flamands – Aux Wallons (éditions L’Avant-Garde, 1928). Professeur à l’Université Catholique de Louvain, il se signala, à la Libération, par son zèle épurateur en publiant des ouvrages juridiques, tels que La trahison par collaboration avec l'ennemi occupant le territoire national. Etude préparatoire et pratique de la répression, dans le cadre des lois pénales belges, complétées par les arrêtés-lois des 17 décembre 1942 et 6 mai 1944 (Larcier, 1945), L'article 115 du Code pénal et la répression de la collaboration économique (Larcier, 1945), La jurisprudence militaire (Larcier, 1946),…